À Laruscade, au nord de la Gironde, une décision administrative vient de faire basculer un projet longtemps resté sur plans dans le champ du possible. La publication de l’arrêté préfectoral autorisant le site industriel de FLYING WHALES marque la fin de plus de quatre années de travail collectif. Quatre années de dossiers, d’allers-retours techniques, d’enquêtes publiques et de négociations patientes.
Ce feu vert n’arrive pas par surprise. Il s’inscrit dans la continuité de l’avis favorable rendu par les commissaires enquêteurs, qui ont reconnu le projet comme d’intérêt général majeur, tant pour ses retombées économiques que pour la rigueur de ses mesures environnementales. Une validation rare pour un site industriel de cette ampleur.
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Laruscade, future capitale mondiale du zeppelin ?
Les Zeppelins sont des dirigeables rigides allemands nés à la fin du XIXᵉ siècle, qui ont connu un essor spectaculaire avant et pendant la Première Guerre mondiale, puis un âge d’or dans l’aviation civile avec des liaisons intercontinentales.
Utilisés comme bombardiers et éclaireurs durant la guerre, ils montrent vite leurs limites militaires, avant de devenir des symboles du transport aérien de luxe dans les années 1920 et 1930.
La catastrophe du Hindenburg en 1937, suivie de la Seconde Guerre mondiale, met fin à leur exploitation commerciale. Depuis les années 90, pluieurs tentatives ont été faites pour les remettre au goût du jour, malheureusement jusqu'ici en pure perte.
Le projet de FLYING WHALES semble porter les meilleurs espoirs de revoir un jour ces géants des airs voler de nouveau.
Une grande avancée pour l'usine de Laruscade
Dès 2019, un travail fin est engagé avec la Communauté de communes Latitude Nord Gironde, la Région Nouvelle-Aquitaine et les services de l’État. L’objectif est clair : identifier l’implantation la moins sensible en matière de biodiversité, tout en restant compatible avec un projet industriel de rang mondial.
Les études environnementales, les inventaires faune-flore et les mesures compensatoires ont façonné un dossier jugé suffisamment robuste par l’administration. Ce n’est pas un blanc-seing. C’est l’acceptation d’un compromis encadré, surveillé, documenté.
Une usine atypique pour un aéronef hors norme
Le projet industriel de Laruscade est destiné à l’assemblage de dirigeables rigides de grande capacité, capables de transporter des charges lourdes sans infrastructure au sol.
Ces dirigeables longs de plus de 150 mètres, sont conçus pour déplacer des marchandises là où les routes, les rails ou les ports n’existent pas. Forêts enclavées, zones montagneuses, sites industriels isolés. Le principe repose sur un transport aérien lent, précis, et à faible empreinte carbone par tonne transportée.
L’usine prévue à Laruscade est donc à l’image de l’objet qu’elle doit produire. Spacieuse, haute, pensée pour des volumes rarement rencontrés dans l’aéronautique civile traditionnelle.
300 emplois directs et un effet d’entraînement local
L’un des éléments clés retenus par l’État concerne l’impact économique local. Le site doit générer 300 emplois directs, auxquels s’ajouteront des emplois indirects dans la sous-traitance, la logistique, la maintenance et les services.
2026, le passage du papier au terrain
L’arrêté préfectoral n’est pas la dernière étape. Les autorisations relevant du code de l’urbanisme doivent encore être délivrées. Leur obtention ouvrira la voie aux premiers travaux en 2026.
À partir de là, le projet quittera définitivement le monde des maquettes et des réunions techniques pour entrer dans celui du béton, de l’acier et des structures géantes. Laruscade deviendrait alors le point d'un renouveau industriel, à la fois pour la région mais aussi pour le zeppelin qui pourrait encore avoir de beaux jours devant lui !
Des projets comparables, rares et encore expérimentaux à l’échelle mondiale
FLYING WHALES n’est pas totalement seul sur le créneau des dirigeables géants, même s’il fait partie d’un club extrêmement restreint. Aux États-Unis, Lockheed Martin a développé le programme LMH-1, un dirigeable hybride destiné au transport de charges lourdes vers des zones isolées, notamment pour l’exploitation minière et les communautés nordiques. En Europe, le britannique Hybrid Air Vehicles travaille sur l’Airlander, davantage orienté vers le transport de passagers et la surveillance, avec une logique environnementale proche mais des usages différents.
En Russie et en Chine, plusieurs projets de dirigeables cargo ont été annoncés ces dernières années, souvent à l’état de prototypes ou de démonstrateurs, sans industrialisation à grande échelle confirmée. Ce qui distingue FLYING WHALES, c’est précisément ce passage assumé vers une usine dédiée, une production en série et une application industrielle directe, là où beaucoup de programmes restent encore cantonnés à la recherche, aux essais ou à des marchés très spécialisés.
Taille du marché mondial des dirigeables et des aéronefs hybrides
Le marché des dirigeables et des aéronefs hybrides dédiés au transport de marchandises est encore modeste aujourd’hui mais en forte croissance. En 2024, la valeur mondiale du marché des aéronefs hybrides (dirigeables hybrides) a été estimée à environ 1,14 milliard de dollars, avec une progression annuelle robuste attendue jusqu’en 2033.
Sur cette période, certaines projections indiquent une croissance moyenne d’environ 14 % par an, portant la valeur du segment à 3,54 milliards de dollars à la fin de la décennie.
Sources :
- Communiqué de presse de FLYING WHALES du 12 décembre 2025
- Growth Market Reports, Hybrid Airship Cargo Market Research Report 2033
