... dans toute la France, une grande campagne d’information et de sensibilisation sur l’audition avec de nombreuses animations partout en France : tests de dépistages auditifs proposés au public par les médecins ORL des Centres Hospitaliers publics et par les Audioprothésistes participants à la campagne, conférences, expositions, points et relais d’informations, animations culturelles, ainsi qu’une large diffusion de brochures et de guides pédagogiques d’information et de prévention conçus par l’équipe de la JNA et par les membres de son Comité scientifique.
Dans le cadre de la 18e édition de la JNA, l’association éponyme, qui a déjà initié de nombreuses campagnes d’information en France, publie les résultats de son enquête annuelle : « Risques auditifs : les jeunes font encore la sourde oreille. Des clés pour agir. »
Cette enquête a été réalisée en partenariat avec l’Institut IPSOS. Un panel constitué de 600 jeunes âgés de 13 à 25 ans et 300 parents d’enfants âgés de 13 à 18 ans a été interrogé pour mieux comprendre les raisons de l’inertie face à la réelle menace de risques auditifs sérieux. Enfin, de « vraies » questions les concernant leur ont été posées afin qu’ils se sentent davantage concernés par les messages de prévention.
Des entretiens en face à face ont été réalisés en proximité avec des groupes de jeunes âgés de 18 à 23 ans et ont permis de révéler un nouvel éclairage sur leur comportement.
Enquête Ipsos "l'audition des jeunes" : les clés pour agir
Les constats
- Les jeunes vivent dans le bruit et plus précisément « avec le bruit ». Il fait partie de leur quotidien et de leur univers. L’absence de bruit est considérée comme « anormale » et « angoissante ». Certains évoquent même que le silence s’apparente à la nuit et à la mort. Le bruit, pour eux, est donc rassurant.
- Le Bruit revêt une forte composante émotionnelle qui va déterminer la différenciation entre Bruit et son.
- « Les problèmes d’audition c’est pour les vieux » et donc cela ne les concerne pas à leur âge.
- Les jeunes agissent uniquement lorsque c’est grave. Selon eux, comme la grippe, cela peut passer tout seul. Et disent-ils, « Les problèmes d’audition, ça ne tue pas… »
Près d’un jeune sur deux déclare ne pas s’inquiéter de son capital auditif et pour 28 % les gestes de prévention représenteraient une contrainte supplémentaire.
Les évolutions depuis l’enquête JNA 2012 sur les jeunes et les risques auditifs
Cette nouvelle enquête fait apparaître une progression de 8 points chez les jeunes qui déclarent « avoir vu, lu ou entendu des messages de prévention pour protéger ses oreilles ». D’ailleurs, 2 jeunes sur 3 se disent personnellement sensibilisés et 82% des parents affirment l’être. Pour autant, 61% des jeunes du panel écoutent de la musique au moins 1 heure par jour. Et cette proportion reste stable par rapport à 2012.
Une surprise sur cette nouvelle enquête JNA – IPSOS 2015 est celle de la prise en compte de la notion de « pause auditive », temps de récupération nécessaire au système auditif. Ainsi, 1 jeune sur 4 et plus de 1 parent sur 3 en ont entendu parler.
Une campagne 2011 axée sur les dangers du bruit dans notre environnement…
Pour sa 14e édition en 2011, la Journée Nationale de l’Audition a choisi de s’intéresser à un sujet qui concerne tous les Français, celui des nuisances sonores et de la gêne auditive subies au quotidien par tout un chacun.
Cette thématique permettra de mettre en lumière les différentes problématiques liées aux pollutions sonores dans notre quotidien et à leurs effets sur la santé. Véritable sujet de société, le bruit constitue une gêne majeure dans la qualité de vie des Français : bruits domestiques, de transport, de voisinage, de loisirs, bruit au travail…
Les paradoxes
L’enquête JNA – IPSOS 2015 pointe les paradoxes et les lèvent en même temps. 1 jeune sur 2 déclare comme en 2012, qu’il serait concerné par des troubles de l’audition. Dans un même temps, 59 % attendent que cela passe alors qu’ils déclarent être sensibilisés.
Comment comprendre cette inertie ?
La question « pour chacune des affections suivantes, diriez-vous qu’elle constitue à terme une menace pour vous » nous éclaire. En effet, 70 % des jeunes interrogés placent les problèmes de vue devant les problèmes auditifs. La menace de la perte de l’audition n’est pas du tout présente à l’esprit.

Les clés pour agir
Parents et jeunes ont été interrogés sur les axes pour agir. 5 clés ont pu être ainsi identifiées :
- Clé n°1 – Un suivi régulier des capacités auditives. Unanimement parents et enfants se rejoignent à plus de 70%.
- Clé n°2 – Une application sur smartphone pour leur indiquer tout dépassement du niveau de son acceptable. (On peut rappeler que 74 % des Français ne sortent jamais sans leur portable).
