Chaque année, dans la nuit du 30 avril au 1er mai c’est devant la maison de toute personne qu’ils veulent honorer que les jeunes du village érigent d'étanges mats au son des fifres et des tambours. Il en coûtera à l’heureux destinataire de régaler tous ceux qui l’ont distingué.
Le mai exprime dans un langage fleuri et verdoyant, qui sied bien à cette époque de l’année, une longue tradition faite d’influences multiples et entremêlées. Héritier d’un lointain culte de l’arbre, enrichi de traditions religieuse et républicaine, il sert à dire l’estime que porte une communauté villageoise à certains de ses membres. Une fois tous les dix ans, les mais fleurissent devant les demeures des élus municipaux.
Dans l’année traditionnelle, le temps des fêtes et des rites se situe entre Noël et la Saint-Jean ; passée la Saint-Jean vient le temps des travaux des champs qui se déroulent jusqu’à Noël, division entre une "année rituelle" et une "année économique" en quelque sorte.
Un mai c’est d’abord une oeuvre unique : un arbre à couper, et écorcer ou non selon les puristes de chaque coin de la lande, des fleurs à trousser, des guirlandes de lierre pour l’habiller.
Un mai c’est d’abord du temps à donner aux amis que l’on va surprendre.
Porté nuitamment, et planté dans un chahut de chuchotements le pin fleuri va marquer le passage d’une communauté de joyeux drilles. "Au coup de pied de boeuf", "à nos casse pompons", ces phylactères énigmatiques haut perchés vous versent au matin dans la communauté de ceux "qui sont distingués". Commence alors pour vous l’autre partie du jeu : la reconstitution du forfait.
C’est affaire d’intuition, de sourires appuyés, de paroles anodines et tout à coup signifiantes, bref de petits riens, qui de rien en rien vous mettent sur la piste ; progressivement toute l’affaire se dévoile, les complices connus ou dénoncés, vous voilà condamné à tous les régaler.
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