Il pique en silence, s’invite dans nos jardins, et peut transporter bien plus que de simples démangeaisons. Le moustique tigre (Aedes albopictus), implanté durablement en Nouvelle-Aquitaine, est désormais un vecteur actif de maladies tropicales comme la dengue ou le chikungunya, même sans voyage à l’autre bout du monde.
Un point de situation a été publié le 23 septembre 2025, révélant plusieurs foyers autochtones dans la région, c’est-à-dire des transmissions locales sans lien avec des cas importés. Une première dans certains départements.
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Des cas confirmés de dengue et chikungunya dans plusieurs départements
Selon les données de l’Agence régionale de santé et de Santé publique France Nouvelle-Aquitaine, des cas autochtones ont été confirmés dans :
- La Charente (16)
- La Charente-Maritime (17)
- La Corrèze (19)
- La Dordogne (24)
- La Gironde (33)
Chaque cas repose sur une confirmation biologique (PCR ou sérologie positive) validée par le Centre national de référence des arbovirus. Lorsqu’il s’agit de cas secondaires dans un même foyer, un lien épidémiologique avec le cas initial est établi.
Ces foyers sont activement surveillés. Des opérations de démoustication ciblées ont été déclenchées immédiatement autour des zones d’exposition.
Le moustique tigre est une espèce particulièrement nuisible pour l’homme (source : ARS Nouvelle-Aquitaine).
Une riposte coordonnée sur le terrain
Dès la détection d’un cas, une enquête épidémiologique est lancée. Les agents de l’ARS et de Santé publique France mènent des campagnes de porte-à-porte dans les quartiers concernés, à la recherche de cas secondaires. Ce travail de proximité permet de sensibiliser la population, conseiller sur les gestes à adopter, et prévenir la propagation.
Les opérateurs de démoustication régionaux interviennent sans délai. Deux structures assurent ce rôle en Nouvelle-Aquitaine :
- Le Conseil départemental 17 pour la Charente et la Charente-Maritime
- Altopictus pour les autres départements
Ces interventions consistent à traiter de manière localisée et réglementée les zones à risque, afin de réduire la densité du moustique tigre dans l’environnement immédiat des foyers.
Le moustique tigre, vecteur tenace… et installé
Depuis 2012, le moustique Aedes albopictus progresse dans toute la moitié sud de la France, y compris en zone urbaine. Il est désormais établi dans 71 départements de l’Hexagone.
Capable de transmettre plusieurs arboviroses (dengue, chikungunya, Zika), ce moustique est actif surtout entre mai et novembre, avec des pics d’activité à la fin de l’été. Ses œufs résistent au froid, et sa capacité d’adaptation urbaine en fait un adversaire coriace pour les autorités sanitaires.
Comment se protéger efficacement ?
Les gestes préventifs sont simples, mais doivent être appliqués avec rigueur :
Se protéger individuellement :
- Porter des vêtements couvrants et amples
- Appliquer un répulsif cutané, en particulier le matin et en fin de journée
- Installer des moustiquaires pour les nourrissons et les personnes alitées
- Utiliser un ventilateur (les moustiques ont du mal à voler face au flux d’air)
À éviter : bracelets anti-insectes, ultrasons, huiles essentielles, autocollants gluants. Leur efficacité n’est pas prouvée scientifiquement.
Supprimer les zones de ponte :
- Vider les coupelles de plantes, les gouttières, les seaux, les bâches, une fois par semaine
- Ranger à l’abri tout contenant d’eau (jouets, arrosoirs, pneus…)
- Couvrir les récupérateurs d’eau avec une moustiquaire ou un couvercle étanche
Consulter en cas de symptômes :
Fièvre élevée, douleurs articulaires ou musculaires, fatigue, éruptions cutanées : ces signes doivent inciter à consulter immédiatement un médecin. Surtout après un voyage dans une zone touchée.
Il faut aussi éviter de se faire piquer pendant plusieurs jours après l’apparition des symptômes : le virus peut être transmis à un moustique, qui infectera ensuite d’autres personnes.
Une réponse médicale mobilisée
Les médecins libéraux, hôpitaux et laboratoires de la région sont en alerte. Ils assurent le dépistage des cas suspects, et transmettent les informations nécessaires pour contenir chaque foyer. Cette mobilisation intersectorielle, associant santé publique, collectivités et entreprises spécialisées, permet d’agir rapidement dès qu’un cas est détecté.
Une vigilance à maintenir jusqu’à l’hiver
La période de surveillance renforcée se poursuit jusqu’au 30 novembre 2025. D’ici là, la région pourrait encore enregistrer de nouveaux cas, compte tenu de la circulation active du moustique tigre.
L’ensemble de la population peut agir. En éliminant les eaux stagnantes, en se protégeant des piqûres, en consultant en cas de symptômes, chacun peut contribuer à limiter la diffusion du virus.
La menace n’est pas imaginaire, elle est déjà là. Mais la réponse peut être collective, locale, et efficace.
Sources :
- Santé publique France Nouvelle-Aquitaine, bulletin du 23 septembre 2025
- ARS Nouvelle-Aquitaine
- Centre national de référence des arbovirus
- Observatoire des moustiques Vectopole Sud
Image : Marais de Braud-et-Saint-Louis