Sainte-Engrâce un village basque

Situé à la limite de la frontière Espagnole, Sainte-Engrâce est un petit village du Pays Basque qui compte aujourd’hui 210 habitants. Les éditions Editions de La Martinière viennent de publier, un beau livre original  écrits par l’enfant du pays et journaliste, Pierre Accoce. Implanté au cœur d’un massif montagneux, entaillé de longues crevasses

... et parcouru de nombreuses sources souterraines, le site constitue un véritable paradis pour les géologues. Haut lieu de spéléologie et de randonnée, le village n’a cependant pas toujours connu une telle fréquentation touristique et, naguère encore, vivait à l’heure du dépeuplement rural.

Pour son premier numéro en 1979, le magazine GEO propose au photographe Hans Silvester de réaliser un reportage photographique sur ce village qui est à la fois l’un des plus pittoresques mais aussi l’un des plus légendaires de France.

Un second reportage aura lieu en 1989 (pour le dixième anniversaire du magazine !) avant ce dernier réalisé en 2009 qui illustre bien cette thématique du temps suspendu.
Sainte-Engrâce La Vie d’un village basque
A travers 180 photographies en couleur, ce livre retrace l’évolution d’une commune sur 30 ans qui n’a rien perdu de son pittoresque au cours de toutes ces années. Ecrits par l’enfant du pays et journaliste, Pierre Accoce, les textes regorgent de récits fédérateurs des légendes du village : les traditions, la chasse, l’agriculture, les cueillettes mais aussi l’église du village.

Extrait

"Où vont les pensées vont les pieds ». Un précepte basque. Nos anciens en connaissaient quatorze mille, bases de notre culture régionale. Grâce leur soit rendue, ils m’ont aussi enseigné notre langue. Aujourd’hui, je la pratique encore lors de mes retours en terre natale. Et s’il m’arrive de broncher parfois sur la grammaire, vrai casse-tête, je m’en tire mieux que ne l’a fait Lucifer. Lui n’a retenu que baï et ez, oui ou non, cédant à l’emprise d’une frousse bleue quand il emprunta l’une des fragiles passerelles qui désenclavaient jadis notre territoire, Sainte-Engrâce. Sainte-Engrâce La Vie d’un village basque

C’est la plus excentrée des cent cinquante-neuf communes qui constituent le Pays basque français. Située en bout de la Soule, à une centaine de kilomètres de l’Atlantique, elle occupe une aire montueuse parallèle aux premiers pics des Pyrénées. Le versant sud épouse la frontière avec l’Espagne. Celui du nord, le plus abrupt, mène aux confins du Béarn. Autre fantaisie de Déméter, la déesse Terre, cette arène enserrée dans son étau minéral s’offre six grandes crevasses. La première sinue au long de notre domaine. Autrefois un sentier la longeait. Une départementale l’a détrôné, la 113, pourvue d’une kyrielle de tournants. Les autres précipices percent le flanc méridional de ce serpent. Pointant peu après le seuil de notre route, la trouée d’Ourdayby conduit en Hispanie.

À main droite s’ouvre ensuite la gorge de Kakuetta. Ôtez le chapeau, salut justifié ; les géologues l’incluent parmi les sites prestigieux en Europe. Profonde, surplombante, elle gronde ; un torrent l’habite ainsi qu’une cascade, puis une résurgence qui fuse d’une grotte riche en concrétions. Le quatrième défilé, Ehujarré, porte à Errayzé et ses alpages, à la borne 256 sur la frontière. Plus haut, Arphidia ; d’emblée serre sylvestre et touffue, où jadis nos guérisseuses cueillaient leurs simples, elle devient stade à escalades jusqu’au Pas des Basques, antichambre ibérique. Enfin, la haute cluse de Soudet s’évase à l’approche des monts béarnais. À l’instar de ces cañons notre val mamelonne, déclive. Cela explique que, vu du ciel, notre village ne ressemble en rien à un bourg conventionnel. Le relief l’a modelé. À cinq kilomètres sur la 113 un lieu-dit, La Caserne, où la douane logea longtemps réunit trois toits. Plus haut quelques maisons et une petite école ; le quar tier Calla. En bout un hameau borde une abbaye que flanque le cimetière.

Cent dix fermes complètent ces écarts. Éparpillées. À vue les unes des autres. Disposition salutaire ; les bornes restent visibles par tous. De même que les visiteurs qui franchissent ces limites. « Mes ouailles ont l’oeil perçant, disait l’abbé Joseph Arhex, curé de la paroisse jusqu’en 2005, date de son décès. De plus, ajoutait-il, leur premier outil c’est la longue-vue. Des jumelles pour certains d’entre eux."

 Sainte-Engrâce, La Vie d’un village basque
Photographies de Hans Sylvester - Textes de Pierre Accoce

Biographie des Auteurs

Né en 1938 en Allemagne, Hans SILVESTER fait ses premières photos à l'âge de douze ans. Défenseur inconditionnel de la nature, il publie en 1960 un livre remarqué sur « la Camargue » avec un texte de Jean Giono. Les derniers reportages de ce grand voyageur l'ont mené en Ethiopie, dans la vallée de l'Omo où il a photographié les peintures éphémères corporelles et les parures végétales des Mursi et des Surma. Ce travail a donné lieu à deux livres « Les Peuples de l'Omo » et « Les Habits de la nature ». Il est l'auteur de nombreux ouvrages aux Editions de La Martinière parmi lesquels « Au gré du vent », « C'était hier » ou encore « Les Chevaux de Camargue » (réédité en petit format en septembre 2009).

Né le 17 novembre 1928 à Sainte-Engrâce, Pierre ACCOCE est apprenti dessinateur industriel avant de devenir journaliste en 1950. Il dirige alors la rubrique sportive du quotidien Ce Soir (anciennement France Soir) avant de travailler à Constellation (mensuel dirigé par André Labarthe), puis à Noir et Blanc (hebdo dirigé par Armand Jammot). De 1966 à 1988, il entre à L'Express en tant que reporter, responsable du service Sciences et conseiller auprès de la rédaction en chef.  Il est également l’auteur de nombreux livres dont  Ces malades qui nous gouvernent, (trois tomes, Prix Littré), Les Français.

Sainte-Engrâce, La vie d’un village basque est paru le 1er octobre 2009 aux Editions de La Martinière
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