Agro-biodiversité animale : l'Aquitaine récompensée

Conservatoire des races d'AquitaineLauréats 2015 du Prix de la Fondation du patrimoine pour l’agro-biodiversité animale. Sensible à la variété et à la richesse des dossiers reçus, le jury a décidé, à l’instar des années précédentes, de scinder le prix entre trois lauréats.

 Créé afin de récompenser des actions originales de préservation et de valorisation de races agricoles domestiques à faible effectif * représentatives d’un patrimoine génétique, ce prix est doté de 20.000 €. Les choix du jury s’axent sur trois critères majeurs : la dimension économique du projet, son impact social et environnemental sur un territoire donné, et les actions de sensibilisation et de communication autour d’une race à préserver.

* bovins, caprins, porcins, équidés, volailles et autres animaux de basse-cour, chiens de travail.

Pourquoi ce prix ?

Depuis 2009, dans le cadre de ses missions, la Fondation du patrimoine développe significativement ses actions en faveur du patrimoine naturel. La valorisation de la biodiversité et la réhabilitation des espaces naturels sensibles font partie des objectifs de son programme d’intervention en ce domaine.Conservatoire des races d’Aquitaine-Fondation du patrimoine Pour la Fondation du patrimoine, la biodiversité domestique est aujourd’hui un des vecteurs essentiels d’union entre l’homme et son environnement.

Parce que ce monde domestique a été façonné par lui et a vécu depuis toujours à ses côtés, il est devenu une part indissociable de notre patrimoine culturel commun. C’est souvent autour de ce patrimoine domestique que s’est édifié le bâti que l’on connaît aujourd’hui dans nos espaces ruraux. Mais à la différence du patrimoine bâti qui peut souvent être reconstruit à l’identique, une race animale délaissée finit irrémédiablement par disparaitre, et avec elle ses aptitudes génétiques, souvent précieuses en terme de robustesse et d’adaptation à des milieux naturels spécifiques.

► 1er prix, doté de 10.000 €

Décerné à Gilles Delas, éleveur de vaches béarnaises, installé à Herrère (Pyrénées-Atlantiques). Le jury a souligné le danger de disparition du patrimoine génétique de cette race à l’effectif fragile : les 300 000 bêtes recensées au début du 20e siècle se réduisent à 250 aujourd’hui. Cette espèce doit être préservée pour son rôle important dans la conservation de certains milieux naturels. Le jeune éleveur motivé et passionné entend pérenniser cette race par son projet de revalorisation et de promotion de la viande, et plus particulièrement pour celle du veau de lait élevé au pis, qui possède de grandes qualités gustatives.

"Gilles Delas souhaite préserver cette vache en passant par la revalorisation du veau. Il compte ainsi atteindre un objectif de 30 vaches en 5 à 10 ans, en mettant à profit toutes les naissances femelles et mâles. Sur 13 races bovines classées menacées, la race béarnaise se trouve au 11e rang, avec un très petit effectif de 252 têtes. Elle en comptait 300 000 au début de ce siècle. C'est une vache mixte, capable de fournir un veau, du lait, et d’être utilisée pour le travail. Vache rustique avec une facilité de vêlage, adaptée au terroir, fait important pour l’éleveur transhumant avec son troupeau. De plus, avec sa robe froment, ses cornes en forme de lyre, son allure fière, elle a une esthétique remarquable. En élevant cette race, il souhaite conserver tout un patrimoine, une identité (elle arbore le blason du Béarn), une niche. C'est préserver une génétique sélectionnée par nos anciens, en maintenant un savoir-faire." [1]

 

► 2ème prix, doté de 6.000 €

Décerné à l’Association nationale de sauvegarde du porc gascon (Pyrénées-Atlantiques). Le jury a relevé l’urgence de la préservation génétique de cet animal. Le projet de l’association symbolise l’espoir de la création nouvelle d’une filière de grande qualité, qui pourrait avoir un effet d’entraînement vis-à-vis d’autres races. Il est centré autour des enjeux de prophylaxie et de variabilité génétique, indispensables à la pérennité de la race gasconne.

