Regarder un match à la télévision lui était insupportable ; une page semblait s’être tournée. Mais au printemps 1969, son club du Stade Montois lui demande d’entraîner l’équipe première, en déroute dans le championnat. Il accepte et entame une nouvelle carrière, « sur le banc ». Trois mois plus tard, l’ouvreur titulaire se blesse gravement. Et voici qu’André est obligé de rejouer à l’âge de 35 ans !
L’équipe est composée d’une poignée de vieux briscards, dont l’immense Benoît Dauga, et de gamins de 20 ans dans les lignes arrière. L’aîné des Boniface peut profiter de ces circonstances exceptionnelles pour ouvrir un véritable laboratoire du rubgy et développer un jeu fidèle à sa philosophie : tout pour l’attaque, les cadrages-débordements, la fameuse passe croisée, un style qui repose sur le don, le mouvement et l’évitement, plutôt que sur l’affrontement… un jeu qui emporte l’adhésion des joueurs, du public, et qui va s’avérer souvent victorieux.
C’est bien ce que célèbre ce livre : un âge d’or du rugby, une histoire de renaissance, de transmission. Nourri des souvenirs personnels de l’auteur et des confessions des principaux acteurs, Boni’70 restitue une époque, une ville, un club, un jeu.
OLIVIER DE BAILLENX décrit tout le contexte local, l’époque du "rugby des copains », l’amitié, le recrutement des joueurs. Il décrit le passage au rugby d’attaque. Nourri des souvenirs personnels de l’auteur et des confessions des principaux acteurs, Boni’70 restitue une époque, une ville, un club, un jeu.
Il aime passionnément le rugby landais, assez en tout cas pour lui avoir déjà consacré un livre, Finale 63 (Atlantica, 2013), qui retrace la grande finale qui opposa le Stade Montois (avec déjà André Boniface) à l’US Dax de Pierre Albaladejo.
PROLOGUE |
Encore 5 minutes à jouer. Un point d’avance. La pluie ne s’arrête pas et ça fait déjà un moment que le terrain du stade Antoine Béguerre tient plus de la cour de ferme que du green de golf. La cuvette de Lourdes concentre les intempéries, les joueurs ressemblent à des mineurs après une journée sous terre, la boue en plus. ![]() André Boni- face la récupère. Dans les tribunes, les supporters landais s’époumonent. « Tape en touche! Touche, Touche! ». Et là, le vieux Boni, bientôt 37 ans, décide que non, pas de touche, on joue! Et il charge, sabre au clair, cuir en bandoulière avec à ses côtés les cadets, Patrick Nadal et Jean Jouglen, à peine plus âgés à eux deux que l’alerte ancêtre. Les supporters s’étranglent, d’autres ferment les yeux, tournent la tête: « on va le prendre, ce contre! ». Mais les jeunes et le moins jeune ne se posent pas de question, ils courent, autant que faire se peut dans ce cloaque. Et ils ne se débarrassent pas de la balle mal- gré les vociférations du bord de touche. Et finalement, le coup de sifflet du merle emmailloté de noir vient saluer la victoire de la brigade légère. Sueur, pluie et quelques larmes rafraîchissent les visages de ceux qui ont eu très chaud. Le succès est là, le Stade est en quart de finale du championnat de France de rugby. |