La Bretagne refuse de laisser disparaître cet animal emblématique de ses côtes grâce un ambitieux programme de préservation

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L’Huîtrier pie, un oiseau noir et blanc qui refuse de disparaître.

La Bretagne refuse de laisser disparaître cet animal emblématique qui a bien failli disparaitre de ses côtes grâce un ambitieux programme de préservation
La Bretagne refuse de laisser disparaître cet animal emblématique qui a bien failli disparaitre de ses côtes grâce un ambitieux programme de préservation

C’est une silhouette qu’on reconnaît à contre-jour, sur une grève battue par les vents.
Un trait noir, un ventre blanc, un long bec rouge comme une algue au soleil.
L’Huîtrier pie, c’est l’élégance à marée basse, un éclat vif dans le gris des vasières.
Et dans le golfe du Morbihan, il a décidé de résister.

Pendant longtemps, on l’a cru sur la pente descendante. L’espèce est classée “quasi menacée” dans le monde, “vulnérable” en Europe.
Et pour cause : elle niche à même le sol, sans protection, sans cachette, sur des îlots parfois piétinés par l’homme ou rasés par les chiens. Une ponte au mauvais endroit, et tout s’arrête.

Mais aujourd’hui, dans le Morbihan, la tendance s’inverse.

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Au cœur du golfe, la Réserve nationale de chasse et de faune sauvage veille.
On y compte, on y observe, on y protège. Chaque année, des équipes recensent les sites de nidification, en lien avec les propriétaires d’îles et d’îlots. Ce travail discret permet d’éviter le pire au bon moment.

Certains nids sont simplement signalés, d’autres balisés, parfois même temporairement inaccessibles. On ne chasse plus, on ne dérange plus.

Et ça paie.
Les couples nicheurs sont plus nombreux. Ils résistent mieux. Ils élèvent leurs poussins là où le béton n’a pas encore gagné.

Baguages, GPS et science sur le terrain

L’Huîtrier pie est fidèle. Il revient souvent au même endroit, année après année.
Alors pour mieux le comprendre, on l’équipe. Un anneau, parfois une balise GPS. Et soudain, on découvre ses parcours, ses haltes, ses habitudes.

Ces données récoltées avec patience permettent de connaître le taux de survie des jeunes, d’anticiper les menaces, de mieux ajuster les actions.

Ce n’est pas un suivi de laboratoire.
C’est du terrain pur. Des bottes dans la vase, des jumelles embuées, des notes griffonnées entre deux vols d’étourneaux.

12256 pie2L'Huîtrier pie fait partie d’un réseau de 23 espèces protégées, suivies dans le cadre du projet européen LIFE Espèces marines mobiles, porté par l’Office français de la biodiversité

La pédagogie au bout du bec

Protéger, c’est aussi expliquer. Car un oiseau, aussi beau soit-il, ne survit pas sans respect.
Alors les équipes de la réserve ont imaginé des marionnettes, des vidéos, des supports clairs et sensibles. L’objectif : rappeler que sur les plages, les nids sont invisibles. Et qu’un pas mal placé peut suffire à tout détruire.

Les messages sont simples : tenir son chien en laisse, ne pas s’approcher des îlots, laisser les oiseaux en paix.
Et ça fonctionne. De plus en plus de visiteurs jouent le jeu. Parce qu’ils savent. Parce qu’on leur a montré.

Un projet européen pour un oiseau marin local

L’Huîtrier pie n’est pas qu’un cas morbihannais.
Il fait partie d’un réseau de 23 espèces protégées, suivies dans le cadre du projet européen LIFE Espèces marines mobiles, porté par l’Office français de la biodiversité.

Le programme vise à réduire les causes de mortalité évitables : les engins de pêche, les dérangements, la disparition des habitats.
Dans le golfe, les efforts se concentrent sur les zones d’alimentation, avec notamment le retrait des friches ostréicoles abandonnées, qui encombrent les vasières et perturbent la recherche de nourriture.

On parle ici de rendre les lieux aux oiseaux. De restaurer les liens invisibles entre un estran, un ver marin et un bec qui le cherche avec obstination.

Une Bretagne qui protège encore

Le golfe du Morbihan n’est pas un décor figé. C’est un écosystème vivant, fragile et dense.
Et au milieu de tout ça, l’Huîtrier pie est un repère. Un marqueur de la bonne santé des lieux.

Le voir revenir, nidifier, élever ses petits sans trop de pertes, c’est le signe que quelque chose fonctionne encore. Que malgré les menaces, malgré le tourisme, malgré les pertes de milieux, une forme de cohabitation est possible.

Et tant qu’on entendra ce cri clair, ce sifflement aigu au-dessus des vasières, on pourra encore croire que certaines espèces peuvent être sauvées… sans attendre qu’il soit trop tard.

Source : https://www.ofb.gouv.fr/actualites/golfe-du-morbihan-lhuitrier-pie-sous-protection