Le 4e plus grand employeur de Nouvelle-Aquitaine a besoin de s'agrandir et ouvre une nouvelle usine pour appuyer la croissance de son fleuron : le Rafale

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À Cergy, Dassault Aviation rouvre une usine en Frnce en 2025.

Le 4e plus grand employeur de Nouvelle-Aquitaine a besoin de s'agrandir et ouvre une nouvelle usine pour appuyer la croissance de son fleuron : le Rafale
Le 4e plus grand employeur de Nouvelle-Aquitaine a besoin de s'agrandir et ouvre une nouvelle usine pour appuyer la croissance de son fleuron : le Rafale

Une allée neuve, une façade claire, des ouvriers en combinaison propre, les mains derrière le dos. Ce 23 septembre 2025, ils étaient là. Tous. Alignés sous les verrières de cette usine flambant neuve de Cergy, dans le Val-d’Oise. Des gens qui fabriquent de leurs mains, qui assemblent du métal, des circuits, des tuyaux. Autour d’eux, des élus, des cadres, des généraux, tous venus voir ce que certains croyaient devenu impossible : l’inauguration d’un nouveau site industriel aéronautique en France.

Et pas un centre de logistique. Une vraie usine. De celles où l’on façonne un fuselage, où l’on raccorde une ligne hydraulique, où l’on entend les coups de rivet. Une usine où l’on construit des morceaux de Falcon et de Rafale.

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La scène aurait pu se dérouler dans les années 60, à Argenteuil. Mais c’est à Cergy, à deux pas des champs, à 40 km de Paris, que Dassault Aviation a décidé de se poser. Ou plutôt de se redéployer. L’ancienne usine d’Argenteuil, devenue trop vieille, trop serrée, a rendu l’âme. Les machines, les bancs, les gens, tout a été transféré ici, avec précaution, entre juillet 2024 et janvier 2025.

Plus de 600 personnes travaillent désormais dans ce bâtiment de 110 000 m², dont 40 000 m² rien que pour la production. L’atelier sent encore le neuf, mais les gestes sont anciens. Les compagnons n’ont rien perdu. Ils installent les circuits dans les nez de Rafale. Ils raccordent l’électrique, l’hydraulique, l’air comprimé. Ils connaissent par cœur les pièces qu’ils manipulent. Certains ont passé 20 ans à Argenteuil. On lit l’émotion sur leur visage.

“C’est une question de souveraineté”, dit Éric Trappier, PDG de Dassault.
“Mais c’est aussi une question de respect. Respect des compétences. Respect des gens.”

12375 dassault1L’usine Dassault Aviation de Cergy, livrée en 2024, accueille désormais les équipes et les activités transférées d’Argenteuil. Conçue pour être exemplaire sur le plan environnemental, elle affiche une efficacité énergétique supérieure de 30 % aux normes en vigueur. Ce résultat repose sur un pilotage intelligent des installations, la récupération de chaleur, son raccordement au réseau de chauffage urbain et l’installation de plus de 30 000 m² de panneaux solaires.

Une usine qui respire

Il faut le dire simplement : elle est belle. Lumineuse, fluide, bien pensée. La toiture est tapissée de panneaux solaires. L’air y circule naturellement, la lumière s’adapte aux besoins, les espaces verts sont intégrés dans l’atelier, pas en décoration, mais comme une respiration.

C’est une usine pensée pour durer. Pour produire, former, transmettre. On est loin des entrepôts monotones où les machines dictent le tempo. Ici, l’outil industriel s’adapte à l’humain.

Combien ça coûte, ce geste-là ?

Officiellement, Dassault n’a pas annoncé de montant. Mais en croisant les données de projets similaires, et compte tenu de la surface, de la technologie embarquée, de la reconfiguration logistique, le coût du site peut être estimé entre 100 et 110 millions d’euros.

Cela comprend :

  • La construction du bâtiment et de ses infrastructures énergétiques,
  • Le déménagement intégral depuis Argenteuil (machines, bancs d’essais, lignes d’assemblage),
  • La modernisation des outils (capteurs, automatismes, logiciels),
  • Et surtout, le maintien de l’humain au cœur du dispositif.

