A la fin du XVIIème siècle, la famille De Saint-Marc, seigneurs de La Tour Blanche, fonde un domaine viticole auquel elle donne le nom de Château La Tour Blanche. Au fil des années, les différents propriétaires donnent ses lettres de noblesse au domaine. Un niveau d’excellence récompensé en 1855, lorsque la propriété est classée en tête des 1ers Crus Classés de Sauternes, juste derrière le Château d’Yquem. En 1876, M. Daniel « Osiris » Iffla achète La Tour Blanche aux enchères. Il décède en 1907 et lègue sa fortune et ses biens (le domaine en fait partie) à différentes oeuvres, ainsi qu’à l’Etat français.
La donation du domaine à l’Etat français a une condition qu’Osiris énonce ainsi dans son testament : « Je donne et lègue à l’Etat Français ma propriété située sur la commune de Bommes près Sauternes (Gironde) appelée le Château La Tour Blanche […] Dans le vignoble, l’Etat donnera un enseignement pratique, populaire et gratuit de viticulture et de vinification ... ». C’est ainsi qu’en 1911, une école voit le jour sur le domaine. Sur une affiche de l’époque, on pouvait lire que celle-ci avait pour but « de donner aux jeunes gens des connaissances suffisantes pour bien exécuter les travaux du vignoble et du chai […] ».
L’Ecole de Viticulture et d’OEnologie (EVO) a d’abord fonctionné de façon saisonnière. Les cours ayant lieu l’après-midi, de septembre à juin. Pour apporter des améliorations à l’enseignement et pour contrôler la bonne marche de l’établissement, un Comité de Surveillance et de Perfectionnement fut institué en octobre 1912. L’illustre oenologue Ulysse Gayon en fut le premier président. L’école évolue dans les années qui suivent pour acquérir différents statuts techniques et financiers. C’est à partir de 1954 que l’établisse-ment commence à fonctionner en faire valoir direct et que les directeurs se succèdent à sa tête. Il devient en 1960 un lycée profes-sionnel agricole.
Depuis le 1er janvier 2010, l’établissement fait partie de l'EPLEFPA de Bordeaux Gironde issu de la fusion de 3 Lycées Agro-Viticoles (Bordeaux-Blanquefort, Libourne-Montagne et La Tour Blanche) et 3 exploitations viticoles (Châteaux Dillon - Haut Médoc, Grand Baril/Real Caillou - St Emilion & Lalande de Pomerol, La Tour Blanche - Sau-ternes). A ce jour La Tour Blanche a formé plusieurs milliers de professionnels du vin, dont beaucoup mènent ou ont mené de brillantes carrières. Le célèbre oenologue Michel Rolland par exemple, fait partie des anciens élèves de l’établissement.
Daniel « OsirisOsiris » Iffla
Daniel Iffla nait en 1825 à Bordeaux. Très jeune, il monte à Paris où il fait rapidement partie du cercle très fermé des financiers d’origine juive. Autodidacte prudent et observateur éclairé, il construit discrètement une immense fortune, par des opérations boursières et des investissements immobiliers .
Très attaché au judaïsme, Daniel Iffla tombe cependant éperdument amoureux de Léonie Carlier, catholique, qu’il épouse en 1854. Quinze mois plus tard, Léonie meurt durant l’accouchement de jumeaux, qui ne survivront pas eux non plus. Ce tragique évènement sera certainement le déclencheur d’une nouvelle philosophie de vie.
Fortune faite, il prendra ses distances avec le monde de la finance, auquel il préfèrera la littérature, l’art et les sciences. C’est à ce moment, pour des motifs qui restent encore énigmatiques, qu’il prendra le surnom d’OSIRIS. S’il y a une notion qui peut retracer la vie d’Osiris, c’est celle de la fidélité.
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Fidèle à la République Française, il a une admiration sans bornes pour les personnages célèbres de l’Histoire de France, tels que Napoléon Bonaparte ou Jeanne d’Arc. Il se porte acquéreur en 1896 du château de Malmaison qu’il restaure entièrement et lègue à l’Etat.
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Fidèle à sa religion par des actions personnelles. Il fait construire au moins huit synagogues en France et ailleurs (Bordeaux, Arcachon, Tunis, Lausanne…).
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Fidèle à Bordeaux, il rachète aux enchères le Château La Tour Blanche en 1876 qu’il lèguera à l’Etat avec la condition de construire une Ecole de Viticulture et d’OEnologie dont on fête le centenaire. Il lègue une très forte somme d’argent à la ville de Bordeaux pour la construction d’un bateau-soupe populaire…
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Fidèle au souvenir de son épouse, il soutient de très nombreuses oeuvres destinées à venir en aide aux femmes.
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Daniel « Osiris » Iffla décède le 4 février 1907 à Paris. Il fait de l’Institut Pasteur son légataire universel. Ce legs reste, à ce jour, la plus importante donation jamais reçue par l’Institut. Celui-ci mettra une partie de la somme reçue dans la construction du bâtiment qui abritera la découverte du Radium par Pierre et Marie Curie.
Osiris repose au cimetière de Montmartre. Sa tombe est ornée d’une immense sculpture de Moïse, reproduction d’un chef d’oeuvre de Michel-Ange. Elle se dresse à la limite des parcelles chrétiennes et juives comme un pied de nez aux autorités religieuses de l’époque. Il repose non loin de sa femme, amour indéfectible au delà de la mort !
Se souvenir du personnage d'Osiris
Très connu à son époque, Osiris est malheureusement vite tombé dans l’oubli. Aujourd’hui, des structures et des personnes tentent de raviver la mémoire de ce personnage hors du commun. Un Pavillon « Osiris » a été inauguré le 3 mai 2011 au Château de Malmaison.
Une association vient d’être créée sur la région parisienne : Les amis de Daniel Iffla Osiris. Son objectif est de rappeler et défendre la mémoire d’OSIRIS et l’idéal qui l’animait. De promouvoir comme lieux de mémoire les monuments offerts. De contribuer au maintien de son oeuvre en assurant le respect des édifices et monuments qu’il a fait édifier ou transmis, en rappelant les fondations qu’il a instituées et qui ont pu tomber en désuétude.
A l’occasion du centenaire de l’Ecole de Viticulture et d’OEnologie, une plaque commémorative et un buste d’Osiris seront inaugurés sur le domaine de La Tour Blanche le 3 septembre 2011.