Il vient de mettre sur le
marché européen un quatrième album baptisé “Le Toubabou moisi [1]”. Il l’a
réalisé à Abidjan, dans des conditions ubuesques, en compagnie de
quelques-uns des meilleurs instrumentistes du continent africain. Chose
originale, l’auteur a également écrit un roman, baptisé du même nom,
(LE TOUBABOU MOISI), dans lequel il développe les thèmes abordés dans
ses chansons.
Originaire du sud-ouest de la France, Michel Reynô est le genre de
personnag
e qui a vécu au moins dix vies. Aujourd’hui quinquagénaire,
après avoir scruté divers horizons professionnels et artistiques, il a
décidé de se mettre au service du public. Orphelin très jeune, c’est en
travaillant la nuit et étudiant le jour qu’il a réussi à réaliser la
plupart de ses rêves. Disc-jockey-animateur, il a été élu numéro 1
français à deux reprises par ses pairs. Il fut animateur radio et
s’essaya à la comédie aux Cours Florent à Paris. Il créa, avec une
grande réussite diverses sociétés dans les domaines du loisir, de la
culture et de la presse. La réussite fulgurante de ses affaires le
propulsa au-devant de la scène. Pourtant, il décida de revenir à ses
premières études et amours: le journalisme. D’abord critique cinéma,
“Reynô” vécu, grâce à son copain Jacques Bal, les débuts de Canal+. Il
y fut auteur. « C’était magique, délirant ! Imaginez l’ambiance avec
des phénomènes comme Antoine de Caunes, Farrugia, Bruno Carette,
Francis Zégut, Coluche, Jean-Pierre Coffe, Roger Zabel ! C’était du
lourd ! Nous étions alors loin des 35 heures !» nous confie l’artiste.

Si quelques années plus tôt Reynô avait travaillé à la réalisation d’un
album “Westcoast” avec son complice, “Shadu”, dans sa période
parisienne, il travailla avec le producteur Gérard Louvin, mais surtout
avec les meilleurs musiciens de studio de l’époque, comme Michel
Gaucher, Marc Chantereau, Jannick Top et avec des artistes comme Daniel
Balavoine ou Michel Berger.

«Ce que j’aimais tout particulièrement, c’était mes rendez-vous
hebdomadaires chez Claude Lemesle[2], place des Vosges. À mon sens,
Claude est un des plus grands auteurs de la chanson française. Il me
donnait quelques conseils et ensemble, nous repassions mes derniers
textes à la moulinette ! » Difficile alors pour le chanteur, après de
tels moments d’échanges, de revenir à un quotidien de provincial bien
rangé. C’est ainsi, très affecté par la disparition de son ami Coluche,
que “Reynô” décida de partir à la découverte de nouveaux horizons.
Après avoir suivi une formation de réalisateur vidéo, le journalisme et
la musique le conduisirent alors dans les Caraïbes, en Californie, en
Floride, à New York puis en Amérique centrale. Après avoir baroudé et
connu quelques moments très “chauds” au service de l’information,
Michel Reynô décida de rentrer au bercail. Avec son copain basque
Aïzpurua et sous le parrainage de son grand frère et ami de toujours,
le chanteur Carlos, il créa une salle de concert et une association
baptisée “FÊTE” (Fédération estudiantine à tendance épicurienne !!!) à
Bordeaux. Là, il organisait de nombreux concerts, du théâtre
d’improvisation des expositions et évidemment, montait quelquefois sur
scène. Ses fidèles copains, Claude Nougaro, Ticky Holgado, Jacques
Villeret et Vincent Moscato lui rendaient parfois visite. Vincent avait
même créé un pub à quelques encablures de là, place de la Victoire.
Chanteur lead pour un groupe de rock (Dusty road), le musicien était
alors dans sa période “américanisée”! Il chantait en anglais. Mais, les
jours passant, la lassitude vint. Ses “potes” étant souvent en tournage
ou en concert et il se sentit vite isolé. Michel décida alors de
repartir “voir ailleurs”.
Paroles et Musiques | |
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C’est en Afrique de l’Ouest que “Reynô” décida de poser un moment ses
malles ! Il revint une nouvelle fois au journalisme et fut
successivement rédacteur en chef d’un hebdomadaire et d’un mensuel pour
la RTI (Radio télévision ivoirienne), puis directeur de quatre
rédactions composées de près de 70 journalistes Il fut également
lecteur-correcteur littéraire pour les éditions NEI aux côtés d’Éric
Orsenna [3] (Académie française) et enseigna le journalisme à
l’université. Lorsque la guerre civile éclata en Côte d’Ivoire,
l’auteur considéra alors que les risques qu’il prenait devenaient trop
importants. Plusieurs fois menacé, menotté, un canon sur la tempe, il
choisit définitivement de rentrer en France lorsqu’une balle de
“kalachnikov” s’écrasa à quelques mètres du crâne de ses petites filles
Alice et Mélissa… Quelques semaines plus tard, quasiment au même
endroit, Jean Hélène [4], correspondant de Radio France internationale, se
fit tuer de deux balles dans la tête par un policier excité… C’est en
cette période plutôt mouvementée que Michel Reynô enregistra l’album
qu’il sort aujourd’hui en Europe et sur Internet info-groupe.com et
starzik.com).
«Cet album a été réalisé dans des conditions ubuesques » nous confie
le musicien. « Lorsque nous partions au studio en voiture, nous ne
savions pas si nous allions pouvoir passer les barrages militaires. Le
budget de l’enregistrement a été sérieusement grevé par le racket des
militaires et des policiers ! En plus, à ce moment-là, il ne faisait
pas vraiment bon être Blanc ou étranger à Abidjan ! Or, les musiciens
étaient à 90% étrangers à la Côte d’Ivoire… Dur dur ! » Quand on
sortait de séance, on entendait les rafales de mitraillette se
rapprocher. Nous nous attendions à voir débarquer des “mutins” dans le
studio.»

