Le smartphone n’est-il pas néfaste pour notre ouïe ?

Le smartphone est devenu un prolongement de nous-même pour une gestion de nos besoins instantanés (discussions, commande de nos achats, écoute de musique), en étalage de notre vie sur les réseaux sociaux, etc. Il est un assistant personnel et ....

les Journées Mondiales sans Téléphone Portable
les Journées Mondiales sans Téléphone Portable

.... un ami toujours présent 24h/24.  Un ami qui permet, aussi, d’écouter la musique qu’on aime partout, en continu sollicitant le système auditif.

La raison en est simple : le système auditif n’a aucune protection naturelle lui permettant d’amortir les sollicitations continues et, le plus souvent, à fort volume. Les journées sont ponctuées de conversations téléphoniques, d’écoute de musique via des oreillettes sur le smartphone, le suivi de vidéo avec son casque, etc. Lorsque sursollicitées, les cellules sensorielles de l'oreille sont détruites et ne se réparent pas.Journée Sans Portable

A l’occasion de la 20e édition de la Journée Nationale de l’Audition, les experts de l’association JNA[1] ont souhaité alerter les Français sur les effets toxiques de sollicitations prolongées du système auditif au travers de l’utilisation du Smartphone.

  1. L’exposition continue et intensive, un plaisir dangereux pour notre ouïe. L’utilisation de notre smartphone « dépotentialise » notre sens de l’ouïe. La raison en est simple : le système auditif, support de l’ouïe, n’a pas évolué depuis le temps de la cueillette. Il n’a aucune protection naturelle lui permettant d’amortir les sollicitations continues et, le plus souvent, à fort volume. Les journées sont ponctuées de conversations téléphoniques, d’écoute de musique via des oreillettes sur le smartphone, le suivi de vidéo avec son casque, etc. Lorsque sursollicitées, les cellules sensorielles de l’oreille n’ont plus la capacité de transmettre au cerveau et peuvent nous lâcher.

  2. Un compagnon qui perturbe notre santé. L’usage que nous faisons de notre smartphone déséquilibre notre état de santé. Notre cerveau auditif est relié à l’ensemble de nos cerveaux et centres nerveux. Par voie de conséquence, cette sollicitation va provoquer fatigue, stress, troubles du sommeil, difficultés de concentration. Cet « ami » du quotidien peut se transformer en « ennemi » de notre santé et de notre équilibre relationnel.

  3. Notre smartphone, un « doudou » rassurant, mais pas seulement... Le smartphone apporte du plaisir. Il apaise. Il permet aussi de s’exprimer, d’écouter de la musique, de prendre de la place sur le Net, de se sentir important, incontournable, tout en offrant des espaces de bulle. Mais, il amène à l’excès en faisant croire que sans lui, l’être n’est plus rien. Alors, il fait perdre pied, amène à livrer son intimité et à détruire son capital auditif.

Devant cette menace qui guette une grande partie de la population, le groupe d’Experts du Comité scientifique de la JNA a rencontré Phil Marso, le créateur des Journées Mondiales sans Téléphone Portable, qui se tiendront du lundi 6 au mercredi 8 février 2017.

Oui il existe une addiction au smartphone mais il est possible de décrocher

Entretien avec leur créateur, Phil Marso

Phil Marso est écrivain depuis 1995, il est un des seuls auteurs à traiter des faits sanitaires et sociaux à travers le genre du polar. En 1999, il publie « Tueur de portable sans mobile apparent ». A propos de ce livre, il déclare l’avoir écrit à l’époque car le phénomène du téléphone mobile prenait déjà de l’ampleur dans le quotidien des gens.marso

JNA - C’est donc l’écriture de cet ouvrage qui vous a donné l’idée de créer les journées mondiales sans téléphones portables ?

Phil Marso : En effet, j’ai écrit mon livre et je me suis aperçu que je pourrais prolonger le propos de mon ouvrage avec une action comme « Les journées mondiales sans téléphones portables ». La difficulté d’une action mondiale est de trouver une date symbolique. J’ai très vite pensé à la chanson de Nino Ferrer « Gaston y’a l’téléfon qui son ». J’ai donc cherché sur le calendrier et, la Saint-Gaston tombant sur le 6 février, j’ai choisi cette date pour organiser l’action. Le propos de cette journée n’est pas de faire la « guerre aux téléphones portables » mais bien de proposer un débat de réflexion sur l’addiction et la place qu’ils prennent dans nos vies, je ne suis pas un « antitéléphone portable ».

JNA - Le téléphone a évolué, la place qu’il prend dans nos vies aussi, comment l’opération a su s’adapter à ce processus ?

