Les Templiers ont laissé de nombreux vestiges : commanderies, chapelles, granges, croix, graffitis. Jean-Luc Aubarbier en a répertorié des centaines à travers les 19 départements qui sont étudiés dans son livre « Les Sites Templiers du Sud-Ouest », des Charente aux Pyrénées et de l’Atlantique au Limousin et au Rouergue.
Certains sites sont très célèbres, comme la chapelle des Templiers à Blanzac (Charente), la commanderie de Sainte-Eulalie-de-Cernon (Aveyron) ou la forteresse du Mas-Déu (Pyrénées-Orientales), d'autres, plus modestes, moins visibles, sont à découvrir. Tous sont les témoins d'une histoire passionnante.
Si Philippe le Bel et Guillaume de Nogaret ont condamné et ordonné l'arrestation de tous les Templiers du royaume en 1307, les témoignages de la riche existence de cet ordre perdurent, du Languedoc au Périgord, du Rouergue aux Pyrénées.
Mais les Templiers du Sud-Ouest ne se résument pas à des sites ; ce sont aussi des hommes qui ont joué un rôle primordial dans la grande saga du moyen-âge : les Grands Maitres Armand de Périgord et Guillaume de Sonnac, l’évêque de Bordeaux Bertand de Goth devenu pape sous le nom de Clément V, le sinistre Guillaume de Nogaret, qui organisa avec Philippe le Bel la destruction de l’ordre des moines-soldats.
Enfin, cet ouvrage nous délivre, dans des encadrés, les mystères qui subsistent par delà le drame des Templiers : la rumeur d’Agen, l’invention du Baphomet, les liens avec le catharisme, les diverses hérésies avouées lors du procès, les légendes et les éventuelles survivances de l’Ordre.
Jean-Luc Aubarbier est libraire à Sarlat (Dordogne). Passionné d'histoire, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur le Périgord et les Cathares. Il a également écrit des romans historiques, tels que L'honneur des Hautefort et Les démons de soeur Philomène, aux Éditions J.-C. Lattès. Un ouvrage qui passionnera les amateurs d’histoire, d’ésotérisme et de promenades.
Extrait Les Templiers du Sud-Ouest
Le premier fait marquant concernant les Templiers du Sud-Ouest est la forte présence de personnages importants. Le grand maÎtre Armand de Périgord fut un excellent diplomate qui récupéra Jérusalem sans combattre en s'alliant avec l'empereur excommunié Frédéric Il. Son successeur, Guillaume de Sonnac, Charentais ou Lotois, fut commandeur sur le Larzac tout comme Arnaud de Torroge et Gilbert Hérai/. Le très sulfureux Roncelin de Fos, auteur d'une règle secrète du Temple, a marqué de sa présence Périgord, Quercy et Rouergue. Geoffroy de Gonneville, précepteur d'Aquitaine, est l'un des quatre dignitaires jugés pour avoir renié le Christ lors de sa réception à Londres. Il mit en cause Roncelin de Fos et le grand maÎtre Thomas Béraut. Premier pape d'Avignon sous le nom de Clément V Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, naquit à Villandraut et fut enterré à Uzeste (Gironde).
Le Cadurcien Jean XXII, banquier et alchimiste, lui succéda. C'est près de Saint-Jean-d/Angély que le roi et le pape se seraient rencontrés en 7305 pour décider de l'avenir du Temple. Le deuxième fait marquant l'histoire des Templiers du Sud-Ouest est leur cohabitation pacifique avec les Cathares. L'existence du Temple (7778-73 72) coïncide avec celle des chrétiens dualistes (7020-7327). Au Mas-Déu, près de Perpignan, et à Campagne, les moines-chevaliers donnèrent asile à des Cathares traqués par l'Inquisition.
Notons que Guillaume de Nogaret, pe-tit-fils de cathare, est originaire de Saint-FélixLauragais. C'est à partir d'Agen qu'il orchestra dès 7,305 les rumeurs accusant d'hérésie les moines-chevaliers. Les Templiers du Roussillon et d'une partie du Languedoc dépendant du roi d'Espagne ne furent jamais condamnés. Arrêtés, interrogés, torturés, les Templiers du Sud-Ouest passèrent aux aveux; beaucoup reconnurent avoir renié le Christ, en Charente, en Périgord, en Limousin, en Quercy, en Ariège. Le Limougeaud Hugues de Faure parle d'une tête magique aux pouvoirs extraordinaires. La légende du Baphomet fut inventée par un sergent quercynois ; on en signale diverses sculptures. La région montre encore plusieurs prisons où furent enfermés les Templiers; il faut voir en particulier Najac en Aveyron, Gaudiès en Ariège et surtout Domme en Périgord, ornée de graffitis réalisés par les chevaliers. Un bûcher fut allumé à Carcassonne.
La trace des chevaliers au blanc manteau subsiste dans plusieurs légendes pyrénéennes où leurs fantômes reviennent hanter les ruines: à Gavarnie, au Bézu, à Valcabrère. Le Saint-Graal serait caché dans leur commanderie de Montréal-de-Sos en Ariège et on pourrait citer treize trésors plus ou moins légendaires qui leur sont attribués, dont celui de Rennes-le-Château. Enfin, si les liens souvent revendiqués entre la franc-maçonnerie et les Templiers sont ténus, on peut en voir des traces à Montsaunès et dans le cimetière de Ligné.