Bacs de Gironde Rivage d'Estuaire

bacs-gironde-01.jpgNi guide, ni dépliant mais évocation plutôt qu'étude, ce livre associant poème et photographies laisse libre cours, de flâneries en digressions, à quelques questions sans réponses et aux approximations des auteurs, au hasard des routes et des rivages estuariens de Gironde.
 
Le texte du livre Bacs de Loire, bacs de Gironde répond à une proposition de Wilfred Guyot qui avait, deux ans durant, en 2000 et 2001, réalisé plus de mille photos noir et blanc sur le sujet librement choisi des bacs tbacs-gironde-05.jpgraversant la Loire d'lndret à Basse-Indre et du Pellerin à Couëron, puis s'était vu confier par l'Institut départemental de développement artistique et culturel de la Gironde un travail complémentaire sur les bacs Royan - Le Verdon et Blaye - Lamarque.
 
Road-poem est le nom qui s'est imposé pour définir cette écriture en vers très libres fondée sur plusieurs longues promenades de plusieurs jours, principalement en voiture, entre les points marquant les embarcadères de ces quatre bacs.
 
Promenades nourries d'observations et de rencontres, de réflexions débridées, de géographie, d'histoire, d'art et de littérature dans la compagnie, particulièrement, des poètes Jules Supervielle et Henri Michaux - le second admirateur du premier.
 
Ni guide, ni dépliant mais évocation plutôt qu'étude, ce livre délibérément subjectif associant photographies et poème laisse libre cours, de flâneries en digressions, à quelques questions sans réponses et aux approximations des auteurs, promeneurs solitaires ou moins solitaires, mais toujours curieux, au hasard des routes et des rivages estuariens de Loire et de Gironde.
 
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" À pied et en voiture
de demi-tours en retours sur mes pas
roulant m’arrêtant descendant marchant
je sillonne les marais silencieux
dont le sol est semé de cartouches bleues et noires —
terrain de chasse ici
ici Michaux me parle encore
observateur avisé :
« Par-dessus les marais, les oiseaux ne chantent pas à gorge déployée
Mais dans le bocage, quel ramage ! »
Je longe la voie ferrée de ce Pays de Fin des Terres sans bocage
avant qu’elle ne se perde —
si ce n’est moi qui me perds —
dans le lacis des routes et des chemins
entre Gironde et océan
comme dans les marais de Couëron désormais « Audubon » —
se perdre avec délectation et coeur battant
une aventure ! —
mais c’est l’eau de l’estuaire qui m’appelle
cette eau mêlée de trois : Garonne Dordogne et Atlantique.
La départementale
est bordée de roseaux à peine frémissant
le soleil recule l’air se bleute d’une lumière métallique
je muse je goûte à cette vacance
que nous consent si chichement la vie
et à laquelle
une fois n’est pas coutume

je m’autorise.
Avant Talais c’est à gauche que je bifurque
vers l’eau toujours vers l’eau
que je n’atteindrai pas ici
ni le port de Neyran :
eh oui j’apprends
qu’on ne peut pas aller partout
que tout temps même ouvert jamais ne s’élargit à l’infini —
sinon pour quelques dieux... —
que l’insatiable jamais ne sera rassasié.
Merci Michaux merci encore
qui voyage avec moi me met en garde
contre le « barrage » du savoir
et le rêve de totalité.
Car quoi ? Ici qui n’est pas mon pays
je voudrais tout apprendre tout connaître
et comprendre
interroger les navires et les eaux
les vignes et les vins
le végétal le minéral et l’animal
et quels gibiers et quels mots pour les dire.
Michaux me rend à la mesure :
« N’apprends qu’avec réserve ».
J’écoute encore je l’écoute :
« Le continent de l’insatiable tu y es. De cela au moins on ne te privera, même indigent. »
Dans le Médoc je file
dans ce Médoc dont on dit tant "

 

Extrait du livre avec l'aimable autorisation de reproduction des Editions La Part des Anges