- Clé n°3 – Des campagnes de communication « choc » à « l’anglo-saxonne ». Les jeunes souhaitent des messages émotionnels représentant la douleur et le choc émotionnel. Des campagnes qui les touchent dans leurs émotions au-delà des messages intellectuels. Des témoignages de jeunes touchés par les troubles de l’audition ainsi que des témoignages d’artistes sont aussi souhaités.
- Clé n°4 – Des distributions systématiques de protections auditives peuvent être une solution mais en les rendant « plus fun ». Car selon eux, les bouchons ça fait « ringard »
- Clé n°5 – Les professeurs de SVT et la médecine scolaire sont plébiscités par ¾ des jeunes pour leur délivrer les messages de prévention à l’école.
En conclusion, les troubles de l’audition ne représentent pas une menace directe pour les jeunes. De ce fait, les messages de prévention ne pénètrent pas autant que les acteurs de prévention le souhaiteraient. Associés à un problème de « vieux », ils ne se sentent pas concernés.
Aussi, selon leurs préconisations, il est nécessaire de leur provoquer « un choc émotionnel » pour qu’ils puissent se rendre compte de la menace et du risque auxquels ils sont exposés. Cette nouvelle compréhension de l’inertie face aux risques ainsi que de nouvelles clés pour agir, permettent de proposer de nouveaux axes d’actions afin que les programmes de prévention soient plus efficaces. Bien que les troubles de l’audition « ne tuent pas » selon les jeunes interrogés, le système auditif a ses limites et les troubles de l’audition sont irréversibles et évolutifs. C’est cette menace qu’il s’agit désormais de donner forme et réalité.
Lors de cette 18e Journée Nationale de l’Audition, près de 3 000 participants officiels (villes, établissements scolaires, associations, associations de malentendants, centres de prévention santé, service de santé au travail, services ORL, orthophonistes, audioprothésistes, sophrologues, psychologues, entreprises…) organiseront partout en France des concerts pédagogiques, des contrôles gratuits de l’audition, des ateliers, des conférences sur l’audition…Ils relaieront ce message essentiel : « Bien entendre, c’est bien vivre » et inviterons les parents à surveiller l’état du capital auditif de leurs enfants.
Le bruit nocif
Les niveaux sonores élevés sont un réel danger pour l’oreille. Les sons naturels n’ont pas une durée suffisamment longue ou un niveau assez élevé pour être nocifs. Mais l’homme a créé des sources sonores assez puissantes pour altérer l’audition rapidement et de façon irréversible. Contrairement à la croyance populaire, les bruits forts ne font généralement pas éclater le tympan ; ils agissent sur les cellules sensorielles de l’oreille interne qu’ils détruisent. L’altération de ces cellules conduit à plus ou moins long terme, à des troubles irréversibles de l’audition : surdité, perception d’acouphènes, hyperacousie. A l’exception du milieu professionnel, la nocivité du bruit est mal évaluée par les pouvoirs publics. Les sons nocifs sont rencontrés dans trois sortes d’activités :
- Les activités professionnelles pour lesquelles il existe une réglementation sur la protection auditive des ouvriers. La limite de nocivité a été abaissée à 80 dBA ; les ouvriers exposés à un niveau supérieur sont invités à utiliser des protecteurs individuels mis à leur disposition par l’employeur ; lorsque le niveau dépasse 85 dBA, ils sont obligés de les porter. Si la réglementation est appliquée dans les grands groupes, les PME et les artisans sont souvent mal informés et les travailleurs mal protégés.
- Les activités de loisirs, chasse et sports mécaniques, où il n’existe pas de réglementation stricte. Cependant les chasseurs, les tireurs et les mécaniciens se protègent plus volontiers que les musiciens car le bruit ne constitue pas l’élément primordial de leur agrément.
- La musique est un vrai problème de santé publique par le nombre et l’âge des personnes concernées, et par le caractère définitif des atteintes auditives. Il est urgent que des réglementations soient plus contraignantes et surtout mieux appliquées. Les recherches sur la surdité due au bruit appelée surdité traumatique ont permis de fixer la limite de nocivité à une valeur, dépendant des susceptibilités individuelles, mais située entre 80 et 90 dBA ; au dessous il n’y a aucun risque établi, et au-dessus le risque croît avec la durée d’exposition. A partir de 110 dBA, on peut contracter un traumatisme sonore en quelques minutes.