Pourtant, Michel Reynô et les fabuleux instrumentistes béninois,
burkinabé, camerounais, sierra-léonais, ghanéens, maliens, guinéens,
togolais, congolais, gabonnais, sénégalais, ivoiriens,… réussirent à
terminer cette œuvre dont le contrat de distribution pour l’Afrique fut
signé par la société d’Alpha Blondy. Baptisé « Le Toubabou moisi » pour
le continent africain, et arrangé dans le plus pur style reggae-ragga,
le quatrième album de « Reynô » est un bijou de concision et de
réalisme au niveau des textes. Il évoque notamment les problèmes du
racisme ou de la corruption, mais fait également la part belle à
l’humour et la dérision. Côté musique, les musiciens qui ont participé
à la réalisation de cet album comptent parmi les meilleurs du continent
africain. Le mélange des instruments traditionnels comme le balafon, la
kora, la flûte pastorale et les percussions alliées aux choristes et à
des instruments comme la trompette, le trombone, le saxophone ou encore
les guitares électriques lui procure une texture toute particulière.
« Si j’ai attendu quelques mois pour sortir l’album en Europe, c’est que je devais d’abord poser mes valises et penser à l’avenir de ma petite famille » nous confiera le compositeur. « J’avoue que ma priorité n’a jamais été de vendre mes œuvres. Comme la plupart des artistes, ce que je préfère, c’est la création, puis la communion avec le public. Mon esprit est déjà pris par la réalisation de mon prochain album, que j’ai baptisé «Complainte mandingue! » J’en ai terminé la composition et l’écriture de tous les textes. Il y a un titre qui va durer plus de 20 minutes ! Les chœurs ont été écrits en dioula par mon copain Kone Dramane, professeur de linguistique et ministre de la Culture de Côte d’Ivoire. Une équipe de musiciens dirigée par l’arrangeur du précédent album, le Burkinabé Zakaria Mamboué, bosse déjà à “l’africanisation” de mes compositions à Ouagadougou. Si tout va bien, je partirai l’enregistrer en octobre prochain au Mali, à Bamako, dans le studio de Salif Keita[6]. J’ai demandé à mes frères africains de contacter Amadou et Mariam le couple de chanteurs maliens afin de leur demander de me faire l’honneur d’une apparition dans cet album. J’espère qu’ils accepteront. Inch Allah, Amen ! Je suis un inconditionnel de leur culture. La musique malienne est ma préférée. Elle t’embarque au bout de tes rêves ! Dans l’univers qui nous est proposé aujourd’hui, j’estime que le rêve est un des rares luxes à la portée de tous... » “Reynô” accepte rarement de se livrer à des confidences. S’il participe volontiers à des émissions de radio dans lesquelles il peut bénéficier d’une tribune pour présenter le contenu de ses œuvres, il refuse catégoriquement les plateaux de “télé-paillettes” et travaille obstinément depuis près de 25 ans à la construction d’une œuvre qu’il veut Fraternelle et Humaniste.

Aujourd’hui, le dernier album de Michel Reynô, “Le
Toubabou moisi”, “remasterisé” à l’européenne par les soins de François
Gaucher (Cristal Records) à La Rochelle, est en ligne sur le meilleur
site de téléchargement légal de musique : www.info-groupe.com .
À Ouagadougou, au Burkina Faso, l’équipe de musiciens qui va enregistrer le prochain album au Mali avec le Français Reynô, est déjà à pied d’œuvre... Ci ça, ce n’est pas de la musique du monde ou le monde en musique, alors, ça y ressemble !
À Ouagadougou, au Burkina Faso, l’équipe de musiciens qui va enregistrer le prochain album au Mali avec le Français Reynô, est déjà à pied d’œuvre... Ci ça, ce n’est pas de la musique du monde ou le monde en musique, alors, ça y ressemble !
Crédit rédactionnel, photographique et sonore Michel Reynô
[1] - Le Toubabou moisi: Le Blanc fauché !
[2] - Claude Lemesle: Administrateur
de la SACEM. A écrit de nombreux textes de chansons pour Michel Sardou,
Gilbert Bécaud, Johnny Hallyday, Michel Fugain, Carlos, Serge Reggiani,
Gilbert Montagné et Alice Dona.
[3] - Éric Orsenna: Membre de l’Académie
française, conseiller culturel à l’Élysée sous François Mitterrand,
Conseiller d’État, écrivain, chanteur,…
[4] - Jean Hélène: (Christian
Baldensperger) Journaliste français. Il fut lâchement assassiné par un
policier à Abidjan le mardi 21 octobre 2003.
[5] - Amadou et Mariam
Bagayako: Couple de musiciens maliens. Ils sont non-voyants et auteurs
de nombreuses chansons populaires.
[6] - Salif Keita: Chanteur malien, véritable star de la musique africaine.
[6] - Salif Keita: Chanteur malien, véritable star de la musique africaine.