...., poèmes, contes et nouvelles. Laurent ne garde pas sa langue dans sa poche. Il égratigne des institutions, se libère des conventions avec le plus souvent beaucoup de tendresse et d’autodérision.
L'auteur évoque aussi la mort de ses grand parents, la naissance de son enfant et d’autres évènements qui ont accompagné son existence ces dernières années. Si vous avez aimé le premier, nul doute que vous adorerez cette suite !
Extraits de Pensements 2 signé Laurent Caudine
L'auteur
Laurent Caudine est née le 5 juillet 1970 à Mauléon, en Soule, petite province du Pays-Basque. Passionné de lecture et d'art en général, il tient dans son village de Moncayolle un atelier d'art de restauration d'horloges comtoises anciennes.
Ecologiste, il a été de 2001 à 2005 conseiller municipal de la commune de Mauléon. "Le soleil de Pedrito", sa lettre de démission écrite sous une forme allégorique est publié dans ce livre.
Restaurateur d’horloges comtoises de métier, mais aussi blogueur, artiste, éditeur, écologiste et père, Laurent Caudine est tout cela à la fois. Dans le temps libre qu’il prend soin de s’octroyer chaque jour, il a écrit des chroniques et des nouvelles. Les meilleures sont rassemblées dans ce livre.
Propos de l'auteur
"Je vous invite à lire l'introduction que j'ai écrite pour mon livre "Pensements 2" qui va sortir le 1er décembre. Histoire de vous mettre un peu l'eau à la bouche." Laurent Caudine
Depuis quelques semaines, je tergiverse. Est-ce que je publie la suite de mes chroniques oui ou non ? Est-ce que cela en vaut la peine ? Il y a quelques minutes, j’ai décidé que oui.
À ces chroniques, il y a un début et une fin. Je le sais, parce que je sens bien que le désir d’écrire a bifurqué vers d’autres zones d’écriture, depuis quelques temps.
Le début, c’est en 2001. A cette date, je commence à écrire quelques textes. En 2007, avec une amie, je décide de les publier sous le titre de Pensements : Chroniques et nouvelles de Soule et d’ailleurs, et ainsi commence l’aventure des éditions Astobelarra / Le Grand Chardon. Grâce aux bénéfices que les ventes du livre ont générés, grâce à l’Office Public de la Langue Basque et grâce à tous les généreux souscripteurs, nous avons pu financer la Lettre à l’éléphant – elefanteari gutuna de Romain Gary. Quel beau texte que celui-ci et comme nous étions fiers du résultat ! Ensuite Etienne est arrivé, puis Gilda, puis André et les 40 auteur(e)s du livre Paroles d’écolos. Ainsi l’aventure des éditions Astobelarra / Le Grand Chardon a pu continuer jusqu’à aujourd’hui, avec une dizaine de livres à notre actif. Et parfois des livres impubliables, car nous avons en même temps défié les lois du marché, sabordant les principes d’une certaine logique économique qui ne voudrait pas voir certains livres publiés, sous prétexte que le lectorat n’existerait pas, que ça ne se vendrait pas. C’est vrai, parfois, ça ne se vend pas. Nous continuerons pourtant d’explorer les zones inconnues et méprisées par une économie avide de destruction, de profit, d’inculture et d’uniformité. Nous continuerons de faire vibrer l’étincelle de l’artiste qui sommeille en nous, et le grain de folie qui nous habite.
La fin de l’écriture de ces chroniques ne se situe pas vraiment en 2007, puisque j’ai continué à écrire jusqu’à aujourd’hui. Je pense qu’avec ce second volume des Pensements, je clôture la rédaction de ces libres propos. Comme je l’ai dit plus haut, entre-temps, j’ai eu envie d’explorer de nouveaux espaces. Pensements fut une écritoire, un exutoire, un laboratoire des idées et des mots, un atelier où j’ai fait des essais, des mélanges de couleurs. Et très vite, j’ai eu à cœur de peindre une grande fresque et je me suis attelé à l’écriture d’un roman qui se nomme Matin vert.
Pourquoi publier la suite de mes chroniques ? Pourquoi ces chroniques ? Vous avez un moment ? Alors laissez-moi essayer de vous expliquer.
Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai l’impudence de penser que la vie des autres est intéressante. Le sentiment que les gens peuvent avoir face à eux-mêmes, face au monde qui les entoure est d’un intérêt capital. Ce que j’aime par-dessus tout se trouve dans l’insignifiance et la banalité. Chaque individu sur cette terre est une partie de la grande histoire de la vie. Chaque petite histoire, chaque petit geste, chaque petit mot de chacun d’entre nous fait et doit faire la Grande Histoire, une partie du puzzle à construire. Or, il est consternant de voir comment les livres d’histoire ne parlent du peuple que comme d’un vulgaire monticule de gravier avec des morceaux qui s’expriment ici et là, dans un désordre total. Mon idée est que, de même que le puzzle est en construction, de même que nous sommes incapables de savoir ce qu’il va représenter à la fin, le peuple sera vraiment le peuple le jour où chacune de ses individualités n’aura plus aucun secret, les unes pour les autres. C’est beaucoup plus difficile qu’un puzzle normal parce que là, aucun modèle n’est à notre disposition pour nous aider à placer les pièces.