Le bruit et la musique amplifiée
Analyse du risque
Comme pour les autres sons, le danger lié à l’écoute et à la pratique de la musique augmente avec la quantité d’énergie captée par l’oreille, c’est-à-dire avec le niveau et la durée d’exposition. Le risque n’est atténué, ni par le plaisir de l’écoute, ni par le caractère esthétique, ni par la qualité de l’émission sonore. L’écoute de musique peut actuellement être plus dangereuse que l’exposition au bruit industriel car :
- la nocivité de
la musique est un danger particulièrement insidieux, car elle est éclipsée par un certain plaisir de l’écoute ;
- il y a eu ces dernières années, une attirance généralisée vers les niveaux élevés ; il semble cependant que certains jeunes et en particuliers les professionnels, aient pris conscience des risques auditifs liés aux niveaux sonores élevés ;
- le coût du matériel électroacoustique a diminué et la technique permet à tous de commettre des absurdités, comme d’obtenir un niveau supérieur à 150 dB dans une voiture "tunée" (les passagers sont en principe absents pendant cet exploit ! !) ;
- le grand public ignore les méfaits de la musique. Ainsi, dans les fêtes de village, on voit des enfants s’amuser à proximité des caissons de basses alors qu’à la sortie des baffles le niveau dépasse 110 dBA ;
- la réglementation a le mérite d’exister mais est trop laxiste :
- 105 dBA au maximum dans les établissements diffusant de la musique, ou accueillant des musiciens de façon habituelle. Après l’étude d’impact initiale, la surveillance du niveau sonore est sous la seule responsabilité du propriétaire ; tant qu’il n’y a pas de plaintes du voisinage, il n’est pas obligatoire d’installer un limiteur de niveau sonore ;
- 100 dBA pour des baladeurs que l’on peut porter autant qu’on le veut ; les appareils numériques ont accru le danger du fait d’un encombrement réduit et d’une capacité quasi-illimitée ;
- pas de réglementation sur les concerts exceptionnels, rave-parties,..
- pas de contrôle sur les musiciens amateurs.
Les conséquences sur l’audition
Les cellules sensorielles de l’oreille interne sont en nombre restreint, et ne se renouvellent pas. Lorsque leur dégradation commence à l’adolescence, elle se poursuit et s’aggrave au cours de la vie sous l’effet d’autres facteurs tels que certaines pathologies, la prise de médicaments, le vieillissement,…. Il en résulte que l’écoute sans discernement de musique amplifiée conduit à deux types de situations irrémédiables :
- à brève échéance, à la sortie d’un concert par exemple, peut apparaître un traumatisme sonore avec des acouphènes et une hyperacousie (sifflements permanents et une écoute douloureuse). Ces signes peuvent disparaître en quelques heures. S’ils persistent plusieurs jours, il signent une souffrance auditive sérieuse, en répétant les expositions sonores, ils tendront à devenir définitifs ;
- à plus long terme, l’altération va se manifester par une presbyacousie précoce apparaissant vers 40-50 ans alors que, normalement, elle se présente vers la soixantaine.
Saviez-vous que ? Le risque auditif dépend de l’énergie reçue qui est le produit de l’intensité (niveau) par la durée d’exposition. Pour réduire le risque on joue sur ces deux facteurs ; mais pour des raisons mathématiques, il est plus efficace d’abaisser le niveau que la durée. Le décibel (dB) est une unité purement physique ; le décibel pondéré (dBA) intègre la sensibilité de l’oreille et est l’unité utilisée dans la mesure du bruit. Les valeurs de niveau sonore qui sont données représentent des niveaux moyens ; dans le cas de la musique les niveaux de crête sont de 20 à 25 dB supérieurs.
Le traumatisme sonore présente divers aspects : audition cotonneuse, pertes auditives, sifflements, hyperacousie …. Même lorsque les manifestations s’estompent, les dégâts cellulaires sont faits et persistent. Lorsque, après une exposition au bruit, les perturbations auditives subsistent, il faut consulter un spécialiste sous 48 heures. La surdité traumatique ne s’aggrave plus lorsque cesse l’exposition sonore, mais une surdité traumatique légère ne protège pas d’autres traumatismes. Si on a déjà eu un accident auditif, il est conseillé d’accroître la vigilance et protéger encore plus ses oreillesChiffre clé : 105 dBA est le niveau limite imposé aux discothèques alors qu’un risque auditif existe à partir de 80 dBA
Les mesures de prévention
Quoique l’on enregistre des progrès en ce sens, il faut que la population prenne conscience de l’importance du problème posé par la musique, et que l’on tente de stopper cette inflation sonore. Le témoignage des nombreux musiciens victimes d’un excès sonore et souffrant de troubles auditifs constituerait un puissant moyen de persuasion. Dans la situation actuelle, il est conseillé :
- d’éviter les établissements ou les activités qui fondent leur réputation sur un niveau sonore élevé,
- de s’éloigner des enceintes acoustiques ; le procédé est surtout efficace en plein air,
- d’avoir le souci permanent de contrôler le niveau sonore du baladeur, de la chaîne Hi-Fi et de l’auto-radio,
- de porter des bouchons protecteurs en mousse qui sont invisibles, certes un peu contraignants, mais très efficaces.
- de réduire la durée d’exposition ; les durées hebdomadaires d’écoute ne doivent pas dépasser :
- 20 heures à 93 dBA (baladeur, auto-radio)
- ou 4 heures à 100 dBA (baladeur à volume maximum)
- ou encore 2 heures à 103 dBA (discothèque)