... Jean-René Oudenot, a aimés follement. "La Bécasse dans les landes de Gascogne - Chasse et braconnage depuis le XIXe siècle" de Jean- René Oudenot vient tout juste de paraître aux éditions ATLANTICA.
Que le titre du livre ne vous mette pas sur une fausse route, car l'ouvrage ne parle pas seulement de la bécasse mais aussi de la chasse à la palombe et de la passion des chasseurs pour ces oiseaux, et fait surtout la chronique de Landais truculents.
Loin de n'évoquer que la bécasse, l'ouvrage parle aussi de la chasse à la palombe et de la passion des chasseurs pour ces oiseaux, célèbre le patois gascon, chronique la vie du village de Bougue et dresse le portrait de Landais truculents.
Filant les histoires et les anecdotes, il nous présente quelques chasseurs, tous authentiques personnages et parfois illustres braconniers. Parmi eux, le portrait haut en couleur de son ami, Jean Gourgues, dit « Jean de Blazion ».
Mais la force de ce récit, à la fois personnel et didactique, c’est de transmettre les ingrédients si variés d’une passion, en convoquant, pêle-mêle, les références littéraires, le patois et le bel argot. On trouvera également dans cet ouvrage de précieuses informations sur l’histoire des Landes et son évolution tout au long des deux derniers siècles. Quant aux magnifiques aquarelles de Dominique Pizon, elles restituent le décor d’une tradition dont les hommes s’honorent à juste titre.
Jean-René Oudenot célèbre ce paysage plein de parfums, de mystères, de pins dépassant des brumes, un territoire qu'il a aimés follement. Il rend aussi hommage à son ami Jean Gourgues, dit Jean de Blazion, personnage haut en couleur, mentor et chasseur passionné qui a initié l'auteur à ses secrets.
Ce récit est donc à la fois personnel et didactique, il convoque pêle-mêle, les références littéraires, le patois et le bel argot gascon et offre un éclairage sur l’histoire des Landes et son évolution durant les deux derniers siècles. Un livre riche en anecdotes magnifiquement illustré par les aquarelles de Dominique Pizon.
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Extraits Jean de Blazion
A la fois « gouaille » et très littéraire
« La bouteille vidée, un verre culotté par un ancien dépôt lui tenait compagnie. Jean de Blazion s’éclipsa un instant pour remplir à nouveau la bouteille dans une pièce obscure ; il y faisait noir comme chez le diable. Le cépage Chambourcin produisait un vin chargé en tannins, les verres non lampés en étaient imprégnés. Il en posa deux autres et nous servit. Le pinard riait dans les contenants… » (page 28)
« C’était là, à cette table que nous discutions assis l’un en face de l’autre. Avec une dextérité de cow-boy, il roulait sa cigarette entre ses doigts terreux. Et plus le temps passait, plus il tirait sur celle-ci. Qu’importe s’il n’en restait qu’un modeste centimètre et qu’elle fut gorgée de salive, il la rallumait sans répit pour une seule bouffée de fumée. » (page 29)
« Malgré la fatigue de ses vieilles jambes d’octogénaire, tous les matins que Dieu pouvait faire, Jean partait. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, muni d’esclops (sabots) ou les pieds nus dans la fougère, il se mettait à la recherche d’éventuels animaux qui eussent rodés autour de sa masure. Une fois de retour, il se chauffait les nougats devant les braises incandescentes du foyer. » (page 38)
« Ce jour-là, je trouvai trois bécasses… J’en offris deux à Jean. Arrivé à « Blazion », je sortis de ma veste de chasse une bécasse, puis mes doigts saisirent la seconde tenue par le bec, alors la joie du vieil homme fut à son comble. Il les prit, et dans ses mains endurcies et âpres, les caressa, ses doigts glissant délicatement sur les plumes mordorées comme s’il effleurait la parenthèse d’amour d’une dulcinée ! Il s’assit en coin de table, et en guise de gratitude, posa un verre vide en le tapant fortement du cul ! » (page 35)
Extrait connaissance scientifique sur la chasse
« Le latot était basé sur de fines et flexibles tiges de sorgho (milh de balaja) sur des tiges principales de genêts (ginesta ou gesta) débarrassées des pousses et enduites de glu, que Jean prélevait dans les champs cultivés ou dans son pinhadar. Le genêt très répandu dans la lande (arbuste très ramifié aux fleurs jaunes, doté de brins verts et anguleux) permettait à la glu consistante d’adhérer sur les parties ligneuses, ou sur les pailles de sorgho servant à la fabrication des balais. » (page 134)
Extrait moment de chasse
« Au diable les affirmations des anciens qui recommandaient de ne pas sortir un jeune chien trop tôt, l’humidité était supposée être préjudiciable à leur santé, pouvant provoquer des douleurs rhumatismales précoces. Dans la chaleur étouffante du marais asséché où je me trouvais, « Uva » se comporta d’une façon impériale : trois faisans bloqués dans un style inhérent à sa race, rapport naturel, le nec plus ultra !
Dans un jeune semis de pins de 50 cm de hauteur, « Uva » libre d’action, arrivant à bride abattue dans son allure naturelle, se retourna, fit un demi-tour dans un arrêt spectaculaire sur une compagnie de rouges sauvages. Après cet arrêt cataleptique, ceuxci s’envolèrent, je tirai et fis le doublé ! La chienne emportée dans son élan suivit les rescapés sur 300 mètres, les arrêta de nouveau, puis revint, exténuée, aux sifflets que j’émettais. Ne s’étant pas rendu compte que les pièces tuées gisaient au sol, elle fit un roulé-boulé pour arrêter les gallinacés occis. Les jeunes chiens qui manquent d’expérience prennent des poses d’arrêt sur le gibier mort par manque d’habitude. »
« J’avais décroché le gros lot. Et, tout compte fait, la valeur n’attend pas le nombre des années ! » (page 242)