..... y découvrir le Moyen Âge en grandeur nature à la faveur de moult spectacles, jeux, ateliers et banquets organisés sur l’une ou l’autre des étapes d’un événement unique en son genre. Unique ? Oui, dans la mesure où ce festival se déroulait sur trois à quatre semaines et visitait une douzaine de cités réparties sur le bassin du Dropt et trois départements aquitains — Dordogne, Lot-et-Garonne, Gironde.
Prenant sa source dans le Sud du Périgord, le Dropt se jette dans la Garonne non loin de La Réole, après avoir arrosé le Nord de la Guyenne et l'Est de l'Entre-deux-Mers. Le long de cette verte vallée, étapes gourmandes et paysages harmonieux s'offrent volontiers de nos jours au visiteur.Crédit Photo Pays des Bastides
Mais, au Moyen Âge, le Dropt représentait une frontière naturelle et surtout politique séparant des contrées que Français et Anglois se disputèrent durant trois siècles à grands coups d'épées, trébuchets ou bombardelles... De cette période particulièrement agitée, nous avons hérité de témoignages architecturaux et urbanistiques qui constituent un patrimoine remarquable : villages médiévaux, églises, abbayes et chapelles, châteaux et forteresses, moulins, ponts... Ainsi que de nombreuses bastides des XIIIe et XIVe siècles, véritables « villes neuves du Moyen Âge » — la vallée en compte une vingtaine, dont certaines figurent parmi les plus belles du Sud-Ouest de la France.
Nous vous proposons de découvrir dans les lignes qui suivent quelques-uns des très nombreux sites patrimoniaux que compte la vallée du Dropt, de sa source de Capdrot, en Dordogne, jusqu’à son embouchure girondine de Caudrot.
L’abbaye de CADOUIN (Dordogne)
L’abbaye cistercienne du XIIe siècle de CADOUIN a été inscrite par l’UNESCO au Patrimoine Mondial de l’Humanité au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Elle témoigne de l’évolution spirituelle et architecturale durant la dernière partie du Moyen Âge. À l’austère église consacrée en 1154, on a en effet adjoint, à la fin du XVe, un cloître de style gothique flamboyant. L’église est coiffée d’une coupole surmontée d’un clocher couvert de bardeaux de châtaignier. La porte Saint-Louis est l’un des rares témoins de l’enceinte primitive de l’abbaye.
Cadouin Abbaye de Nuit - Photo ACIR Compostelle
Les moines fondateurs avaient été séduits par l’isolement du site, en forêt de Bessède, loin du castrum de Belvès et du village de Saint-Avit-Sénieur. Mais cet isolement ne durera guère puisqu’au XIIIe siècle, les moines « héritent » d’un linge rapporté de Terre Sainte par des Croisés et présenté comme étant le « Saint-Suaire ». Crédit Photo Pays des Bastides
Habilement mise en scène, cette ‘relique’ fit l’objet d’un important pèlerinage qui enrichit grassement l’abbaye jusqu’à ce que, en 1934, la vérité éclate : ce linge était en fait dédié à Musta Ali, un calife égyptien de la fin du XIe siècle ! Le pèlerinage de Cadouin avait vécu...
À voir à proximité de Cadouin : châteaux de Saint-Germain, Biron et Bannes, villages anciens de Saint-Avit-Sénieur (abbaye classée par l’UNESCO), Monsac, Urval (église, four banal), Besse (peintures murales) et Montferrand-du-Périgord (château, très belles peintures de la chapelle Saint-Christophe), églises de Salles, Saint-Romain, Saint-Marcory, Aigueparse, Soulaures et Sainte-Croix-de-Beaumont, motte féodale de Lavaur, bastides anglaises de Monpazier (une des plus belles du Sud-Ouest de la France – fondation : 1284), Beaumont-du-Périgord (1272 – église fortifiée) et Molières (1284 – ruines d’un château fort, église), bastide française de Villefranche-du-Périgord (1261)…
En Lot-et-Garonne : forteresse de Gavaudun, église de Laurenque, village ancien de Saint-Avit…

Crédit Photo G. LALLEMANT

Crédit Photo G. LALLEMANT

Crédit Photo G. LALLEMANT
ISSIGEAC, cité médiévale (Dordogne)
Fondée au VIe siècle sur un plan circulaire qui, vu du ciel, est tout à fait remarquable, la cité d’Issigeac est aujourd’hui un lieu de charme : les amateurs de « vieilles pierres » y flâneront avec plaisir, en goûtant les jeux d’ombres et de lumières que l’on découvre au hasard des petites rues, tortueuses à souhait. Un vrai bonheur, décuplé lorsqu’on programme sa visite le dimanche, jour de marché !