"Le projet est né de la nécessité de préserver cette race et son capital génétique, dont la viande présente des qualités gastronomiques exceptionnelles. Le porc gascon a été très sérieusement menacé de disparition complète par le passé suite à un épisode de brucellose porcine, qui a entrainé la fragilisation des ressources génétiques de cette race à petits effectifs, et une baisse de production du fait d'un naissage insuffisant pour les besoins de ses membres engraisseurs.
Trois membres de l’ANSPG portent alors le projet de création d'un site de naissage commun afin de sécuriser les apports en porcelets pour eux-mêmes et les autres engraisseurs. Devant la nécessité d'une meilleure politique sanitaire, la SARL "Naisseurs Gasconoir" bénéficiera des meilleurs standards sanitaires actuels, dont une quarantaine permettant de valider le statut sanitaire des reproducteurs entrants. Ainsi, cette unité assurera la sanctuarisation des ressources génétiques et la diffusion de reproducteurs. L'ANSPG souhaite soutenir ce projet en participant à l'achat des reproducteurs qui seront mis à disposition du site de naissage par une convention de partenariat, qui précisera les conditions de préservation et de diffusion de ce patrimoine."[1]

► 3ème prix, doté de 4.000 €

Décerné au Conservatoire des Races d’Aquitaine pour son projet de sauvegarde, valorisation et développement du poney landais (Gironde). Le jury a retenu qu’il s’agit d’une race très ancienne, la dernière race de poney français de souche. Elle est fortement menacée du fait de la perte de variabilité génétique liée à la faible mise à la reproduction des juments. L’enjeu de la diversité génétique est prépondérant au sein des 41 élevages de poney landais recensés en France. Le projet du conservatoire vise à faire collaborer et accompagner l’ensemble des acteurs autour d’un projet collectif de valorisation de la race.

« Ce projet concerne la sauvegarde, la valorisation et le développement de l’une des races françaises autochtone de chevaux les plus en danger : le Poney Landais. Cette race est issue des petits chevaux des landes de Gascogne (landais) et du bassin de l’Adour (barthais). Il s’agit d’une race rustique, polyvalente, appréciée en équitation de loisir, performante en sports équestres mais aussi parfaitement adaptée à la vie dans les espaces naturels et milieux humides. Malheureusement, le poney Landais, bien qu'étant l'une des races les plus anciennement reconnues, affiche une dynamique de population inquiétante.
Conscient du risque à court terme, les principaux acteurs régionaux impliqués se sont regroupés afin d’évaluer la situation et de proposer une série de mesures en faveur de la conservation et du développement du poney landais. Ce projet a été conçu afin d’accompagner la race et les éleveurs dans un plan qui s'appuiera à la fois sur une meilleure connaissance de la ressource et sur des objectifs de valorisation de la race.
Trois axes de travail ont été retenus pour servir d’ossature au projet : - regrouper et associer les acteurs de la chaine d’élevage dans le processus de développement : éleveurs amateurs et professionnels, clubs de sports équestres, utilisateurs des poneys, gestionnaires des espaces naturels ;
- évaluer la situation génétique et démographique de la race en vue de prendre des mesures pour renforcer la variabilité génétique ;
- soutenir des modes de valorisation originaux qui s’appuient sur la complémentarité entre tous les acteurs et utilisateurs. En particulier, les éleveurs bénéficieront d’animaux produits dans les cheptels de plein air, qu’ils seront en charge d’élever et dresser puis de valoriser dans les circuits sportifs, d’élevage et de concours. »  [1]


[1] les présentation des projets sont extraites du livre « Nos animaux domestiques, le tour de France d’un patrimoine menacé » | Philippe J.Dubois, Jean-Claude Périquet, Élise Rousseau |Éditions Delachaux et Niestlé.