... d’humour. Après de nombreuses dates partout en France, le groupe signe avec Polydor et sort son 1er album éponyme. On le sait, la musique est avant tout une histoire de lieux. Les Beatles avaient leur Abbey Road, Velvet Underground, la Factory, Creedence Clearwater Revival son Bayou…
Eh bien voilà Hangar a son hangar. Celui dont on va vous parler n’existe plus, mais il aura façonné l’histoire et la musique de six jeunes garçons contre tous les vents (de l’Atlantique), originaires du Bassin d’Arcachon. Ils se sont même donné son nom : Hangar. Loin les slims, les mèches et les perfectos : les gens du hangar ne sont pas des baby rockers. Au gel et aux bottes, ils préfèrent les plateaux d’huîtres et les grandes tablées de potes.
Hangar en V.O. / Version Originale par roymusic
Sur leur premier album, les six amis ont absolument choisi de creuser cette veine, jamais vraiment tentée dans l’Hexagone, et définir une pop d’ici, courageuse et iconoclaste, qui s’invente quelque part entre Dutronc et les Stones. Au final, c’est fun, cool et vintage. Le parrain, c’est Matthieu Chédid, le grand frère bienveillant qui les suit depuis trois ans et les convie l’été dernier sur les premières parties de sa tournée. Au sortir de leur set au Zénith de Paris, il confie « Le Rock c’est eux ». La musique de ces jeunes gens modernes s’écoute avec plusieurs boutons de la chemise ouverts, un chapeau de paille sur la tête et des espadrilles aux pieds. Et si le Cap Ferret était notre Californie ?
Fête de la musique, juin 2005. La rencontre qui change tout, c’est celle d’Antonin et Romain. Ils sont chacun dans un groupe. Antonin, le grand chanteur blond est sidéré par la patate de Romain, le petit guitariste brun. C’est Romain qui fait le premier pas. Ils se rencardent au hangar, font le bœuf sur les chansons des Stones pendant des heures. L’entente est parfaite, aucun doute, ils se sont trouvés. D’un côté les riffs sauvages de Romain, de l’autre la verve et la classe naturelle d’Antonin.
Le reste du groupe se positionnera naturellement autour de cet axe fort « Mick et Keith », ou encore Depardieu et Dewaere dans « Les Valseuses » ! (un de leurs films préférés au passage). Les six musiciens s’installent alors dans le hangar, sortent les instruments, composent les premiers titres. C’est la mère d’Antonin qui trouvera le nom « Votre nom vous l’avez au-dessus de vos têtes ! C’est Hangar, comme vous : six lettes pour six musiciens ». Le hangar devient dès lors un membre du groupe à part entière, le septième musicien, l’instrument essentiel, une sorte de mère nourricière.
Depuis quatre ans, ils vivent dedans et n’en sortent que pieds nus et pour les concerts. D’abord, quatre ans de formation intensive et de décrassage pour trouver leur son. Ça passe par 350 concerts dans la région tous les étés : le 44 (LE bar du coin), les bars de plage, les boîtes de nuit, les bars de pêcheurs, et les fêtes de village d’ostréiculteurs…
Cet été, ils ont enregistré leur premier album dans le hangar. « C’était indispensable de le faire chez nous, sous la bâtisse, sous notre église. On a enregistré tout live. Il y a même des titres qu’on a composé sur le coup, les pieds dans l’eau. Le résultat raconte une histoire : ces six années qui viennent de passer, nos fondations » dit Antonin.
L’Histoire se passe dans le Sud-Ouest. Gavés de rock anglo-saxon, les six de Hangar ont pourtant choisi de chanter en français. L’ensemble donne un résultat tout à fait surprenant. Un rock écrit et enlevé, qui ne renie pas ses couleurs ensoleillées. Antoine Gaillet (Mademoiselle K, Julien Doré) et Jérôme Goldet (bassiste de -M-, Vanessa Paradis, Les Rita Mitsouko, Arthur H, …) à la réalisation. « Ils sont hyper sexy, ce ne sont pas des grands virtuoses de la musique, mais ils ont un truc, un supplément d’âme qui fait que quand tu mets l’image et le son, t’es scotché.
Et puis c’est des provocateurs, et un peu des branleurs… C’est pour ça que j’ai envie de travailler avec eux » dit Jérôme Goldet. Un mois de prises pour un premier album, au titre éponyme et « ça ne pouvait pas être autrement » dit Antonin. Douze chansons qui attrapent par les hanches. « Version Originale » et « Le Roi de la Reine » sont des tubes potentiels et sexy. « En vie » et « Bouche à Bouche » s’écoutent en mode han-han, « Contre tous les vents », et « Il est temps » sont introspectifs et nostalgiques. Bref, un coup d’essai des plus prometteurs, qui pourrait très rapidement placer le Hangar sur la carte de France du rock, et bien loin de son emplacement initial.
Cet été, en pleine nuit, un incendie criminel ravage le hangar. Trente minutes plus tard, le feu brûle tout : le hangar, 45 pins des Landes, les carnets de note d’Antonin et tous les instruments. « Le hangar est mort, vive Hangar » dit Antonin.
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