 
PHOTOGRAPHE
Wilfried GUYOT Né en 1966, photographe indépendant depuis 1996 basé à Nantes, photojournaliste de 1996 à 2005 ; il privilégie depuis ses travaux personnels tout en continuant des collaborations ponctuelles avec la presse, des commandes pour des institutionnels et des privés. Il a publié ses photographies dans : Le Figaro magazine, L’ Express, Télérama, La Vie etc… « Mon travail du documentaire social à « autre chose » s’organise autour d’un rapport au réel. Etat de Nature, état de Culture. Subjectivité et intention, état de conscience et relativité président à mon action photographique. C'est dans la distance que je peux entretenir avec le réel, que vient se glisser -un entre-deux- : intuition, imaginaire, mémoire et projections. Plus qu’à un rapport exhaustif des choses, c’est à un fragment de temps, un point de vue qu’invitent mes images. » WG
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AUTEUR
Bernard BRETONNIÈRE est né le 5 août 1950 à Nantes et réside dans un village proche, au bord de la Loire. Sans parti pris ni dessein régionaliste, il reste profondément attaché à sa ville natale et à l’estuaire auquel il a consacré plusieurs textes. Cet intérêt l’a conduit à écrire également sur l’estuaire de la Gironde où l’Iddac l’a invité plusieurs fois depuis 2002 dans le cadre de Paroles d’estuaire pour des résidences, des lectures et des interventions. Écrivain, il a publié, depuis 1979, une quinzaine de livres dont trois au dé bleu Éditeur. Concernant l’estuaire de la Loire, on citera Le Retour au marais, nouvelle recueillie dans Désirs d’estuaire (Siloë et Estuarium, 1997) et Coeur d’estuaire et autres textes écrits à Cordemais, nouvelle, poème, paroles volées, paroles données, etc. (Éditions Ponctuation et Estuarium, 2000). Remarqués par des écrivains ou journalistes tels Jean Rousselot, Pierre Autin-Grenier, Éric Holder, Jean-Pierre Verheggen, Michel Polac, François Bon ou Claude Duneton, ses textes sont marqués par le refus de la pompe poétique, revendiquent la précision du mot et du détail et jouent souvent avec les énumérations. Pour le poète Antoine Emaz, Bernard Bretonnière est « l’un des trop rares auteurs capables d’allier juste humour, travail de la langue et gravité!»!; pour Vincent Vergone, homme de théâtre et plasticien, il représente «!une des figures les plus étonnantes de la poésie contemporaine, qui allie drôlerie et profondeur dans ses poèmes. Alain Girard- Daudon le voit comme un «!collectionneur passionné de toutes choses, qui se plaît à ranger le monde à sa fantaisie!».
 
Dernières publications:
  • Coeur d’estuaire et autres textes écrits à Cordemais, nouvelle, poème, Paroles données, Paroles volées... (Cordemais et Indre, Estuarium et Ponctuation, 2000) Datés du jour de ponte, livre d’artiste conçu et réalisé par Jeanne Frère à 22 exemplaires (Nantes, 2006)
  • Cigarette, poème (Rennes, Wigwam, 2007) Catalogue accrédité des êtres et des choses ordinaires et extraordinaires, grimoire réalisé en un unique exemplaire par Vincent Vergone pour Micmacrocosmes, «!installation plastique, poétique et musicale librement inspirée d’une chambre des merveilles! » (Musée Mallarmé, Vulaines-sur-Seine, 2007) L
  • a Bibliothèque incorrecte, recueilli dans Nos bibliothèques et nous (Nantes, Le Grand T et Éditions joca seria, 2008)
  • Bacs de Loire, bacs de Gironde, road-poem, avec des photographies de Wilfried Guyot (Libourne, La Part des anges, 2008)
  • Inoubliables et sans nom (Coaraze, L’ Amourier, à paraître, 2009)
 
Crédit Rédactionnel et Photographique : Marie-Christine MOREAU / Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.