Concours national d’innovation i-PhD : 3 lauréats néo-aquitains

Pour sa première édition, le concours d’innovation i-PhD 2020 organisé par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et par Bpifrance, récompense trois jeunes docteurs néo-aquitains, porteurs des projets de création d’entreprise REFLECT, MYOTACT et IDEAVALUATION. 

La SATT Aquitaine Science Transfert soutient 3 porteurs d'innovations de rupture Deeptech
La SATT Aquitaine Science Transfert soutient 3 porteurs d'innovations de rupture Deeptech

Accompagnés notamment par la SATT Aquitaine Science Transfert, ces trois projets à fort potentiel sont également portés par le consortium Aquitaine French Tech Seed qui va assurer un vrai continuum dans l'accompagnement de la création de ces trois start-up Deeptech en région.

Pour répondre au défi de doubler le nombre de startups Deeptech en France, le nouveau concours i-PhD lancé par le MESRI et Bpifrance, vise à soutenir les jeunes docteurs souhaitant valoriser leurs travaux de recherche, à travers la création d’une entreprise mettant en œuvre des innovations de rupture.Visuel laureats i PhD 2020 SATT aquitaine

Sur les 29 jeunes docteurs récompensés par le concours, 3 docteurs portent un projet de création d’entreprise néo-aquitain et accompagné par Aquitaine Science Transfert :

  • Corey Butler, portant le projet de microscopie tridimensionnelle REFLECT, issu de l’Institut Interdisciplinaire de Neurosciences IINS (université de Bordeaux, CNRS) ;
  • Matthieu Guemann, portant le projet MYOTACT concernant l’apprentissage de l’utilisation de prothèses de membres supérieurs, et issu de l’Institut de Neurosciences Cognitives et Intégratives d'Aquitaine INCIA (université de Bordeaux, CNRS) ;
  • Julien Ambrosino, portant le projet IDEAVALUATION, une méthode innovante de brainstorming issue d’ESTIA Recherche.

Chaque lauréat se verra offrir un accompagnement dans son parcours entrepreneurial à travers :

  • un programme de mentorat par des entrepreneurs pour s’intégrer rapidement au sein de la communauté des entrepreneurs Deeptech ;
  • le financement d’une formation pour chercheur-entrepreneur ;
  • et enfin, l’accès à un « Summer Camp » d’une semaine dans la Silicon Valley pendant l’été 2020 pour y découvrir un écosystème emblématique.

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REFLECT réinvente l’imagerie pour la culture cellulaire 3D  

Corey Butler, jeune docteur depuis 2017 de nationalité américaine, passe sa thèse au sein de l’Institut Interdisciplinaire de Neurosciences IINS (université de Bordeaux, CNRS) où naît le projet soSPIM, rebaptisé Reflect.

Le développement des cultures cellulaires 3D est actuellement freiné en laboratoire par l’absence de solution d’analyse adaptée. En effet, les solutions actuelles sont très coûteuses et ne permettent pas un usage en routine. Aujourd’hui, la majorité des laboratoires est encore équipée de microscopes 2D. Reflect photo i PhD AST Butler

Le projet REFLECT porté par Corey Butler et ses associés [1], consiste à développer et commercialiser un système de microscopie conçu spécifiquement pour ces cultures tridimensionnelles. Il s’agit d’un dispositif optique adaptable aux microscopes de laboratoire actuels, couplé à des boites de cultures et à un logiciel d’exploitation dédié. REFLECT rend ainsi la biologie tridimensionnelle rapide et facile d’utilisation. 

Les systèmes d’imagerie actuels, tels que les microscopes confocaux ou spinning-disk, envoient trop de lumière sur les échantillons biologiques, ce qui les détériorent. Un autre système, dit à « feuille de lumière », permet quant à lui de préserver l’échantillon en n’éclairant que la partie observée, mais cela nécessite une préparation spécifique et très complexe de l’échantillon. La technologie REFLECT repose sur une combinaison de ces trois systèmes les plus utilisés aujourd’hui en imagerie 3D : tirant profit des avantages de chacun, elle offre des capacités uniques en termes de vitesse d’analyse, de volume d’échantillons, de résolution 3D, le tout sans endommager les cellules. Une prouesse technologique, alliant des compétences internationales [2] en optique, en microfabrication, en informatique et en biophysique. 

« Pendant ma thèse en bio-imagerie, j’ai constaté qu’il existait un grand écart entre les besoins des utilisateurs de microscopes et les solutions de leurs fabricants. J’ai donc développé des outils de microscopie et des logiciels d’analyse d’images, en collaboration directe avec des biologistes de l’IINS », précise Corey Butler.  