À voir à proximité d’Issigeac: églises de Bouniagues, Conne-de-Labarde, Monmadalès et Bardou, maison à empilage de Saint-Germain…
En Lot-et-Garonne : bastides françaises de Castillonnès (1259), Villeréal (1267) et Monflanquin (1256), toutes trois fondées par Alphonse de Poitiers, églises de Bournel, Montaut et Laussou, maisons à empilage de Saint-Dizier et Mazières-Naresse…


EYMET, une bastide française (Dordogne)
Établie sur les bords du Dropt, très exactement à mi-chemin de son cours, la bastide d’Eymet marque l’entrée Sud du Périgord. Le patrimoine médiéval de la cité est riche, et bien conservé : façades à pans de bois, donjon et murailles du château fort, pont, maisons sur arcades et ‘couverts’ de la place centrale, lieu stratégique qui héberge toujours le marché du jeudi — lequel avait été institué par la charte de coutumes publiée lors de la fondation de la bastide, le 28 juin 1270, par Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse et frère du roi Louis IX.
Place de Eymet - Crédit Photo G. LALLEMANTDe toutes les bastides que compte le bassin du Dropt, Eymet est la seule à avoir été bâtie sur les rives mêmes du cours d’eau. Les remparts protégeant la cité furent construits après sa création, vers 1320, alors que sa forteresse existait déjà — car Eymet est l'une des très rares bastides à posséder un château fort. Ces remparts furent détruits en 1830.
L’histoire de la cité a été fortement influencée par les rivalités franco-anglaises et les exactions des seigneurs voisins, tous acquis à la cause de l’occupant pendant la guerre de Cent Ans. On retiendra de cette période agitée la bataille du 1er septembre 1377, qui se déroula sous les murs de la ville et se solda par l’une des rares victoires des troupes royales françaises sur le parti anglo-gascon...
À voir à proximité d’Eymet : chapelles de Cadelech et Monbos (rares chapiteaux), églises de Sadillac (chapiteaux) et Sainte-Innocence (portail sculpté), magnifiques châteaux de Gageac-Rouillac, Bridoire et Monbazillac, centre ancien de Bergerac…
En Lot-et-Garonne : bastide anglaise de Miramont-de-Guyenne (1281), villages de Lauzun, Cahuzac, La Sauvetat-du-Dropt (pont remarquable), Allemans-du-Dropt (belles peintures murales) et Soumensac, moulin de Roumagne, églises à Queyssel et au lieudit Saint-Macaire, près de Lauzun…
Château de Bridoire - Crédit Photo S. LALLEMANT
Le château de DURAS (Lot-et-Garonne)
C’est en 1137, à l’initiative du vicomte de Bézaumes, que le château de Duras voit le jour. En 1308, le pape Clément V visite son neveu, Bertrand de Got, et l’autorise à transformer son castelnaud en forteresse.
Durant la guerre de Cent Ans, le pays de Duras et l’édifice subissent moult sièges et saccages. Le seigneur ‘traître’ Gaillard V, qui a quitté précipitamment son domaine après la bataille (dite) de Castillon du 17 juillet 1453, revient de son exil anglais en 1480 et fait restaurer les bâtiments.
