2018 : une nouvelle dégustation comparative dévoile l’évolution des 3 vins
« Le millésime 2009 est un excellent millésime solaire, il est le plus solaire de la décennie. Il donne des vins atypiques au style exotique et aux notes de fruits murs. Le millésime 2009 du Château Larrivet Haut Brion est construit sur la sucrosité, sur des notes chaudes et généreuses.» - Stéphane Derenoncourt
Quels enseignements pouvons-nous tirer de cette nouvelle dégustation ?
Vin témoin, millésime 2009
Ce vin est le vin témoin de l’expérience qui incarne parfaitement le caractère solaire du millésime. Il est né de l’assemblage de merlot (35%) et de « On est sur un vin bonbon qui a une attaque très sensuelle, sphérique par ses tanins fins cabernet sauvignon (65%). On remarquera que le merlot prend l’avantage sur le cabernet, ce qui est caractéristique d’une année chaude.
« On est sur un vin bonbon qui a une attaque très sensuelle, sphérique par ses tanins fins et nombreux.» - Stéphane Derenoncourt
Tellus : un vin au caractère terrien
Le Tellus tient son nom de La Terre, il s’agit du vin élevé 6 mois supplémentaire en chais. Lors des analyses de composition, quelques différences avaient déjà été constatées dûe à la polymérisation des tanins entre le Tellus et le vin témoin. On note également une teinte plus soutenue, sombre et plus stable, due à l’apport de bois supplémentaire.
« À la dégustation on trouve une impression de rigueur et de longueur supplémentaire, le côté fruit confit est un peu gommé par le renforcement des tanins. Par son élevage de 6 mois supplémentaires et un apport en bois neuf, le vin a été redressé.» - Stéphane Derenoncourt
Neptune : vin aux saveurs océaniques
A l’inverse, le Neptune est marqué par de réelles différences par rapport au vin témoin et au Tellus. Pour la barrique Neptune, immergée 6 mois dans l’eau du Bassin d’Arcachon, nous constatons, entre autres, des phénomènes d’osmose inverse :
- le sodium a migré, grâce à la micro‑porosité de la barrique, depuis le milieu salin vers le vin (le vin de la barrique Neptune fini à 80 mg/l),
- inversement, l’alcool a migré depuis le vin vers l’eau de mer (perte de 0.5 % du degré alcoolique).
« C’est comme si le vin avait subi un vieillissement accéléré : l’agressivité des tanins est amoindrie et la couleur, brunie.» - Bruno Lemoine, directeur général et Vinificateur du Château Larrivet Haut-Brion
« Les notes de fruits murs sont contrebalancées par l’iode qui apporte énormément de fraîcheur au vin et gomme son amertume. Le polissage du vin est spectaculaire et n’est pas sans, paradoxalement, évoquer un terroir calcaire.» - Stéphane Derenoncourt
« Il faut recommencer l’expérience sur des profils de vins différents.» - Stéphane Derenoncourt
2014 : Une dégustation aux résultats surprenants
Deux ans après la première rencontre, le Château Larrivet Haut-Brion, entouré d’un collège d’experts et dégustateurs a réitéré l’expérience, afin d’étayer les résultats délivrés en 2012. Le vin témoin, le millésime rouge 2009, a confirmé son potentiel de maturation évoqué en 2012. Il s’agit d’un vin solaire et puissant qui se caractérisait déjà par une grande richesse aromatique. Les notes de fruits noirs s’étaient intensifiées et avaient apporté aux fruits un côté cuit, presque compoté.
« Plutôt soutenu en milieu de bouche, il laisse entrevoir une légère acidité avec des notes de fraîcheur assez agréables en fin de bouche.» - Bruno Lemoine, directeur général et Vinificateur du Château Larrivet Haut-Brion
En comparaison avec le vin témoin
→ NEPTUNE
Le vin semble avoir développé une plus forte intensité. L’éclat aromatique est puissant. Les senteurs sont bien présentes au nez, avec bien plus d’ardeur que le vin témoin. La salinité, à peine perçue, a agit comme un exhausteur de goût, et a estompé le côté astringent du vin. Les tannins sont alors plus ronds en bouche et le nez apparaît plus variétal. Le contraste entre le nez et la bouche est alors plus marqué.
« On découvre un vin plus expressif, plus complexe et avec une grande profondeur, ayant une minéralité plus prononcée dévoilant des notes mentholées presque d’eucalyptus. Les tannins sont devenus plus soyeux et fondus.» Mikaël Laizet, oenologue conseil du laboratoire vinicole Michel Rolland
→ TELLUS
L’élevage prolongé du vin a favorisé l’osmose avec le bois du barriquot, provoquant le développement de tannins plus robustes. Cette union a également révélé une plus grande acidité et a gommé les notes empyreumatiques que l’on a retrouvé plus nettement dans le vin témoin.
« Il n’est pas exclu que ce vin au potentiel supérieur révèle de belles surprises à l’avenir. La tendance entre Tellus et Neptune peut être amenée à s’inverser d’ici 2 à 4 ans.» Bruno Lemoine, Directeur général et Vinificateur du Château Larrivet Haut‑Brion
2012 : Une première expérience inédite
À la suite de la dégustation et des premières analyses, cautionnées par le laboratoire vinicole Michel Rolland en 2012, les résultats mettaient en avant les effets bénéfiques de l’élevage supplémentaire de 6 mois en petites barriques neuves de la tonnellerie Radoux. Les tannins s’étaient révélés plus soyeux et le vin étonnamment plus rond et complexe.
A l’époque, le vin témoin, encore jeune, montrait une belle structure. On pouvait déjà distinguer une bonne tenue dans le temps ; facteur déterminant dans le choix du millésime à immerger.
En comparaison avec le vin témoin
→ NEPTUNE
Neptune s’était avéré plus léger. Il présentait un taux de sodium plus élevé (80 mg/l sodium détecté vs un taux quasi inexistant dans le vin témoin) du fait de l’osmose entre le vin et l’eau du bassin d’Arcachon, permise par la légère porosité du bois de chêne des barriquots. Une salinité positivement perçue ainsi qu’une belle fraîcheur apportée sans doute par la phase finale d’élevage anaérobique (absence d’oxygène).
De ce fait, selon les dégustateurs, le vin présentait des arômes de sous-bois avec des tannins plus souples, très appréciés.
→ TELLUS
TELLUS était d’une couleur plus stable et moins évoluée que celle de la barrique immergée. L’explication envisagée : la micro‑oxygénation naturelle dont a bénéficié Tellus a pu faire toute la différence. Gustativement, il s’était distingué par sa structure et sa fraîcheur avec des notes mentholées.