Beaucoup de films réalisés en Nouvelle-Aquitaine ont fait parler d’eux. « La tortue rouge », entièrement réalisé à Angoulême et co-produit avec les légendaires studios Ghibli au Japon, a déjà reçu le Prix du Jury à Cannes dans la catégorie “Un Certain Regard” en 2017. C’est également le seul film inclu dans le programme des 3 dispositifs école/collège/lycée des étudiants en option cinéma en 2018. « Ma vie de courgette », partiellement fabriqué à Angoulême, a été distingué par deux Césars et le Prix du film européen du meilleur film d’animation. « La fameuse invasion des ours en Sicile » de Lorenzo Mattotti (2019),un film d’animation adapté du roman jeunesse de Dino Buzzatti produit par la société angoumoisine Prima Linea, a hérité de deux sélections prestigieuses : au Festival de Cannes 2019 dans la catégorie “Un Certain Regard” et au Festival international du film d’animation d’Annecy 2019 en Compétition officielle. Il en est de même avec « L’Extraordinaire voyage de Marona » d’Anca Damian (2019) sélectionné à Annecy en 2019, produit notamment de la société de production bordelaises Marmitafilms (Midralgar).
L’écosystème Angoumoisin
Au début, il y avait le Festival de la bande dessinée d’Angoulême, l’Ecole des Beaux-Arts et une tradition de fabrication du papier. Au fil des années, l’ensemble a créé une synergie qui a fait boule de neige grâce au soutien continu des communautés locales. Quelques studios d’animation se sont installés, puis d’autres, soutenus par la section BD de l’Ecole des Beaux-Arts puis plus tard par le programme d’animation organisé par l’école... Le Pôle Image a été lancé.
Depuis 1997, Magelis a consolidé tous les acteurs du secteur. Aujourd’hui, Angoulême est le deuxième centre de production d’images animées en France, juste derrière Paris.
« 100% d’embauche à la sortie d’école »
« C’est un fait peu connu en dehors du secteur, mais l’animation est une industrie en plein essor. Les entreprises ont des commandes jusqu’en 2021-2022 et n’ont pas assez de personnel pour les honorer », explique François Belenguer.
Quarante-cinq pour cent des séries télévisées d’animation diffusées sur les écrans nationaux sont réalisées en Nouvelle-Aquitaine. Ce chiffre n’a cessé d’augmenter ces dernières années, car le nouveau crédit d’impôt a stimulé la compétitivité des emplois locaux et rapatrie des secteurs de production entiers des pays asiatiques.
« Les studios préfèrent engager des professionnels de l’animation français qui ont un meilleur savoir- faire. Les résultats sont incomparables. Il y a une touche française qu’on ne trouve pas ailleurs », ajoute François Belenguer. « Nous avons un taux d’embauche de 100% pour les diplômés ».
Plus largement, en ajoutant les écoles de Bordeaux, le secteur de l’animation est soutenu dans la région par 17 écoles qui forment 1500 étudiants (en 2, 3 ou 4 ans de cursus).
9 productions fabriquées en Région Nouvelle-Aquitaine font partie de la sélection au Cartoon Movie 2021« In Waves » (Silex Films - France) basé sur un roman graphique d’AJ Dungo sur la lutte contre l’adversité avec dignité, le surf, l’amour et l’amitié, « La vie en gros » (Barletta - Czech Republic) co-produit par Novanima Productions - France, traite des troubles du comportement alimentaire chez un jeune garçon, « Marie-Louise » (Pictak - France) où l’histoire se déroule dans la commune de Sainte Soline en Nouvelle- Aquitaine, « Mars Express » (Everybody on Deck - France) une enquête dans le cadre de voyages spatiaux, « Melvile » (Need Productions - Belgium), co-produit par Creative Touch Studios et Special Touch Studios - France basé sur les romans graphiques de Romain Renard, « My Grandfather’s Demons » (Sardinha em Lata - Portugal) co-produit par MIDRALGAR - France qui réfléchit sur la solitude et le rythme de la vie contemporaine, «Les Oiseaux de Porcelaine » (Miyu Productions - France) qui traite des défis interculturels, « Trip to Teulada » (Isla Productions - France) co-produit par 2d3D Animations - France qui relate la rencontre de deux immigrantes d’origines et d’époques différentes, qui vont s’entraider et enfin « Unicorn Wars » (Abano Productions - Spain) co-produit par Autour de Minuit - France, UniKo - Spain and Schmuby / Borderline Films - France, where teddy bears and unicorns battle it out. |
Le soutien des collectivités
L’animation est le secteur de l’industrie cinématographique et audiovisuelle française qui affiche les meilleurs chiffres à l’exportation car les films ont une durée de vie assez longue. Mais ils sont aussi les plus difficiles à produire à cause de la spécificité du secteur, du coût de fabrication très élevé, 8 millions d’euros en moyenne contre 3 millions d’euros pour un film en prises de vues réelles, et du temps de production - plus de 3 ans. L’animation est coûteuse car elle nécessite une main-d’œuvre importante : de la mise en page à la composition en passant par l’éclairage ou les décors, chaque film mobilise une armée de techniciens spécialisés.
