En ce début de XXIème siècle nous sommes saisis de peur, d’indignation, perdant des repères qui pourtant avaient accompagnés toute notre existence. Les grandes épidémies, les guerres, et même le mensonge institutionnalisé, nous en avions une connaissance, mais l’idée de les vivre au quotidien… !
Notre cerveau est touché. Notre psyché est atteinte. Sans doute, la psychologie, mais pas n’importe quelle psychologie, la psychologie positive, est une précaution à se procurer, voire une arme à fourbir. Son impact, la résilience induite, la force retrouvée, peut se déployer à l’échelle de chacun, mais aussi avoir des effets collectifs, régénérer un esprit collectif, une espérance partagée.
C’est en tous cas ce que nous pensons et projetons pour des acteurs très divers.
Sauver son esprit avec la psychologie positive est un titre qui peut paraître un peu bizarre face aux événements que nous vivons. Qu’est-ce que la psychologie peut sauver, et plus étonnant encore la psychologie positive ? Allons-nous passer une couche de rose sur des événements dramatiques ? Construire artificiellement des représentations positives par-dessus le malheur ? Pas du tout. La psychologie positive ne consiste pas à nier les souffrances, mais à s’armer pour les surmonter. Elle ne consiste pas à refouler les émotions, mais à les accepter tout en les mettant suffisamment à distance pour bien les comprendre et s’en servir positivement. C’est une psychologie qui concerne les personnes individuellement mais aussi les collectifs, les groupes, les institutions. Et à tous ces niveaux, elle vise à visiter, scruter, comprendre, le réel… et à l’accepter. L’accepter non pour rester impuissants, mais au contraire pour entrer en interaction avec lui, au profit de ce qui est résiliant, de ce qui nous donne de la force, qui nous fait avancer et nous donne ou redonne confiance.
Vous vous questionnez : sommes-nous visés par la guerre et quelle guerre ?
Oui, nous le sommes, en tant qu’êtres humains, proches du lieu de conflit, et chargés, saturés, d’émotions. Nous sommes face à une réalité de guerre en Europe, avec toutes ses conséquences possibles et largement incertaines. La psychologie positive, sa portée, son exercice, peuvent nous aider. Aujourd’hui, brusquement, nous avons, nous aussi, besoin d’armes pour nous défendre. Nous défendre contre une guerre qui vise nos cerveaux, notre capacité à comprendre, à trouver des points de repères valides, et encore à agir sur les événements, au moins certains de leurs aspects, alors que tout est fait pour que nous nous sentions impuissants.
Nous sommes les cibles des événements déclenchés, voulus, par la Russie. Nos cerveaux, les populations européennes dans leur ensemble, et non pas seulement les Ukrainiens, sont visés par cette entrée en guerre. Cela s’appelle la guerre cognitive, qui vise notamment à brouiller la connaissance, à faire douter des points de repère que nous avons. Cela dépasse la guerre conventionnelle, mais la guerre cognitive s’invite d’évidence dans cette guerre-ci. Notre psychologie, individuellement et collectivement est impactée, ébranlée. Et nous savons bien que le XXIème siècle invente bien mieux que ce qu’on appelait jadis la propagande. Le numérique, les réseaux sociaux, sont explicitement, techniquement, systématiquement, les lieux de toutes les manipulations. Pas seulement au service du marketing. La Russie, particulièrement, cherche à manipuler des élections, à influer en interne dans nos pays. De nouveaux moyens existent, jusqu’à créer, même de l’extérieur, des événements dans d’autres pays. Mais ce n’est pas parce que cela vient de très loin, de très puissant, d’une autre sphère que celle de l’individualité, que nous devons rester passifs.
Rester acteurs de notre propre existence
Nous sommes visés, nous aussi, directement, mais il est crucial de se retrouver acteurs. En dépendent notre santé mentale, notre capacité à agir, à rester associés à notre propre destin, à se construire une cohérence. Je ne parle pas d’une influence directe que nous pourrions avoir sur la guerre réelle, physique, en Ukraine. Je parle d’une entrée en résistance de chacun d’entre nous, tous ceux qui n’avaient, voici quelques semaines, aucune idée, pas même le début d’une pensée, d’un doute fugitif, quant à une possible guerre en Europe, quant à une possible menace nucléaire qui nous concernerait (encore que, le nucléaire, lui, habitait notre conscience… pour nous rassurer car « dissuasif »).
