Cannabis : la fin de l'addiction envisageable d’ici fin 2024

En France, parmi les 4,6 millions de consommateurs de cannabis, 1 million souffre d’addiction et cela concerne 20 millions de personnes dans le monde*. Ils pourront bientôt se tourner vers une solution pharmacologique très prometteuse qu’une équipe ....

Vers la fin de l’addiction au cannabis : BORDEAUX NEUROCAMPUS met au point une nouvelle classe de médicament psychoactif
Vers la fin de l’addiction au cannabis : BORDEAUX NEUROCAMPUS met au point une nouvelle classe de médicament psychoactif

.... de chercheurs de Bordeaux Neurocampus et la société Aelis Farma mettent au point. Cette incroyable avancée répond à un enjeu majeur, car le cannabis est la drogue la plus utilisée en France, son usage se banalise et les produits sont de plus en plus concentrés. Témoignage de Pier-Vincenzo PIAZZA, Directeur de recherche Inserm, Directeur du Neurocentre Magendie et futur PDG d’Aelis Farma.

*Source OFDT 7ème édition

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Une solution pour contrer l’addiction sans effet secondaire

Depuis 10 ans à Bordeaux, des équipes du Neurocentre Magendie étudient spécifiquement les effets du cannabis. Ils ont découvert que la prise de cannabis entraîne la production dans le cerveau d’une molécule appelée prégnénolone qui a pour effet naturel de défendre l’organisme contre les effets de cette drogue. Elle pourrait donc être donnée afin de soigner la dépendance. Malheureusement, cette hormone ne peut être utilisée comme médicament car elle est mal absorbée et rapidement dégradée par l’organisme.

“ À partir de cette découverte scientifique, nous avons créé la société Aelis Farma et nous sommes les premiers à avoir développé un dérivé stable de la prégnénolone. C’est aujourd’hui la seule solution pharmacologique pour contrer les effets du cannabis et son addiction. Ce composé, l’AEF0117, bloque uniquement les parties des synapses activées par le cannabis. Lors de tests, les animaux dépendants stoppent leur consommation dès la prise de la molécule. Sur un individu qui n’est pas sous cannabis, cette molécule n’a aucun effet, même à 1500 fois la dose efficace. Nous avons créé une nouvelle classe de médicament psychoactif dont le mécanisme d’action n’a pas de comparables dans la pharmacopée ! Il est actuellement en test clinique aux Etats-Unis par la FDA. Le médicament a franchi, pour l’instant, toutes les étapes haut la main. Aller de la découverte d’un mécanisme naturel jusqu’au développement d’un médicament qui s’en inspire est un parcours rarement effectué par le même groupe de chercheur. Si le succès continue, un déploiement sur le marché est envisageable d’ici fin 2024. Ce serait une satisfaction immense pour toute l’équipe ! ” confie Pier-Vincenzo PIAZZA.

Le cannabis, 1ère drogue consommée en France : un enjeu de santé majeur

11 % des adultes de 18 à 64 ans sont des consommateurs de cannabis, soit 4,6 millions de personnes (source Observatoire français des drogues et toxicomanies). LogoFBN500pxUne proportion encore plus inquiétante chez les jeunes : plus d’un sur quatre déclare en avoir consommé au cours du dernier mois. D’après une enquête ESPAD de 2015, les jeunes français âgés de 16 ans consomment plus souvent que les autres européens du même âge (1ère position sur 35 pays). À ces chiffres alarmants, il faut ajouter que cette substance se banalise et que la teneur moyenne en THC dans les produits augmente, celui de la résine a triplé en 10 ans. Selon le Cannabis Abuse Screening Test développé par l’OFDT, 21% des usagers actuels présentent un risque élevé d’usage problématique ou de dépendance.

“ Le cannabis diminue les capacités de mémorisation et d’apprentissage. Une consommation soutenue peut induire un symptôme démotivationnel profond qui rend la capacité de s’engager et de produire un effort très difficile. Entre 16 et 30 ans, on note 5 fois plus de chômage et 10 fois moins de chance d’avoir un diplôme universitaire chez les sujets qui en consomment tous les jours ” ajoute le Directeur du Neurocentre Magendie.

L’addiction une véritable maladie, Bordeaux au premier plan international

L’addiction est un sujet de recherche historique pour la communauté des neuroscientifiques bordelais. Elle est définie comme une affection cérébrale chronique, récidivante, caractérisée par la recherche et l’usage compulsif de drogue, malgré la connaissance de ses conséquences nocives. L’addiction naît quand l’individu perd le contrôle de sa consommation. Jusqu’en 1989, l’addiction était considérée comme une conséquence directe de la prise chronique de drogue. L’idée générale était que tout le monde devenait toxicomane s’il persistait à consommer de la drogue. Michel LE MOAL, Pier-Vincenzo PIAZZA et Hervé SIMON ont démontré, dans un article publié dans la prestigieuse revue Science, qu’il existe une vulnérabilité individuelle, que nous ne sommes pas tous égaux face à la drogue.

“ Le pôle de recherche de Bordeaux a beaucoup apporté à l’étude des addictions. À la fin des année 90, les équipes ont mis en évidence les mécanismes de vulnérabilité aux drogues. Il aura fallu plus de 10 ans pour étudier ces mécanismes et découvrir pourquoi seul un petit nombre de consommateurs de drogues deviennent toxicomanes. L’usage de stupéfiants modifie la physiologie du cerveau, notamment la plasticité des synapses. Pour 80% des personnes, ce changement est temporaire et ils sont capables de contrecarrer les effets de la drogue en récupérant une plasticité normale. En revanche, la persistance d’un manque de plasticité au niveau des synapses chez certains sujets parait responsable de la perte de contrôle sur la consommation et l’addictions s’installe ” explique M. PIAZZA.

Bordeaux Neurocampus, à la conquête du cerveau

Les mémoires, les maladies neurodégénératives, l’influence de la nutrition sur le cerveau, les maladies mentales et les maladies liées au stress, les neurotechnologies… Dans le domaine des neurosciences, la Nouvelle-Aquitaine entend compter parmi les plus grand acteurs de la recherche au niveau mondial.Neurocampus

Organisé en structure fédérative de recherche au sein de l’université de Bordeaux, Bordeaux Neurocampus rassemble tous les instituts de recherche en neurosciences.

Une vingtaine de plateformes ou plateaux techniques et une école internationale viennent compléter ce dispositif unique en France, qui a bénéficié également du label des investissements d'avenir avec le laboratoire d'excellence (LabEx) BRAIN, 2 équipements d’excellence (Optopath et Phenovirt) et récemment une école universitaire de recherche (EUR)

  • 6 instituts, 50 équipes de chercheurs, 650 scientifiques
  • Un ensemble immobilier de plus de 25 000 m2 de locaux récents (Centre Broca

Nouvelle-Aquitaine inauguré en septembre, Institut Magendie, Plateforme de Génomique Fonctionnelle notamment)

  • 4 tutelles : université de Bordeaux, CNRS, Inserm, Inra
  • 1 vingtaine de plateformes de recherche et de plateaux techniques dont 2 équipements d’excellence (Optopath et Phenovirt)
  • 1 laboratoire d’excellence : BRAIN

1 école internationale des neurosciences : Bordeaux School of Neurosciences