Ça devient un marronnier, chaque année, le passage des grues cendrées dans un sens annonçant l’arrivée des beaux jours et lors de leur retour des pays nordiques afin de s’éloigner des grands froids. Un passage en ligne donc, et en V, car c’est ainsi qu’ensemble elles volent. Les grues cendrées, ce sont les oiseaux les plus grands d’Europe avec une envergure allant jusqu’à 2 mètres 40 d’un bout de l’aile à l’autre, et 1 mètre 40 du bout des pattes au bout du bec.
Pour avoir la chance de les voir passer, il faut être à l’écoute et ce sont souvent leur craquètement caractéristique qui nous fait lever la tête et détourner le regard vers le ciel pour admirer le spectacle impressionnant de ce vol majestueux bien organisé et les suivre jusqu’à ne plus les voir, comme captivé par cette migration bi-annuelle, synonyme dans notre inconscient de voyages qui nous sont si chers.
Il y a dans leurs vols une sauvagerie et une langueur amoureuse qui se communiquent à toute la faune présente. — (Michel Tournier). Pour les oreilles aussi. Ont dit d’elles qu’elles claquettent, craquent, craquètent, glapissent, trompettent… Une amie linguiste me dit que ce mot appartient à la catégorie des « archétypes sémantiques », c’est-à-dire qu’on lui prête tant de sens, qui dépendent de leur contexte, qu’en quelque sorte on a volé sons sens au mot « grue ». Mais voici la vraie question, pour ceux qui veulent entendre vraiment la nature : que nous disent-elles, les grues cendrées, celles qui partent pour passer l’hiver dans le sud de l’Espagne ou en Afrique du Nord ?