Le Festin : 30 années d'éditions au service du patrimoine et de la création en Nouvelle-Aquitaine
30 ans de Festin, ce sont 111 numéros, soit plus de 15 000 pages et 1 500 articles publiés sur les innombrables trésors de l'Aquitaine puis de la Nouvelle-Aquitaine. Pour célébrer cet anniversaire, ce numero de rentrée présente un tour d’horizon de la région en 30 chefs-d’œuvre qu'il faut avoir vus, visités ou simplement connaître. Une déclaration d'amour au patrimoine de notre région et une célébration en images d'un territoire magnifique !
Ce numéro spécial vous fera voyager du sommet du phare de Cordouan aux profondeurs de la mystérieuse église monolithique d’Aubeterre-sur-Dronne, déambuler dans les salons de l’hôtel de Ville de La Rochelle ou d’Angoulême, dans l’exceptionnelle galerie du château d’Oiron, à l’ombre des baies du cloître de Cadouin, explorer les coulisses du théâtre Blossac de Châtellerault, les décors de la villa Arnaga à Cambo-les-Bains, l’impressionnant mur de lumière du Splendid hôtel à Dax, parcourir la voûte romane peinte de l’abbatiale de Saint-Savin sur Gartempe, les salles de la cité internationale de la tapisserie d’Aubusson, le boulevard des Pyrénées à Pau et ses formidables points de vue, et bien plus encore…
Si le patrimoine bâti a fait l’histoire de la revue, la richesse des musées régionaux a elle aussi contribué à de nombreuses (re)découvertes, des maîtres régionaux aux grandes figures de l’histoire de l’art. Ainsi, le festin vous propose son « musée imaginaire » mêlant chefs-d’œuvre, coups de cœur et réalisations inédites regroupant dans un seul et même musée : Michel-Ange, Gustave Moreau, Jeff Koons, Pierre et Gilles, Camille Claudel, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Gustave Doré, Edgar Degas, Philippe Starck, Eugène Delacroix… pour ne citer qu’eux.
MATHIEU MARSAN, rédacteur en chef adjoint du festin nous présente ce numero
"À première vue, une telle sélection peut être sujette à polémique. Trente, et pas un de plus. Pourquoi cet édifice plus qu’un autre ? Pourquoi ce département est-il mieux représenté que celui-ci ? Les 30 chefs-d’œuvre ici choisis s’inscrivent dans l’histoire d’un territoire, récemment identifié sous la bannière de Nouvelle-Aquitaine, mais qui n’a finalement pas grand-chose de nouveau, tant l’histoire du Poitou-Charentes, du Limousin et de l’Aquitaine sont intimement liées. Comme une toile d’araignée, les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle tissent depuis le Moyen Âge des connexions entre les extrémités de ce vaste territoire, de Saint-Léonard-de-Noblat à Saint-Jean-de-Luz, en passant par Saint-Savin ou Poitiers.
Du Poitou, se dégage l’exceptionnelle cohérence de son patrimoine et de ses décors romans préservés des guerres et de la Révolution. C’est le souvenir de ces guerres, de Cent Ans ou de Religion, qui marquent encore le paysage du Périgord et du Lot-et-Garonne, de Bonaguil aux éternels rivaux de Beynac et Castelnaud. Autre temps, autres mœurs, la défense d’un territoire doublement frontalier, au-delà des Pyrénées et de l’océan Atlantique, est à l’origine de l’édification d’imprenables places fortes, de l’impressionnante citadelle de Blaye, pensée par Vauban, au fort du Portalet, perché à plus de 700 m au-dessus de la frontière franco-espagnole.
Du Béarn, l’aura d’un personnage emblématique rayonne encore et toujours sur toute la région : Henri IV, depuis son château natal à Pau, jusqu’à Nérac et La Rochelle.Le patrimoine est aussi une vitrine, un outil de mise en scène qui, de l’élégante façade des quais du Bordeaux classique aux excentricités Art nouveau du pavillon du Verdurier de Limoges, ou au luxe Art déco de l’hôtel Splendid et de l’Atrium-Casino de Dax, sait faire naître, aussi bien dans les yeux de leurs contemporains que des amateurs d’art et touristes d’aujourd’hui, admiration et émerveillement.
