Ce que donne à voir le bel ouvrage de François Ducasse, c’est le Bordeaux des années soixante dix – quatre vingt, un Bordeaux qui n’est déjà plus, mais dont il restitue la mémoire vive, dans la grande tradition de la photographie humaniste française : celle des quartiers et des bars caves, des chantiers et du port, des rues et des stades ; celles des gens d’abord, de la rue Sainte-Catherine au Pavé des Chartrons, de Musard à Bacalan.

Partage dans tous les sens – paradoxaux et contradictoires – du terme. Ce sont nos frères humains qui sont là présents, sauvés de l’oubli, et qui redonnent corps à notre mémoire de la ville, celle où nous avons vécu. Instants donnés, instants sauvés. A tout jamais écrit Michel Suffran dans sa belle préface. De ce point de vue, Bordeaux, mémoire partagée est un livre généreux.
Il y a pour la ville et les êtres qui la peuplent, qui traversent le champ de l’objectif de ce passant non ordinaire qu’est François Ducasse, beaucoup de tendresse. L’oeil est acéré, il voit l’invisible et le ramène à la surface, mais n’est jamais juge ou procureur. On y reconnaît, à travers des fragments de décor qu’on localise parfois, la matière vivante de ce qui fut, de ce que nous fûmes, et dont on voit bien aujourd’hui le sens.
De ce point de vue, les textes de Jean-François Mézergues en sont le complément idéal, restituant, à leur manière, le contexte de ces images volées, les ouvrant aussi vers d’autres horizons.
Car c’est l’autre miracle de ces photos que d’être,très subtilement, gorgées de sens. Car le partage est aussi séparation, fracture parfois. De manière très fine, sans démonstration autre que celle induite par la mise en perspective, François Ducasse montre de cette société que nous avons traversée, si bien connue, les lignes de partage, les lignes de fuite. Le promeneur attentif a vagabondé dans tous les quartiers de la ville, a connu tous les milieux, est entré dans les hôtels particuliers et les plus humbles demeures, les ateliers et les bars, a arpenté les rues et les places...
De tous ces lieux, il exprime l’âme : ces insignifiants miraculeux dont parle Michel Suffran... tellement signifiants ! Le photographe n’est pas dans la démonstration. Et pourtant... il n’y a peut-être pas d’image plus vraie qui n’ait été jusqu’alors publiée sur ce Bordeaux des années Chaban que ce livre-là.

Préfaçe de Michel Suffran textes de Jean-François Mézergues -Photographies François Ducasse
Crédits photographiques et rédactionnel Les Editions de l’Entre-deux-Mers
Les Editions de l’Entre-deux-Mers - La maison d’Hélène
9 le bourg, 33750 Saint-Quentin-de-Baron - 05 57 24 14 94
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