 « Maintenant, j’ai envie de passer à plus grande échelle : créer de nouveaux produits et services qui simplifient et accélèrent la R&D en biologie. L’écosystème français facilite la création de start-up technologiques avec d’excellents dispositifs d’accompagnement et de financements comme ceux de la SATT Aquitaine, de la région Nouvelle-Aquitaine ou de Bpifrance. Ce prix iPhD est une belle opportunité de nous ouvrir maintenant à l’écosystème national ».

Actuellement en incubation au sein de la SATT Aquitaine Science Transfert, ce projet est également soutenu par UNITEC et le CNRS Innovation. 

[1] Jean-Baptiste Sibarita, Rémi Galland, Virgile Viasnoff, Gianluca Grenci
[2] L’Université Nationale de Singapour a permis l’intégration du système optique innovant dans un dispositif simple et adaptable à la microscopie actuelle.

En savoir plus sur reflectbioimaging.com

MYOTACT, pour faciliter l’utilisation de prothèses de membres supérieurs

Matthieu Guémann soutient sa thèse en 2019 dans l’équipe Hybrid au sein de l’Institut de Neurosciences Cognitives et Intégratives d'Aquitaine INCIA (université de Bordeaux, CNRS, Ecole Pratique des Hautes Etudes) avec le concours de la Direction Générale de l’Armement, avant de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.   

IDEAVALUATION, l’intelligence artificielle pour dynamiser la créativité collective

Passionné d’innovation industrielle et de conception, Julien Ambrosino, chercheur au sein d’ESTIA Recherche, entreprend une thèse en 2014 au sein du pôle de compétitivité Aerospace Valley sur les méthodes de créativité et d’innovation, qu’il obtient en 2018. 

Fort de diverses expériences dans des environnements d’experts en innovation, Julien Ambrosino identifie des besoins d’accompagnement pour structurer les projets innovants et leurs séances collectives de brainstorming.

« En comptant une moyenne de 7 idées par personne lors d’une séance de créativité d’environ 20 personnes, on arrive vite à une centaine d’idées en fin de séance, généralement écrites sur des notes autocollantes qu’il faut déchiffrer, classer, répertorier puis synthétiser. C’est une perte de temps et d’informations considérable qui aboutit généralement à un défaut de prise de décisions pertinentes », explique Julien Ambrosino.

Le projet IDEAVALUATION vise à apporter une solution digitale de brainstorming avec une méthodologie    nouvelle. La séance de workshop est ainsi menée avec l’aide d’un facilitateur externe, spécialisé sur la thématique en question, qui peut être proposé parmi l’équipe d’experts d’IDEAVALUATION ou être formé en interne. Il s’agit d’un expert au double profil, technique ou marché et facilitateur aguerri. IDEAVALUATION

Connecté à un boîtier local ou via le cloud, chaque participant de la séance d’idéation propose alors ses idées, que le logiciel va permettre de classer et évaluer selon des critères prédéfinis. Plutôt que de converger directement vers les idées qui font le consensus, la méthodologie permet de porter une attention particulière aux idées singulières qui créent la divergence d’opinions, de questionner leurs protagonistes et leurs opposants, pour aboutir à une évaluation optimale et à une prise de décision efficiente. 

« D’autres solutions existent sur le marché mais elles ne sont pas adaptées à des groupes de moins de 10 personnes comme les boîtes à idées, les systèmes de management des idées, ou pas adaptées pour être utilisées avec des techniques autres que le brainstorming classique : par exemple, les outils de mindmapping, de white board, etc. Les workshops ne sont pas efficaces et les outils ne facilitent pas la prise de décisions », précise Julien Ambrosino.

 « Déjà testée auprès de 800 personnes sur plus de 50 workshops, IDEAVALUATION est une méthode d’accompagnement originale qui structure l’émergence de projets innovants chez le client. Elle est à la frontière des sciences cognitives - comment fonctionne le groupe et l’individu -, de l’hybridation des méthodes d’innovation – puisqu’il faut adapter la méthode à chaque client et créer une véritable boite à outils -, et de la créativité computationnelle avec une solution digitale de brainstorming ».

Le projet de création d’entreprise vise ainsi à industrialiser une offre de services complète, à destination dans un premier temps des grands groupes, ETI et pôles de compétitivité (B2B). 

« Le concours i-PhD est un dispositif simple qui permet de détecter des pépites dont nous espérons faire partie ! Le prix est une bonne opportunité pour mettre en lumière le projet et pour ouvrir désormais notre réseau », se réjouit Julien Ambrosino.