J’aurais tellement aimé lire les chroniques et Pensées de mes arrières grands-parents. Que sais-je d’eux ? Des anecdotes, une poignée de photos aux couleurs sépia dans une vieille valise ? J’aurais aimé connaître la vision qu’ils avaient d’eux-mêmes, du monde de l’époque. J’aurais aimé me balader dans les méandres de leurs pensées. C’est dans cet esprit que j’ai écrit Pensements. Non pas pour marquer l’Histoire, mais pour marquer les moments de mon histoire, pour marquer une pensée et la figer dans l’espace et le temps. Je me dis que la pensée, même la plus banale est une chose superbe, parce qu’elle est, tout simplement, comme l’air, l’eau, la terre. Je suis convaincu que la pensée a des effets tangibles, qu’elle a de la chair, une existence et une incidence sur ce qui nous entoure, même lorsqu’elle est non dite. Voilà pourquoi je me fais un devoir d’exprimer haut et fort certaines réflexions, lorsque celles-ci rejoignent le monde social, politique et institutionnel, car d’une certaine manière je pense qu’elles ne m’appartiennent pas.
Il y a quelques années, j’ai connu une très vieille dame qui s’appelait Gaby Pascualena. Elle est morte à l’âge de 101 ans à l’hôpital de Mauléon-Licharre. Elle a vécu toute sa vie dans cette commune. À 14 ans, elle travaillait déjà dans l’industrie de la chaussure. Quand j’écoutais Gaby, je voyais Mauléon comme je ne l’ai jamais connu, comme aucun historien ne le fera jamais connaître, parce que la pensée populaire est rare et qu’elle est toujours confisquée par les pouvoirs, qu’ils soient ceux de la finance, des médias, des politiques, des philosophes, des historiens. Un proverbe africain dit « un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Je suis allé voir Gaby à la maison de retraite, avec un carnet de notes, mais le feu avait déjà commencé à faire son travail.
Comme Gaby, je suis une pensée populaire, parce que je raconte le monde à ma manière et que cette manière est unique comme chaque être vivant est unique. Je suis un simple témoin, mais un témoin qui veut récupérer sa puissance d’être, d’exister, dans une période où l’on ratisse large pour construire une société uniforme à la mesure des lois du marché. À cet instant, il me vient en tête cette phrase du poète portugais Michel Torga : « L’universel, c’est le local moins les murs ». Je suis convaincu qu’il faudrait sonder l’universel qu’il y a en chacun de nous et que de cette façon et uniquement de cette façon, nous serons capables de briser tous les murs qui nous maintiennent serrés comme des sardines dans des paradigmes étriqués. Car à ce moment-là, peut-être verrions-nous à la fois l’indigence et la lumière qui nous habitent et nous trouverions alors le courage de faire les choix difficiles. Je crois qu’il nous faudra faire des choix difficiles à l’avenir. Nous avons cru apprivoiser notre temps et notre espace, mais ils nous échappent finalement, en faisant fi de notre orgueil d’espèce supérieure. Supérieure ? Mais supérieure en quoi ?
De temps en temps, je me demande quelles sont les vraies valeurs dans cette existence. Dans Pensements volume 1, j’avais exclu de cette liste le travail obligatoire, la patrie, le mariage, la chasse, la compétition (a fortiori dans l’économie), la bagnole, la technologie, les élevages industriels. J’avais émis des doutes sur l’école. J’aurais aimé parler du voyage que l’on confond avec le nomadisme, mais je n’ai jamais trouvé le bon angle d’attaque. Il y a des valeurs qui me paraissent évidentes comme s’occuper de ses enfants, prendre le temps de vivre, de manger, de préparer à manger, de respirer, de se promener dans la nature, d’avoir des relations (notamment sexuelles), de pratiquer les arts, de s’occuper d’un potager, de mettre sa main dans la terre, d’aimer son prochain. Il y a les actions de communiquer, de confier, de transmettre. Je me dis que dans chaque famille, une personne devrait s’occuper de prendre des notes sur les faits et gestes de la génération présente pour les transmettre à la suivante. C’est dans cet esprit-là que j’ai écrit Pensements.
