Château d'Arsac : une Grande Dame dans l’océan des vignes

La « Grande Dame », c’est le nom de la balise maritime qui, pendant 40 ans, a veillé sur les « passes » de l’estuaire de la Gironde - là où les eaux de la Garonne et de la Dordogne, mêlées, se marient à l’océan Atlantique.

La Grande Dame, balise maritime qui a veillé pendant 40 années, au Verdon, sur les passes tumultueuses de la Gironde, a jeté l’ancre dans le vignoble du Château d’Arsac en ce printemps 2019.
La Grande Dame, balise maritime qui a veillé pendant 40 années, au Verdon, sur les passes tumultueuses de la Gironde, a jeté l’ancre dans le vignoble du Château d’Arsac en ce printemps 2019.

Elle a permis d’éviter bien des naufrages en veillant, vigie fidèle, sur ce paysage sauvage et changeant de boue et de limon, de marées et d’estrans qu’est le plus vaste estuaire d’Europe.

Arrivée par convoi exceptionnel au début du printemps, elle a trouvé un nouvel ancrage, parmi les oeuvres d’art du Jardin des Sculptures du Château d’Arsac. Et il fallait bien ses presque treize mètres de hauteur et ses huit tonnes de fer pour marquer une présence forte au milieu de la mer de vignes et les 250 hectares de la propriété !

La Grande Dame côtoie d’autres oeuvres monumentales qui, chaque année, depuis 30 années enrichissent la collection du Château d’Arsac : la Diagonale de Bernar Venet dont les 6 tonnes de cortène s’appuient sur la façade du château, l’Arbre du Soleil du japonais Susumu Shingu, mobile de 15 mètres aux ailes de géants ou encore la Stilthouse de l’artiste belge Arne Quinze qui s’élance, multicolore, au-dessus des cimes des peupliers…

S'il est vrai que la poésie naît de l'écart, la seule présence de cette bouée géante de 12,50 mètres de haut et composée de huit tonnes de fer est un acte poétique évoquant la nostalgie des départs, l'abandon, l'exil... mais aussi l’apprivoisement de tout ce que l’on ne maîtrise pas : la solitude, l’indifférence des hommes, le passage du temps, les mystères de la terre et les colères du ciel.

Aujourd’hui avec la Grande Dame, Philippe Raoux fait l’acquisition d’une 34ème oeuvre qui s’inscrit dans une collection d’amateur d’art contemporain où se côtoient au fil des paysages réinventés de la propriété viticole des sculptures de Niki de Saint Phalle et Mark di Suvero, Bernard Pagès et Jan Fabre, Jim Dine, Rotraut Klein…

Geste artistique fort, la Grande Dame qui brava durant quatre décennies vents et marées, rappelle aussi que le travail de la vigne devient de plus en plus aléatoire en ce territoire médocain, les contraintes climatiques (grêle de fin d’été, gel tardif) se multipliant.

Mais regardons mieux cette balise, vivant paradoxe : son mouvement incessant, avec le battement des vagues pour métronome, nous invite au voyage en nous montrant le chemin. Nous savons sa présence immuable car ses racines solidement amarrées dans la roche et le sable. Douée d’une séduisante étrangeté avec son corps élancé, elle nous attire vers elle.

Pourtant, altière et fière, elle marque un danger en nous indiquant une autre route. Le nouveau havre pour cette Grande Dame est le château d’Arsac, océan de vignes, parcouru depuis son avènement - voilà près d’un millénaire - par les courants tempétueux de l'Histoire, les intempéries, les changements climatiques grandissants, la grêle, le gel... Fidèle à elle-même et à nous, moussaillons de la vigne, parfois bateaux ivres ballotés par les caprices de la Nature, la Grande Dame sera toujours là pour nous guider en nous rappelant le cap comme un phare bienveillant, contre vents et marées et au-delà des soubresauts de l’écume des jours.

En savoir plus http://www.chateau-arsac.com