Si les personnalités influentes de leur temps ont choisi la Nouvelle-Aquitaine comme résidence, à l’image d’Edmond Rostand à Arnaga, de la famille Gouffier au château d’Oiron ou de l’érudit Antoine d’Abbadie d’Arrast au château d’Abbadia, Henri IV, encore lui, est à l’origine de notre « septième merveille du monde » : le phare de Cordouan qui, après quatre siècles d’activité, candidate à la prestigieuse inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco
Les 30 chefs-d’œuvre de Nouvelle-Aquitaine
30 ANS POUR UN FESTIN
Edito de Xavier Rosan
À ceux qui sont partis, à ceux qui restent, à ceux qui nous ont rejoints...
"Si, de nos jours, à l’heure du tout-Unesco et du Loto cher à Stéphane Bern, la notion de patrimoine culturel apparaît comme une évidence, il n’en allait pas de même il y a trente ans, lorsque la revue le festin a vu le jour. En 1989, les Journées du patrimoine, créées par Jack Lang, malgré un succès immédiat, ne s’étaient pas encore imposées comme une valeur-repère collectivement partagée. De nombreux clivages subsistaient : pour beaucoup, le patrimoine était avant tout celui des châteaux et des églises, en cela doté de préjugés conservateurs, que l’on opposait généralement au spectacle vivant et à la création contemporaine, tandis que la frontière avec le tourisme semblait impossible à abolir – sans parler des hiatus patrimoine-histoire de l’art ou histoire-histoire de l’art...
Bref, c’était un peu, sans guère exagérer, la Préhistoire. Le festin a vu le jour sous le double patronage de l’université et du service régional de l’Inventaire (alors dépendant du ministère de la Culture, aujourd’hui des Régions). Car, en parallèle à la grande manifestation populaire, aujourd’hui européenne, de septembre, une évolution importante s’est opérée au sein des milieux de la recherche, avec l’élargissement du champ des disciplines et la prise en compte de périodes très récentes.
En Aquitaine, cela s’est par exemple traduit par des études pionnières sur les patrimoines balnéaires (la côte basque, Hossegor) ou industriels (la Gironde). Le festin a épousé la démarche de l’Inventaire, en ouvrant son intérêt de « la petite cuillère à la cathédrale », selon une formule éprouvée, c’est-à-dire à tous les types de patrimoines, prestigieux ou modestes, publics ou privés, purement utilitaires ou merveilleusement gracieux... De même, les animateurs de la revue ont d’emblée cherché à faciliter la circulation des connaissances – sans esprit de clocher malgré l’ancrage territorial. Ainsi, ils ont aussi cherché à tendre aux Aquitains (aux néo-Aquitains désormais), habitants d’un jour ou visiteurs de toujours, une image d’eux-mêmes, kaléidoscopique et changeante, faite d’une inépuisable ronde d’objets, d’œuvres, d’édifices, de gestes, de saveurs, de clameurs, qui façonnent et animent cette région si fertile, si généreuse, tellement inventive. Et cette image-là est foisonnante, mouvementée, captivante.
Aujourd’hui, c’est toujours la même passion qui nous guide car, en donnant à voir aux lecteurs, on s’instruit soi-même, on mûrit, on grandit, on s’enrichit ; en partageant des savoirs, trimestre après trimestre, on participe, modestement mais sûrement, à la grande aventure humaine de l’expérience, du partage et de l’imagination. Et, oui, trente ans après, toujours avec la même passion"
Le tout premier lancement du festin au restaurant Saint-James, à Bouliac, alors tenu par Jean-Marie Amat, ami fidèle de la revue. C'était à l'occasion du n° 2, en 1990. Au centre de la photo : Olivier Schiltz, co-fondateur. D. R