« En raison de ces coûts élevés, les fonds sont très rares : CANAL+, France 3 Cinéma, Arte avec un film par an. La coproduction internationale est donc la règle. »
La Région investit 2 millions d’euros dans le secteur de l’animation, soutenue par le CNC et le département de la Charente (1 758 000 € pour le secteur de l’animation sur un budget total du fonds d’appui de 2 250 000€, CNC inclus) dispose d’un budget similaire pour soutenir le secteur. Pour chaque tranche de deux euros que la Région consacre au soutien à la production, le CNC ajoute un euro.
La Nouvelle-Aquitaine dispose du premier fonds de soutien à l’animation en France. C’est un vrai plus pour permettre le démarrage d’une production car l’argent des collectivités locales est « de l’argent réel », explique Christophe Jankovic, et non une promesse d’achat de la part d’un distributeur. « C’est souvent le soutien des autorités locales qui permet de finaliser un budget. Le défi pour les années à venir sera de renforcer ce système».
Pour Catherine Esteves, directrice générale de Les Films du Poisson Rouge, créé et implanté dans la région en 2008, « le fonds de soutien est un partenaire privilégié. Privilégié parce que fidèle. Privilégié parce qu’il connaît bien l’entreprise et les projets. Même si nous ne pouvons pas savoir à l’avance lorsque nous déposons un projet s’il sera suivi ou non, nous avons l’assurance qu’il sera étudié sous un prisme bienveillant et très professionnel ».
Animation et jeux vidéo, une belle complémentarité
Il existe un lien fort entre la région Nouvelle-Aquitaine et le jeu vidéo, qui accueille pas moins de 110 entreprises représentant plus de 1000 emplois. Si le tissu régional est principalement composé de structures de moins de 10 salariés, il existe des entreprises phares et aujourd’hui leaders dans le secteur (ex. Asobo, premier développeur indépendant français ou Ubisoft), l’écosystème est particulièrement favorable au développement de ce secteur d’activité avec des formations de renommée nationale et internationale (ex. CNAM-ENJMIN) et la présence d’associations professionnelles spécialisées (SO Games). Suite à l’adoption de la feuille de route numérique par la Région Nouvelle-Aquitaine en juin 2018, le secteur du jeu vidéo est l’une des priorités régionales.
LA MÉCA, nouveau lieu emblématique de la culture
Inaugurée en juin 2019, la MECA - Maison de l’économie créative et de la culture, est située quai de Paludate à Bordeaux, sur les bords de la Garonne près de la gare Saint-Jean. Le site MECA regroupe le Frac Aquitaine (Fonds régional d’art contemporain) et les deux agences culturelles régionales : ALCA (Agence du livre cinéma- tographique et audiovisuel) et OARA (Office régional de l’art - spectacle vivant). Ce centre de création a été conçu comme un véritable pôle de création et de production artistique régional où se retrouvent réalisateurs, producteurs, plasticiens, chorégraphes, comédiens, auteurs, éditeurs et où les citoyens seront au coeur de la création contemporaine et de l’art en devenir. Maison de l’hybridation artistique, la MECA incarne le soutien des secteurs de la création en Nouvelle-Aquitaine.