Nous vivons, de manière totalement inattendue, et absurde, dans un contexte de guerre. La réalité est là. Et notre condition humaine, quelque soit notre âge, notre sexe, notre niveau social, d’étude, etc. se trouve en danger.
Des exercices pour se renforcer
La clé de la psychologie positive, s’il s’agit bien de la mettre en œuvre, de s’en servir dans son existence (individuellement et collectivement) : c’est de
Puis de pratiquer des exercices ! C’est une sorte de gymnastique du cerveau. Au départ, pas exactement une volonté, mais plus que cela : une intentionnalité, l’intention bien ancrée de s’ouvrir, de se mouvoir pour évoluer vers un autre état d’esprit, un regard nouveau sur la réalité.
Quelques exemples d'entraînements :
- Les émotions positives : ne les laissons pas filer. On en rencontre chaque jour, elles existent bien dans notre vie… mais oui ! Alors, identifions-les, mémorisons-les, mettons-les en histoires pour qu’elles jalonnent positivement notre histoire de vie. Bien des exercices sont possibles dans ce sens. La reconnaissance. Elle se réapprend ! Le savoir-dire merci, l’appréciation (une belle journée), « apprendre à percevoir le monde… et cette perception peut révéler bien des surprises », nous dit Lisa Garnier dans son livre « Psychologie positive et écologie. Elle explique que « la reconnaissance cultivée améliore sensiblement les relations interpersonnelles et la santé physique et morale ».
- Notre posture vis-à-vis du réel : au lieu d’accueillir la réalité comme si elle venait d’un ailleurs impénétrable, nous pouvons la co-créer. La relier à une vie riche de sens et de potentialités, et non plus aux seuls événements difficiles. Et nous pouvons nous entraîner à un engagement de nous-même dans la réalité.
Nos interactions avec les autres : analysons ce qu’elles sont, évaluons ce qui est toxique, estimons ce qui est positivement précieux… pour cultiver le meilleur, le consolider, l’utiliser dans les moments difficiles, ou inversement se mettre à l’abri du négatif, du déprimant, de l’esprit catastrophique. Dans le champ du relationnel des entraînements très divers, très riches sont proposés. Des spirales vertueuses se mettent en place. Le bonheur se trouve sur le chemin.
- Un travail sur le sens de l’existence. Pas une réflexion métaphysique. Encore que. Le sens c’est une direction, une signification, et une cohérence. Comment souhaitons-nous orienter notre vie (quel est notre « Orient ») ? Qu’est-ce qui est réellement significatif, qui donne du sens, de la couleur, à notre vie ? Et est-ce que tout cela relève d’une cohérence, indique une unité de soi, un centre, la possibilité de réellement « se centrer » ?
- Certains contextes vous portent vers le positif, vers une mutation heureuse. Ainsi, Lisa Garnier nous propose l’écologie, une relation émotionnelle à la nature vivifiante, dans son livre foisonnant. Une très grande diversité d’actions et d’entraînements sont alors à portée, offertes à notre intention de bonheur partagé. L’arbre, la marche, la diversité biologique, et la diversité émotionnelle, l’envie de jouer, nos animaux domestiques, et l’échange des regards, la beauté des paysages et l’effet « waouh »…
En pratique
Tous ces thèmes, dont peut se saisir un parcours de psychologie positive, se déploient en moulte entraînements, que nous vous proposons par ailleurs : Pratiquer des exercices de psychologie positive n’est en rien dérisoire dans les circonstances actuelles. Cela fait partie de ces mesures dont on nous dit ensuite : on aurait pu y penser avant ! Ce n’est certainement pas une solution magique face aux événements. Mais c’est un levier pour y faire face. C’est aussi une façon de se montrer courageux, d’affronter le réel et de projeter autre chose qu’une vision catastrophique (dans sa tête, on ressasse le pire) ou qu’une vision dépressive, léthargique, paralysée (de toute façon on n’y peut rien).
Et puis, pensez à ce qui peut sourdre de ces pratiques positives, de cet entraînement à distinguer avec pertinence et positivité ce qui fait notre contexte, les événements, les rencontres, les émotions… De cette co-construction positive du réel. De ces nouvelles habitudes, positives cette fois, individuelle mais aussi collectives, par capillarité, ou par travail avec des groupes, des institutions.
SOURCE : exercices d’entraînement à une psychologie positive proposés par la société EVALIR