Le Festin #104 - Stars & lieux mythiques

Le Festin Noël vous convie à une visite de la Nouvelle-Aquitaine guidée par les personnalités du cinéma, du théâtre et de la chanson. Des stars actuelles de la pop culture aux "vedettes" d’antan, tous ont en commun un ancrage local décisif dans ....

D’un continent à l’autre, le festin ose renouveler votre regard sur notre patrimoine… en vous proposant un numéro qui brille !
D’un continent à l’autre, le festin ose renouveler votre regard sur notre patrimoine… en vous proposant un numéro qui brille !

.... leur accomplissement artistique. À Cambo dans le Pays basque, de grandes vedettes internationales, dont Sarah Bernhardt (la toute première à accéder à la notoriété mondiale), avaient établi un cénacle en plein champ, préfigurant certaines discrètes retraites « people » d’aujourd’hui, telles qu’aux Portes-en-Ré, où le gratin du cinéma intellectuel français trouve refuge chaque été : nous vous proposons une immersion sur le terrain dans un exercice de style piquant, le croquisreportage.

Le cinéma a les faveurs des pages de ce nouveau numéro publié le 22 novembre. Ils nous permet d'accompagner Jean-Paul Belmondo et Jeanne Moreau à Blaye, théâtre du tournage épique de Moderato Cantabile (d’après Marguerite Duras), ou encore Danielle Darrieux, née à Bordeaux, figure séculaire du 7e art qui eut à subir les désagréments de la célébrité, notamment pendant la Seconde guerre mondiale… Des revers qui traversent souvent nos récits, par exemple tels qu’ils se sont manifestés dans le milieu culturel à l’égard d’une exposition au CAPC en 1979, consacrée à notre Johnny Hallyday national.

le festin 104e
Danielle Darrieux (1er mai 1917 – 17 octobre 2017) - Jeanne Moreau (23 janvier 1928 – 31 juillet 2017)

Par définition, la star – un artiste, le plus souvent actrice ou acteur – est un individu à l’origine lambda que l’image sublimée auprès du public (via le cinéma, le théâtre jadis, la musique, la télévision ou le sport aujourd’hui) transforme en être chimérique, inabordable, impalpable, baigné dans un halo de mystère. Hors-sol. Hollywood au xxe siècle, la Toile de nos jours figurent les Olympe modernes où des héros, des déesses et des dieux incarnent l’idéal de « la masse ». La popularité, plus encore que le talent, sont les moteurs de ce processus qui change un monceau de glaise en statuette pailletée.

Mais, de même que nous savons désormais – grâce à Alain Resnais et Chris Marker – que « les statues meurent aussi », le statut de « star », en vérité, peut s’avérer fragile.

Festin 104b

DU BEAU MONDE édito par XAVIER ROSAN

Oui, les étoiles meurent aussi.

« Revenons à cette image respectable que vous donnez de mon pays [la France], Mme Deneuve. Ce côté par moment, m’hallucine. Il y a comme une espèce d’aliénation étrange, vous êtes hors territoire. Vous êtes une star. » Actuel, septembre 1987

Pour de vrai : citons James Dean, décédé alors même que sa carrière cinématographique n’avait pas commencé, ou Marilyn Monroe, disparue au faîte de sa gloire. Leur fin, aussi tragique que prématurée, assure à leur postérité un stationnement longue durée au parking des anges (car le drame sied à la star). le festin 104cPour de faux aussi : combien de vedettes éphémères, dont le règne se compte en poignée(s) d’années, de semaines, sinon de jours, peuplent les magazines de cinéma ou les pages people depuis que le phénomène de starification a commencé (circa fin xixe) ?
Une hécatombe perpétuelle de noms jadis célèbres sombrés dans l’oubli le plus profond, et dont nul ne se soucie (sinon d’improbables mais ô combien précieuses groupies vintage).
De fait, la multiplication à l’infini et à une vitesse vertigineuse des réseaux de réseaux sur le Web accélère la banalisation de l’« état de star », voire contribue, par un effet concentrique inverse et pervers de mise à nu, à le rabaisser au rang d’antistar (monsieur ou madame tout-le-monde). Néanmoins, tant qu’il y aura des hommes… et des femmes, la star demeurera. Peu importe son délai de péremption.
L’idéal, plus que l’espoir, fait vivre. Les chambres des adolescents sont peuplées d’images sucrées ou romantiques, de même que les alcôves mentales de leurs parents. La raison en est simple : ces créatures divines que nous chérissons véhiculent une substance qu’elles seules peuvent nous procurer et qui a pour estampille l’intraduisible terme anglais de glamour, que le français associe inévitablement à amour. L’ensorcellement n’en est, pour nous, que plus profond.

La Nouvelle-Aquitaine n’est pas Hollywood, certes, mais elle n’en a pas moins attiré des étoiles (et le « phénomène » continue), dont le sillage ineffable et qui se moque du temps et des modes nous a laissé des traces, des secrets. Bienvenue dans le monde merveilleux du rêve, lequel un jour a été réalité, et l’est peut-être, sans doute, encore. •

le festin 104d

Le festin - 176, rue Achard - Zone d’activités Achard - Bât. F1 - 33300 Bordeaux - www.lefestin.net