La dune grise est particulièrement menacée entre érosion marine, ensablement et colonisation par la lisière forestière. Face à la crise climatique, plusieurs pistes sont évoquées pour améliorer la résilience de ces milieux et des espèces qui en dépendent.
Vent, embruns, forte insolation... les dunes atlantiques offrent des conditions pour le moins contraignantes à la flore. Adaptées à cette zone tampon entre terre et océan, de nombreuses espèces y sont donc spécifiques et certaines y sont même endémiques : on ne les trouve qu'en Nouvelle-Aquitaine Milieu en perpétuelle évolution, le système dunaire littoral de la région concentre ainsi de nombreux et forts enjeux de conservation.
Un écosystème en forte régression
Placées sous la loupe des gestionnaires et botanistes depuis plus de 25 ans, les dunes néo-aquitaines livrent leurs premiers résultats : la surface de cet écosystème aurait réduit de plus d'un tiers entre 1997 et 2021 sous l'effet du changement climatique. Si cette tendance demande à être précisée par des analyses complémentaires, elle n'en reste pas moins fortement alarmante. Des observations qui s'expliqueraient par une compression du cordon dunaire avec l'érosion marine à l'ouest dans de nombreux secteurs et la progression de la frange forestière depuis l'est.
La dune grise particulièrement menacée
A cette réduction drastique de surface, s'ajoute une déstructuration de ses habitats. Pour bien comprendre, il convient de s'attarder sur le profil de cette zone tampon. Depuis la plage vers la lisière forestière se succèdent dunes embryonnaire, mobile, fixée, et enfin boisée. Chacune constitue un habitat particulier avec une flore qui lui est propre. D'après l'analyse des relevés opérés depuis 1997, ces distinctions sont moins marquées, leurs délimitations sont moins franches et révèlent un risque d'appauvrissement et de substitution des cortèges floristiques.
"En particulier, la dune grise tend à s'ensabler et on y trouve de plus en plus d'espèces propres à la dune blanche." témoigne Kevin Romeyer, botaniste au Conservatoire botanique national sud-atlantique et co-auteur de l'analyse.
Depuis la plage vers la lisière forestière, plusieurs habitats se succèdent.
Illustration : Christophe Coïc - Cistude Nature
Quel avenir ?
Cette tendance, si elle se confirme, menace nombre d'espèces végétales comme animales. La dune grise est par exemple l'habitat privilégié du Lézard ocellé, autre espèce Sentinelle du climat fortement menacée par la disparition de son habitat. Pour faire face à ce risque, l'ONF expérimente des actions de maintien de la dune pour soutenir la dune mobile face à l'érosion et réduire l'envahissement du pin sur la dune grise.
Michaël Guillon, coordinateur du programme Les sentinelles du climat porté par Cistude Nature, évoque d'autres pistes ambitieuses :
"Les milieux dunaires ouverts sont de véritables amortisseurs face à l’érosion marine. Des actions innovantes redonnant d'avantage de largeur à ce cordon dunaire pourraient améliorer la résilience des dunes et des espèces associées face à la crise climatique. Si diminuer collectivement nos émissions carbone reste bien sûr une priorité absolue, laisser vivre la dune et lui redonner un peu de liberté de mouvement est une piste à considérer.".
A quelques jours des vacances d'été, Kevin Romeyer en appelle aussi aux vacanciers.
"Il faut rappeler l'importance de ne pas sortir des chemins balisés : ils préviennent d'une pression supplémentaire sur ces milieux par le piétinement, la déstructuration et l'apport d'espèces exotiques.".
© Marc Chaillou-Images protégées numériquement copies interdites
Source Rédactionnelle Cistude Nature