Vers 1740, Jean-Baptiste de Durfort met la touche finale à de grands travaux d’embellissement. Mais, un jour de 1793, le peuple duraquois en colère s'en prend à ce qui était devenu une belle « demeure de plaisance ». Les tours sont partiellement détruites et les blocs de pierre ainsi récupérés seront utilisés au XIXe siècle à la construction de quais et d’écluses sur le Dropt, afin de le rendre navigable depuis Eymet jusqu’à l’embouchure afin de favoriser le commerce avec Bordeaux…
À voir à proximité de Duras : beaux portails des églises d’Esclottes et Sainte-Colombe-de-Duras, village ancien de Monteton (site, église)…
En Gironde : bastide française de Monségur (1265), bastide anglaise de Pellegrue (1272), abbaye bénédictine de Saint-Ferme, superbe ensemble architectural situé sur la voie jacquaire de Vézelay…
Le Castrum de Pommiers à ST-FÉLIX-DE-FONCAUDE (Gironde)
Courtines et portes fortifiées, chapelle, moulin, colombier... Tels sont les principaux éléments conservés de ce superbe ensemble médiéval installé sur un promontoire rocheux qui domine la Vignague, modeste affluent du Dropt. Nous nous trouvons à quelques kilomètres de Sauveterre-de-Guyenne au Nord, et de Saint-Macaire au Sud.
Castrum de Pommiers - Crédit Photo M. PALADINISi les origines du castrum de Pommiers remontent au XIe siècle, la construction de l’enceinte actuelle a été réalisée de la fin du XIIIe jusqu'au début du XIVe siècle, après les destructions subies pendant la guerre de Gascogne — laquelle précéda une autre guerre, beaucoup plus longue et féroce, celle de Cent Ans. Cette grande enceinte protégeait un espace d’un hectare qui abritait le château de la famille de Pommiers et un village castral qui déclina peu à peu, jusqu’à la Révolution. Il fut vendu en 1805 par ses derniers seigneurs à de nouveaux propriétaires qui firent disparaître les dernières maisons villageoises et transformèrent Pommiers en un château… viticole.
À voir à proximité du Castrum de Pommiers : bastides anglaises de Sauveterre-de-Guyenne (1281) et Blasimon (1317-1322, la plus récente sur ce territoire), moulins de Labarthe et Loubens, commanderie de Sallebruneau, églises de Saint-Brice, Castelvieil (beau portail sculpté) et Saint-Exupéry, village de Castelmoron-d’Albret, église fortifiée de Rimons…
ST-MACAIRE, village médiéval incontournable (Gironde)
Les imposants remparts, les portes fortes, les élégantes demeures de négociants en vin et leurs façades sur arcades qui ceinturent la place du Mercadiou, les maisons anciennes, les rues étroites et sinueuses, l’église Saint-Sauveur et ses superbes peintures murales, le prieuré... De nombreux éléments de ce remarquable patrimoine moyenâgeux, bien préservés ou savamment restaurés, sont classés.
Saint Macaire - Crédit Photo G. LALLEMANT
Par la qualité de son urbanisme et de ses architectures, Saint-Macaire a offert pendant de nombreuses années un décor de rêve à l’Itinérance médiévale en vallée du Dropt. Lors de l’étape macarienne de ce festival, on y évoquait le mariage de Madeleine de France, sœur cadette du roi Louis XI. Vers la fin de la guerre de Cent Ans, le sieur Gaston IV de Foix-Grailly apporta son aide au roi de France lors de la campagne de reconquête de la Guyenne. En remerciement des services rendus, son fils Gaston, Prince de Vianne et Vicomte de Castelbon, obtint la main de Madeleine de France. Les épousailles des deux tourtereaux furent célébrées à Saint-Macaire en 1462.
À voir à proximité de Saint-Macaire : églises de Saint Maixent, Verdelais et Saint-Martin-de-Sescas (très beau portail), château de Lavison, Bagas (remarquable moulin fortifié, peintures murales de l’église), La Réole (château fort, maisons anciennes, hôtel de ville du XIIe)…
C'est où ?
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Le dropt rivière de Guyenne - http://www.valleedudropt.com
Crédit Rédactionnel G. LALLEMANT