Le 17 septembre 2025, la société américaine Ursa Major, installée dans le Colorado, a décroché un contrat de 34,9 millions de dollars (soit environ 32,5 millions d’euros) pour le développement, la production et le déploiement du moteur Draper, destiné à des missions spatiales de défense nationale. Le donneur d’ordre reste confidentiel, mais l’objectif est clair : faire de Draper une référence opérationnelle dans le domaine de la propulsion liquide stockable et tactique.
Cette commande s’ajoute à un contrat antérieur de 26,7 millions d’euros, signé avec l’Air Force Research Laboratory, pour démontrer l’efficacité du moteur en vol d’ici la fin 2025. Avec ce double financement, Ursa Major confirme une montée en puissance spectaculaire sur le marché de la propulsion militaire à haute vélocité.
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Un contrat de 32,5 millions d’euros pour une propulsion à réponse rapide
Contrairement aux moteurs cryogéniques traditionnels, Draper fonctionne avec des ergols liquides non cryogéniques et non toxiques, dans un cycle catalytique fermé. Cette configuration permet de stocker le moteur pendant dix ans sans dégradation, une caractéristique rare dans l’univers des propulseurs liquides.
Draper combine plusieurs qualités rarement réunies :
- Redémarrage en vol,
- Contrôle de la poussée (throttle control),
- Faible masse et compacité,
- Précision de manœuvre en orbite ou en phase terminale.
Ce moteur a été testé à chaud plus de 250 fois, avec une répétabilité qui le rapproche des standards industriels les plus stricts. L’objectif : obtenir une plateforme de propulsion modulaire, réactive, réutilisable, et capable de répondre à des menaces évolutives en orbite basse comme dans l’atmosphère.
Le moteur Draper, un drôle d’engin en robe imprimée
L’une des forces de Draper réside dans sa conception radicalement simplifiée. Près des deux tiers du moteur sont imprimés en fabrication additive. Résultat : un nombre de pièces réduit, un assemblage plus rapide, des coûts maîtrisés, et une production localisée à 100 % aux États-Unis.
Cette approche permet d’accélérer considérablement les cycles de développement, sans compromettre les performances. Le moteur est ainsi prêt à être intégré sur des démonstrateurs hypersoniques, des véhicules de manœuvre orbitale ou des plateformes de défense spatiale.
Une propulsion pour tous les milieux : terre, mer, air… et désormais espace
Selon Dan Jablonsky, PDG d’Ursa Major, « Draper marque un changement de paradigme dans la propulsion de défense, qu’elle soit terrestre, navale, aérienne ou spatiale ». Ce positionnement pluri-domaine n’est pas un slogan marketing. Il répond à l’évolution rapide des conflits, où la frontière entre les milieux se brouille : missiles antisatellites, armes hypersoniques manœuvrantes, réactivité en orbite… Tous ces usages nécessitent des propulseurs capables d’être stockés, lancés et contrôlés à tout moment.
À l’heure où les activités militaires se multiplient dans l’espace, des solutions comme Draper pourraient devenir indispensables pour les armées occidentales souhaitant garder l’initiative face à des puissances de plus en plus présentes en orbite.
Une stratégie industrielle orientée agilité et relocalisation
Ursa Major ne se contente pas de livrer un moteur. Elle propose un modèle industriel complet, fondé sur la production rapide, la modularité et la réindustrialisation du tissu américain. Son usine de fabrication additive à Youngstown, dans l’Ohio, illustre cette volonté de remettre l’innovation au cœur du sol national.
L’entreprise ne vend pas seulement des pièces mécaniques, elle livre des capacités tactiques entières, prêtes à l’emploi, capables de s’intégrer à des plateformes existantes ou futures, civiles ou militaires.
Un moteur taillé pour la guerre orbitale… et les démonstrations spectaculaires
Avant son déploiement opérationnel, Draper sera mis en scène dans un vol d’essai tactique, financé par le laboratoire de recherche de l’US Air Force. Objectif : prouver que le moteur peut supporter une montée hypersonique, des manœuvres violentes, et une récupération partielle des modules.
Si les tests sont concluants, Draper pourrait devenir la brique technologique de référence pour une nouvelle génération de véhicules rapides à lancement flexible, capables de frapper ou se repositionner en orbite en quelques minutes.
Résumé chiffré :
Élément |
Donnée |
Montant du contrat |
34,9 M$ (32,5 M€) |
Client |
Entreprise de défense américaine (confidentiel) |
Propulsion |
Liquide, non cryogénique, non toxique |
Durée de stockage sans maintenance |
10 ans |
Redémarrage |
Oui |
Contrôle de poussée |
Oui |
Essais à chaud |
+250 tirs |
Fabrication additive |
66 % du moteur |
Objectif |
Hypersonique, manœuvre orbitale, réponse rapide |
Test en vol tactique |
Fin 2025 |
Source :Ursa Major