Changement climatique dans les Pyrénées : course au sommet pour les lézards

Dans les Pyrénées, la hausse des températures engendrée par la crise climatique menace les lézards de montagne tels que le lézard de Bonnal. Endémique de l'ouest de la chaîne pyrénéenne, on ne le rencontre nulle part ailleurs dans le monde. Cette espèce concentre les inquiétudes des scientifiques. Modification de son habitat naturel, concurrence avec ....

Endémique des Pyrénées et perché à 2 000 m d'altitude, le lézard de Bonnal est menacé par le changement climatique - Photo : M. Berroneau - Cistude Nature
Endémique des Pyrénées et perché à 2 000 m d'altitude, le lézard de Bonnal est menacé par le changement climatique - Photo : M. Berroneau - Cistude Nature

... d'autres espèces qui gagnent en altitude, baisse d'activité - et donc de reproduction - pour se protéger des chaleurs... les risques sont multiples et pourraient conduire à des extinctions locales.

L'ouest de la chaîne pyrénéenne abrite un reptile adapté aux conditions extrêmes du milieu montagnard. Le lézard de Bonnal – Iberolacerta bonnali – vit ici depuis 4 millions d'années, a été découvert en 1927 et n'est présent nulle part ailleurs dans le monde. Mais l'accélération du changement climatique depuis la révolution industrielle menace le lézard le plus montagnard de France. Depuis 2016, les scientifiques du programme Les sentinelles du climat surveillent de près ces lézards gris pyrénéens et les données récoltées sont inquiétantes.

Le risque de concurrence du lézard des murailles

Le lézard de Bonnal est présent dans les éboulis rocheux de montagne entre 1800 m et 3400 m. Le très commun lézard des murailles – Podarcis muralis -, présent partout en France en plaine, s'observe quant à lui jusqu'à environ 2000 m.Site d'Arrious - carte de chaleur des observations en 2011, 2016 et 2019 En 8 ans, le lézard des murailles a gagné plus de 120m d'altitude et côtoie désormais l'endémique lézard de Bonnal

Avec la hausse des températures, ce dernier progresse par endroit de plusieurs dizaines de mètres en altitude et la haute montagne semble devenir favorable à cette espèce des milieux plus "tempérés".

Le lézard de Bonnal y cotoie désormais son cousin des plaines et les scientifiques craignent une concurrence qui serait défavorable à l'espèce endémique.

En effet,  depuis le début du programme, les naturalistes de Cistude Nature quantifient l'évolution des effectifs et de la répartition des 2 espèces en fonction de l'altitude.  Sur les 4 sites d'étude répartis entre la vallée d'Ossau et la vallée d'Aspe, 3 passages sont réalisés chaque année.

Un site cristallise les inquiétudes des scientifiques : le lézard des murailles y a gagné plus de 80 m d'altitude en 2 ans. Un passage antérieur au début du programme porte même cette remontée à plus de 120 m depuis 2011.

La baisse de la reproduction

Autre suivi, autres données. A mesure que les températures augmentent avec le changement climatique, les scientifiques craignent que le taux de reproduction du lézard de Bonnal diminue et que ses populations subissent des extinctions locales. Car le reptile est tributaire de la température de son environnement pour être actif, se nourrir et acquérir l'énergie nécessaire à la reproduction.

On le considère ainsi comme inactif lorsque l'air est trop frais pour entrer en activité, ou à l'inverse lorsque les chaleurs sont trop fortes et qu'il se réfugie à l'ombre sous un rocher. A l'aide d'avatars de lézards et de sondes thermiques, les scientifiques de l'Université de Pau et Pays de l'Adour travaillent alors à définir sa période d'activité. Une fois cette donnée connue, les chercheurs seront à même de cartographier l'évolution de la répartition des populations du lézard de Bonnal à l'aide de travaux de modélisation.

Installation modèle biomimétique F. Mazzocco Mauvaises Graines
Les  scientifiques déterminent la période d'activité du reptile à l'aide d'avatars de lézards équipés de sondes thermiques - Photo : F. Mazzocco - Mauvaises Graines

Les sentinelles du climat

Porté par l'association Cistude Nature, ce programme scientifique évalue les effets du changement climatique sur la biodiversité de la Nouvelle-Aquitaine. Lancé en 2016 pour une durée de 6 ans, il s'appuie sur une vingtaine d'espèces ou groupes d'espèces peu mobiles et réparties dans des écosystèmes sensibles de la région. Incapables de «fuir», ces sentinelles du climat sont sensibles aux modifications de leur environnement. Elles devront s'adapter au changement climatique ou disparaître localement.

Pour mener ces recherches, Cistude Nature est entourée d'une quinzaine de structures partenaires, des associations, des conservatoires, des laboratoires de recherche, qui participent aux travaux d’acquisition des connaissances, d’analyse et de restitution. Le programme s’appuie également sur le développement d’outils de médiation pour diffuser l’information scientifique auprès du public.

Il est soutenu par l’Union Européenne dans le cadre du FEDER, la région Nouvelle-Aquitaine, le Département de la Gironde et le Département des Pyrénées-Atlantiques.

Plus d’informations sur le programme Les sentinelles du climat sur le site internet www.sentinelles-climat.org

+ d'infos du Sud Ouest

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