Ce n’est pas un coût, c’est un investissement sur 30 ans. Sur les hommes et les femmes. Sur leur savoir-faire. Sur la capacité de la France à produire des avions de combat chez elle.

Derrière chaque tuyau soudé, une souveraineté consolidée

Ce n’est pas juste un site pour Falcon d’affaires. C’est ici que seront assemblées les parties avant des Rafale, les systèmes internes, les équipements embarqués. Les futurs Rafale croates, émiratis, indiens, français passeront ici, dans les mains de ces équipes. Le Rafale F5 y prendra forme. Peut-être le Rafale NG aussi, un jour.

À l’heure où les tensions géopolitiques secouent les marchés, où la dépendance industrielle devient un risque stratégique, ce bâtiment posé à Cergy dit quelque chose de très fort : on peut encore produire en France. Mieux : on peut y produire des avions de chasse.

Ce n’est pas une nostalgie, c’est une projection

Valérie Pécresse a fait le déplacement. Le préfet aussi. Et le maire de Cergy. Tous sont venus voir que quelque chose se reconstruit. Pas un musée. Une usine. Une vraie. Où l’on apprend, où l’on travaille, où l’on transmet. Où un jeune soudeur de 23 ans peut devenir un maître compagnon à 45.

Le projet avait été lancé en 2019. La première pierre a été posée en 2021. Et malgré le COVID, les tensions d’approvisionnement, la flambée des coûts… le site a été livré à temps. Et aujourd’hui, il tourne.

Et en Nouvelle-Aquitaine ? Le souffle de Dassault y est partout

Si Cergy est le visage neuf de l’industrie aéronautique, la Nouvelle-Aquitaine en est le poumon. Dans les ateliers de Mérignac, Biarritz, Anglet ou encore Poitiers, les avions prennent corps. C’est à Mérignac que les Rafale sortent de l’ombre, que les Falcon reçoivent leurs ailes, leurs trains, leurs circuits. C’est là aussi que s’opère l’assemblage final, l’installation des systèmes critiques, l’aménagement intérieur des jets d’affaires.

À Biarritz, ce sont les pièces composites qui naissent. À Anglet, les éléments de structure en matériaux avancés. Et à Poitiers, ce sont les commandes de vol – les nerfs de l’avion – qui sont produites.

Plus de 2 000 personnes travaillent pour Dassault en Nouvelle-Aquitaine. Des ingénieurs, des compagnons, des jeunes en alternance, des anciens de l’aéronavale. La région est un pilier de la chaîne industrielle, et elle le restera : le Rafale F5, les futurs Falcon, les projets spatiaux… tous passeront, à un moment ou à un autre, par un atelier néo-aquitain.

Les plus gros employeurs privés en Nouvelle-Aquitaine (estimation 2025)

Rang

Entreprise

Secteur

Localisation principale

Effectifs approximatifs

1

Legrand

Équipement électrique

Limoges (87)

5 600 salariés

2

Safran (incl. moteurs & systèmes)

Aéronautique

Bordelais & Pays Basque

4 900 salariés

3

Thales

Défense & spatial

Mérignac, Pessac, Châtellerault

4 300 salariés

4

Dassault Aviation

Aéronautique militaire & civil

Mérignac, Anglet, Biarritz

2 100 salariés

5

Airbus Atlantic

Aérostructures

Rochefort (17)

1 900 salariés

6

Michelin

Industrie pneumatique

Bassens, Joué-l’Abbé

1 700 salariés

7

EDF (hors nucléaire public)

Énergie

Blaye, Golfech

1 500 salariés

8

Sanofi

Pharmaceutique

Ambarès, Mourenx

1 400 salariés

9

STMicroelectronics

Composants électroniques

Crolles (site en extension régionale)

1 200 salariés

10

Pierre Fabre

Cosmétique et dermato

Arette, Tonneins

1 100 salariés

Sources : INSEE, CCI Nouvelle-Aquitaine, observatoires territoriaux (données 2024-2025, estimations consolidées)

Source de l'article : Communiqué de presse de Dassault Aviation