Jardins Extraordinaires en Nouvelle-Aquitaine - Le Festin #105

Le Festin vous propose dans ce nouveau numéro une variation printanière autour des jardins côtiers, ruraux et urbains de la Nouvelle-Aquitaine. À l'arrivée des beaux jours, ces verdoyants espaces naturels ou modelés par l'Homme arborent leurs plus beaux visages au grand plaisir des visiteurs.

La nature reprend ses droits dans ce festin de printemps
La nature reprend ses droits dans ce festin de printemps

Il y a les vedettes classées "Jardin remarquable" comme les jardins suspendus de Marqueyssac (Dordogne), royaume de l'art topiaire. Il y a ceux des siècles derniers qui, loin de se faire de vieux os, témoignent des traces de l'Histoire et subliment les édifices d'antan à l'image des Jardins de Compostelle à quelques encablures de l'abbaye de Trizay (Charente-Maritime).

Les plus jeunes d'entre eux ne sont pas en reste et s’installent dans des lieux insolites : sur une falaise basque surplombant ainsi l'océan (le jardin Paul-Jovet de Saint-Jean-de-Luz) ou dans un blockhaus de béton où plusieurs jardins de plantes sauvages se sont tissés naturellement (la Base sous-marine, Bordeaux). Entre ciel et terre, tous offrent des occasions d'échappées belles.

Et puis, il y a les petites mains qui veillent soigneusement sur ces espaces, les façonnent, les préservent. Ils sont paysagistes, horticulteurs, jardiniers ou potagers comme Jean-Baptiste de La Quintinie qui mît son génie au service du Roi Soleil et créa le potager de Versailles.

Jardins Extraordinaires en Nouvelle-Aquitaine - Le Festin #105

LES JARDINS DE LA VIE
Edito XAVIER ROSAN

Avant d’être extraordinaire, le jardin a été familier. Pièce de terrain attenante à la maison, à la campagne ou en ville, il assura longtemps, dans nos sociétés « o ccidentales », une part essentielle de l’alimentation familiale. Depuis quelques années, jardins ouvriers ou familiaux (apparus à la fin du xix e siècle dans leur version collectiviste et organisée) redeviennent au goût du jour, sous l’impulsion, souvent, des municipalités. On parle de jardins communautaires, de jardins partagés ou associatifs.

Jardins Extraordinaires en Nouvelle-Aquitaine - Le Festin #105De l’ombre, du fait de la petite économie qu’ils organisaient (puisque non déclarée), ces lopins individuels sont passés à la lumière, au nom du nouvel art de vivre les villes et du care . Mais, dans sa conception de nos jours la plus habituelle, le jardin est d’agrément – y compris, d’ailleurs, lorsqu’il est potager : le jardinage, jadis labeur, relève désormais essentiellement du loisir. Il est souvent public, entretenu par les services communaux et d’accès gratuit.

La plupart du temps fermé la nuit par des grilles pour éviter les trafics nocturnes en tout genre (« p our saluer la Lune 1 » ?) et les actes de vandalisme (car on y trouve des espèces rares, notamment dans les jardins botaniques, et même des animaux dans les « jardins d’ acclimatation » – ceux-là même, comme le Jardin des Plantes à Paris où, jusque dans les années 1930, on pouvait voir des « zoos humains »), il en est sans contraintes : on parle alors de promenade (Le Gravier, à Agen), de quais jardinés (Bordeaux), de mail (La Rochelle). Et puis, le jardin peut être de prestige, miroir vert des châteaux et demeures dites nobles, il apparaît souvent comme le reflet de l’ego de son propriétaire visionnaire, ici Versailles, là Arnaga. Enchanteur, mais longtemps réservé à la jouissance de privilégiés, il accueille de plus en plus des visiteurs, payants généralement, afin d’en assurer le coû teux entretien.

À la française (ordonné), à l’anglaise (« mélodieux », il « se dodeline », comme l’a dépeint Paul Valéry), suspendu (babylonien) ou japonais (« simulacre du néant » p our Roger Caillois), le jardin, quels que soient son usage, sa composition, sa taille, s’impose souvent comme un refuge, avec un puissant sentiment d’appropriation de la part de celle ou celui qui le pratique, l’espace d’un instant (de lecture, de jeux pour les enfants – le kindergarten allemand) ou le temps d’une vie. Fragile, éphémère par définition, puisqu’il nécessite d’être constamment entretenu, il embaume les esprits, imprègne les intelligences, se conserve à l’état mental comme le jardin secret qu’il est avant tout. Ainsi est-il, avec ou sans « c anards qui parlent anglais » (Charles Trénet), en tout temps et en tout lieu, extraordinaire.
1. Charles Trénet, Le jardin extraordinaire

Jardins Extraordinaires en Nouvelle-Aquitaine - Le Festin #105

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