.... les éléments fondamentaux qui font une bonne ou une mauvaise course. Un livre didactique, indispensable aux non éclairés, et très utile aux amateurs. Sur le sable des arènes, la grâce vertigineuse d’un saut de l’ange ou la vista d’un écart en dedans enluminent les gradins bercés de cris et de bousculades. Nous sommes au pays de Chicoy, Cizos père, Ramuntchito, Agruna, Rachou, Dussau, ces hommes au courage cramponné au cœur défiant le public de trois coups de menton.
La course landaise est bien plus qu’un folklore vestige du passé gascon. Elle est une lutte mortelle, sans cape ni muleta, un exercice de virtuosité, un sport, un art sensuel où les toreros, mousquetaires intrépides des arènes, incarnent ces figuras avec leurs exubérances et leurs chorégraphies profondes.
Comprendre la course landaise, sa présentation, son jargon enflammé, ressentir la noblesse exceptionnelle du bétail, accepter l’importance de la corde, se laisser bercer par les suerte ancestraux des maestros flirtant avec la force sauvage des vaches et des toros, c’est s’immerger dans une tauromachie bohème avec ses triomphes et ses drames.
Pour peu qu’on se laisse guider au hasard de ce terroir authentique, d’Aire-sur-l’Adour à Dax, de Pomarez à Mont-de-Marsan, de Samadet à Saint-Sever, de Nogaro à Garlin, cette danse avec la mort demeure la mémoire d’une région incrustée d’une tradition rurale, sincère, ce trait d’union sensoriel qui puise ses racines dans la mémoire de chaque famille et renforce les liens de village à village, d’homme à homme.
Nicolas Vergonzeanne décode les gestes et les rituels de cet art taurin. Huit fois champion de France des sauteurs, il est devenu « torero » au fil des années, alliant sa formation et ses compétences athlétiques à la connaissance du bétail et de la course. Après avoir affronté les vaches les plus redoutables, il a innové en sautant les toros des grandes ganaderías espagnoles.
Cyrille Vidal a promené son appareil photo dans toutes les arènes de la région « coursayre » après presque vingt ans de reportage sur la course landaise. Alliant art et technique, ses images reflètent la beauté du geste, des lieux et des ambiances si particulières. Il est le photographe officiel de la Fédération française de la course landaise. Son travail sur ce sport a reçu une qualification européenne en 2011.
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CHAPITRE 1 - DE LA PLACE À L’ARÈNE
Une enceinte en fer à cheval
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’arène n’était que la place du village ou le champ de foire fermé par des charrettes mises en cercle pour la circonstance. Puis s’ébauche en 1901 un modèle d’arènes à Estang – classées depuis 1994 à l’inventaire des monuments historiques avec ces poutres de chêne supportant la charpente recouverte de tuiles romanes – comprenant une piste rectangulaire arrondie en une extrémité. Une enceinte typique, en bois ou en béton, en forme de fer à cheval élancée, avec des loges attenantes, dont l’espace est un ruedo de 40 mètres de longueur et 35 mètres de largeur pour favoriser le galop de la bête. Les dimensions minimales autorisées pour les courses de compétition (Challenges ou Concours) sont les suivantes : 35 mètres x 25 mètres. Neuf loges au minimum sont indispensables pour enfermer les vaches.
Derrière la talenquère
La qualité du sol des arènes est prépondérante pour assurer le déroulement de la course. En terre battue, il doit être soigneusement drainé et suffisamment dur pour permettre à la vache d’obtenir une vitesse maximale, jusqu’à 60 kilomètres/heure, et aux acteurs de prendre leurs appuis en échappant aux caprices d’un sol parsemé de trous. Si la piste est trop glissante, le spectacle peut être annulé. Pendant de nombreuses années, une seule partie du ruedo était en dur : les loges au-dessus desquelles se trouvaient le jury, les officiels et les places de première, formant la base du fer à cheval. Tout autour de la piste sont disposées les talenquères (callejon), où les acteurs observent, échangent et bondissent par-dessus pour se mettre à l’abri des cornadas.
Des refuges, des burladeros, dont le nombre varie suivant les places, ont un placement bien particulier pour proposer le meilleur départ possible des coursières. Ils servent à préserver les toreros, mais ils sont également utilisés par les entraîneurs qui amènent la vache en bout de piste pour lui faire prendre son élan dans la bonne direction. Une infirmerie est enfin obligatoire avec un lit d’examen médical et un lit de repos. Il est interdit de l’utiliser comme débit de boissons où, jadis, un verre de vin blanc limé accompagnait la bravoure des écarteurs. Certaines arènes enfin possèdent une petite chapelle.
Pomarez, La Mecque
Parmi les plus grandes arènes typiquement landaises, il faut citer Nogaro (4 000 places), Villeneuve-de-Marsan, Riscle, Cazaubon, Amou, Garlin (2 500 places). Les villages de Samadet, Magescq, Gamarde-les-Bains, Arzacq, Toulouzette, Saint-Loubouer et surtout Pomarez (2 700 places), surnommée La Mecque de la course landaise par André Samadet, et construite en 1932 par le maire Raoul Cinqualbre, possèdent des arènes couvertes où l’ambiance est souvent électrique. Les arènes rondes du type espagnol sont également autorisées. Dans le Sud-Ouest, les plus importantes sont Bayonne (10 500 places), Dax (8 000 places), Mont-de-Marsan (7 500 places), Vic-Fezensac (6 000 places) et Aire-sur-l’Adour (4 000 places). Ces arènes permettent la plupart du temps de réorganiser le placement des burladeros afin de répondre aux exigences spécifiques de la course landaise.
Prix: 16.00 € Format: 15x21 cm - 200 pages - ISBN: 9782758804765
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