C’est l’indignation qui en premier lieu me pousse à écrire, mais pas seulement. C’est aussi le respect que j’ai pour la vie et pour tous ces moments qui nous sont offerts au quotidien et puis l’étonnement face au mystère qui nous trouve tous là, sur une planète bleue et verte, perdue au milieu d’un univers infini. Parfois, je regarde l’espace, les étoiles et là, je sais que le monde n’appartient définitivement à personne. Aucun dieu, aucun maître, aucun curé, aucun patron, aucune religion, aucun ministre, aucun humain, ne peut se prévaloir de ce temps et de cet espace qui nous est imparti. Le monde est libre et la liberté est à prendre comme un fruit mûr et il appartient à chaque homme et chaque femme sur cette planète et aussi bien sûr, à chaque arbre, chaque brin d’herbe de le respirer à satiété. Le mystère est intact depuis le début des temps et reste accroché devant nos yeux, immuable. Le monde est libre et doit se défier de toutes les doctrines et de toutes les croyances et j’ai l’intention de l’occuper à ma façon le plus longtemps possible.
Alors d’une certaine manière, les Pensements ont été pour moi une manière de relire le monde, de le réinventer. Je ne serais pas complet si j’omettais le bonheur que cela a été pour moi de pratiquer l’écriture dans ce qu’il y a de plus ludique. Jouer avec les mots, les mélanger, les ordonner à ma façon avec souvent pour unique objectif de rire du monde, de soi-même et des autres.
J’espère, chèr(e)s lec(trices)teurs, que vous prendrez autant de plaisir à les lire, que moi j’en ai eu à les écrire.
Entretien avec l'auteur
Astobelarra
Qu’est-ce qui t’a pris de vouloir sortir un tome 2 de tes chroniques?
Laurent Caudine
Si j’avais été patient, j’aurais fait un seul volume. Pensements volume 1 et 2, c’est la même chose. Les sujets sont différents, mais pas l’énergie qui m’a permis de les écrire.
Astobelarra
A l’époque du premier tome, tu étais très engagé dans l’écologie politique. Où en es-tu aujourd’hui?
Laurent Caudine
Des évènements divers et (a)variés m’ont écarté de l’écologie politique, de la politique partisane, dans le cadre d’un parti et du système électoral. Et puis j’ai tendance à suivre mon instinct et ces dernières années, il m’a porté vers ce qui correspondait le plus à ma personnalité. Je me considère plus engagé, plus écolo que jamais, mais il y a plusieurs façons d’entrevoir l’engagement.
Astobelarra
Dans le premier, tu parlais - entre autres choses - de ton expérience de conseiller municipal. Qu’y a-t-il au menu cette fois-ci?
Laurent Caudine
La mort de mes grands-parents, la naissance de mon fils, mon amour pour la Soule. Je m’amuse aussi, comme dans Pensements vol 1, à taquiner des institutions, je continue à me révolter contre les injustices de toutes sortes, les absurdités de notre système. Parfois je m’amuse tout court, pour le plaisir de jouer avec les mots, les idées, la réalité.
Astobelarra
Peux-tu nous expliquer la nature de tes relations avec Jean Lassalle (lol)?
Laurent Caudine Jean Lassalle est un homme que j’abhorre politiquement. J’explique dans un texte pourquoi. Non seulement il n’a servi à rien, d’un point de vue politique mais il a fait perdre énormément de temps et d’énergie à tout le monde. Pourtant il était très prometteur. De l’énergie à revendre, de la sincérité, de la détermination, de la volonté. Mais tout cela au service de valeurs mortes.
Astobelarra
Peut-on envisager un jour un tome 3, puis 4, 5, etc. de ces chroniques?
Laurent Caudine
Non, c’est peu probable. J’ai perdu le rythme et l’esprit de ce qui a fait Pensements. Depuis que j’ai commencé l’écriture d’un roman, j’ai peu à peu abandonné celle de ces chroniques et nouvelles.
Astobelarra
Quels sont tes projets littéraires, en cours et à venir?
Laurent Caudine Je viens de terminer l’écriture d’un roman qui s’appelle « Matin vert ». Un roman écolo qui se déroule en Soule. Je suis en train de finir les dernières corrections. Ma prochaine idée est d’écrire un roman qui s’appellera probablement « Le gazoduc ». Histoire de raconter une histoire d’amour et en même temps rappeler un peu ce qui s’est passé en Soule au début des années 90. Ça rappellera des souvenirs à certains
En savoir plus http://lespensements.free.fr/pensements.htm
Astobelarra - Le Grand Chardon maison d'édition basque
Astobelarra - Le Grand Chardon existe depuis 2006, sous l’impulsion de Laurent Caudine et Jenofa Cuisset. Sa devise illustre parfaitement sa ligne éditoriale : «remettre l’humain au coeur de la Nature et la Nature au coeur de l’humain». Les éditions associatives Astobelarra publient des livres en français et en basque.