Le discours de Marc Birebent est sans équivoque: «Notre vignoble est malade. Planté par des vignes jetables à la durée de vie limité, il nécessite soins intenses. Mais après seulement 20, 25 ans, nos plans modernes dépérissent.» En cause: la mauvaise qualité du greffage mécanique en atelier, effectué par du main-d'œuvre peu qualifié. Marc Birebent propose une alternative simple et approuvée: le retour au greffage manuel et qualitatif directement dans le vignoble.
C'est un fait historique connu de tous: le greffage d'un bourgeon de vigne de nos vieilles variétés européennes sur racine de ceps d'origine américaine a sauvé la viticulture mondiale. Viticulture qui, après son essor entre le 17 et le milieu du 19. siècle, a subie plusieurs attaques de parasites: mildiou, oïdium et enfin cet infâme phylloxéra, qui a détruit la plus grande partie du vignoble historique. Comme les vignes d'origine américaine résistent à ce puceron ravageur, mais donnent des raisins au goût douteux, le mariage insolite d'un greffon et d'un porte-greffe s'est rapidement imposé. 99 pour cent des vignes aujourd’hui plantées sont des greffés-soudés issus des pépinières spécialisées, certifiés exempts de viroses et autres problèmes de dégénérescence. Tout va donc bien dans le meilleurs des monde viticoles.
Une seule voix discordante semble contester ce constat béat: Marc Birebent, directeur de worldwide vineyards, société française basée dans le Var, spécialisée dans le greffage manuel. «Notre vignoble est malade. Plus de deux tiers du vignoble français sont touchés par les maladies du bois, dont le tristement célèbre Esca qui fait ravage parmi les cépages sensibles. 12 à 15 pour cent des ceps ne produisent plus de raisins. Ce fléau coute environ six millions d'euros par an à la France.»
En cause: la mauvaise qualité du greffage. «Lors de l'opération du greffage mécanique en atelier effectuée par du main-d'œuvre bon marché et peu qualifié, le tissu de la plante est blessé et cicatrice mal. Du bois mort se développe. Il sert de nourriture aux champignons du bois et favorise le développement des maladies comme l'Esca. Le dépérissement de la vigne concerne presque exclusivement des vignes greffées-soudées en pépinière et des sélections clonales. En évitant la greffe mécanique et en pratiquant des sélections massales, on arrête net tous les problèmes ou presque.»
Marc Birebent n'est pas le premier à mettre en cause le greffage. En 1924, dans son ouvrage «Parasites et plantes greffées», le Professeur Lucien Daniel avertit le monde viticole : «Il est aujourd’hui démontré, à part quelques rares exceptions, que le greffage est une opération débilitante, qui expose les deux plantes aux attaques plus vives des parasites animaux et végétaux et les fait mourir plus promptement». Mais Marc Birebent est le premier à proposer une solution: un retour au greffage manuel et de qualité. Les greffes «à l’œil» (dites aussi «au bourgeon», ou encore «en écusson») pratiqués par les spécialistes de sa société, worldwide vineyards, sont des greffes hautement respectueuses du végétal. De nombreux producteurs soucieux de l’avenir de leur vignoble font aujourd'hui appel à Marc Birebent et ses équipes, du plus petit domaine au Grand Cru Classé.
Marc Birebent (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
Marc Birebent est issu d’une longue lignée de vignerons. En 1997, il prend la direction de la société worldwide vineyards. Depuis, il ne cesse de promouvoir, avec ses travaux pratiques dans le monde entier et lors de stages de formation, des techniques de greffage respectueuses du végétal, qui elles seules permettent d’établir des vignobles durables et de qualité.
Worldwide vineyards (www.worldwide-vineyards.com)
Paul Birebent, le père de Marc, consultant viticole de renom, fonde sa société en 1985. Marc Birebent lui succède et recentre l’activité sur le service de greffage (surgreffage, regreffage) en place, sur des vignes déjà enracinées. Grace à son expérience, worldwide vineyards démontre clairement que les problèmes d’apoplexie et de dépérissement de la vigne deviennent anecdotiques, si les techniques de greffage appropriées sont adoptées.
Rolf Bichsel (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
Photographe de talent, dégustateur reconnu, chroniqueur, auteur d'une douzaine de livres sur le vin et d'innombrables articles sur le sujet depuis trente ans, Rolf Bichsel fait partie des icones du journalisme viti-vinicole en Europe. Pour ce pianiste de formation, compositeur, féru de nouvelles technologies, mais aussi jardinier à ses heures et fin gourmet, le vin n'est pas une fin en soi, mais fait partie intégrante de notre culture. Né près de Berne en Suisse, il vit et travaille à Bordeaux et dans le Sud-Gironde.
Crédit rédactionnel Rolf Bichsel