P.M : Chaque année, je propose un thème différent. J’ai décidé d’étaler les journées mondiales sans smartphones sur 3 jours, car j’ai constaté qu’en fonction des médias, le message était parfois effacé par les grosses actualités. Je m’aperçois qu’au fil des années mon rendez-vous annuel se renforce, notamment avec les établissements scolaires qui relayent l’opération.

JNA - Selon vous, quelles sont les causes du raffermissement de votre action ?

P.M : Le passage du téléphone portable simple du départ (à seule fonctionnalité de téléphone) au smartphone perfectionné a fait prendre une autre dimension à cet objet. D’une part le public se dit que le smartphone est une formidable invention et, d’autre part, il se dit que le mobile prend une place beaucoup trop importante dans notre vie quotidienne.

JNA - A votre avis, pourquoi cette technologie a pris une telle ampleur dans nos vies ?

P.M. En 2001, nous nous contentions d’appeler et nous commencions à peine à envoyer des SMS. Aujourd’hui, c’est un outil électronique très performant qui propose une multitude de possibilités, c’est une sorte de « couteau suisse ». Vous pouvez faire des photos, vous pouvez regarder la télé, vous avez accès à Internet, toute la vie des personnes est intégrée dans le smartphone. Ce qui explique cette forme d’addiction.

JNA - Vous nous avez parlé des établissements scolaires. La jeunesse est-elle trop exposée au phénomène des smartphones ?

P.M. Forcément, c’est une génération qui est née avec. Cependant, toutes les générations sont atteintes. Les jeunes sont, bien sûr, davantage touchés car la technologie est leur univers, un jeune adolescent qui n’a pas de smartphone à son arrivée au collège sera certainement mis un peu à l’écart. Chaque génération a son phénomène, celle-ci c’est le smartphone. Il faut leur expliquer qu’il n’y a pas que le smartphone dans la vie.

JNA - A ce propos, que pourraient faire les associations ou les pouvoirs publics pour agir sur l’addiction et l’ampleur que prend le téléphone dans nos vies ?

P.M. L’interrogation n’est plus de savoir se séparer de l’outil mais comment maîtriser son usage, les pouvoirs publics doivent agir dans ce sens. Les médias posent souvent la question : « Peut-on vivre sans smartphone ? » Je trouve ce questionnement obsolète car l’obligation d’avoir un smartphone s’impose de plus en plus. Je pense même que le smartphone se substitue de plus en plus à l’ordinateur traditionnel.

JNA - Pensez-vous que l’on soit capable de stabiliser le phénomène ?

P.M. Le stabiliser, cela sera compliqué car c’est un enjeu économique important. En outre, la vie privée peut constituer un facteur de méfiance auprès de la population. Les jeunes ne se rendent pas forcément compte que toute leur diffusion sur les réseaux sociaux est archivée durant plusieurs années. Il faut donc les éduquer sur cette notion de vie privée.

JNA - Quels sont les autres risques sanitaires ou sociaux auxquels est confrontée la population ?

P.M. Il y a l’addiction bien entendu. L’addiction n’est pas considérée comme une maladie cela n’est pas encore reconnu. Il y a également des risques au niveau des ondes électromagnétiques. Des cas se sont avérés mais cela touchera les personnes les plus « addicts » à leur téléphone. Il y a également le problème du risque sur le système auditif qui est démultiplié avec le smartphone puisque l’on peut écouter de la musique, regarder des films, etc. Ce phénomène fait que les personnes veulent se retrouver dans une sorte de bulle et écouter leur musique à haut volume avec leurs écouteurs collés aux oreilles.

JNA - Pour vous, quelles seront les prochaines étapes liées au smartphone ?

P.M. Je pense que l’outil sera de plus en plus centré au cœur de notre quotidien. Les avancées se feront au niveau des applications qui seront de plus en plus pratiques et pas indispensables. Nous serons donc de plus en plus dépendants de cet outil qui évoluera comme un véritable assistant humanoïde.

JNA - Pensez-vous qu’on atteindra une forme de maturité par rapport à l’utilisation de cet outil ?

P.M. Qui avait prévu l’apparition du téléphone portable il y a 25 ans ? Aujourd’hui plusieurs points peuvent être facteurs d’un recul de l’utilisation du smartphone. Une nouvelle technologie, une grave crise sanitaire mais aussi le problème de la vie privée. Les industries, les prestataires de services, la santé, les administrations vont se concentrer de plus en plus autour du smartphone. Il sera incontournable dans la vie de tous les jours. A nous de ne pas être dominés par la technologie et l’utiliser à bon escient

[1] Association Journée Nationale de l’Audition - www.journee-audition.org

 

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