L’éco-conception, une garantie pour la préservation de l'environnement

Tous les produits, et tout ce qui accompagne un produit, a un cycle de vie. La logique, c’est donc de penser globalement l’ensemble de ces processus. Un angle de vue qui vient directement de la préoccupation écologique : tenir compte des consommations de ....

.... matière, d'énergie, des rejets et des émissions dans l'air, dans l'eau, dans les sols. Puis les quantifier à chaque étape du cycle de vie et créer les indicateurs qui vont permettre de comprendre et mesurer l’impact réel sur l'environnement.

Nous avons demandé à Chloë Bertrand, spécialiste d’éco-conception de MDP design, Pôle Innovation du Groupe Next, de nous dire comment l’industrie, quand elle évolue vers la préservation de l’environnement, applique concrètement l’éco-conception. 

Quelles sont les particularités de l’éco-conception dans votre secteur d’activité ? 

C’est une façon de repenser le cycle de vie quand on conçoit un emballage, afin de limiter l’impact du produit sur l’environnement. 

Les emballages sont des produits qui ont de multiples fonctions : ils sont tout d’abord destinés à contenir et à conserver des produits, tout en permettant de les préserver et de protéger le consommateur. Grâce à l’emballage il sera donc possible de regrouper des produits, de les stocker et les transporter, avant qu’ils ne soient présentés dans un magasin et jouent de rôle de « vendeur muet », en informant sur la manière de consommer, la composition, la traçabilité du produit, la marque… Ce qui est également apprécié par le consommateur, est le fait que l’emballage soit « pratique », c’est-à-dire qu’il facilite la consommation et ou l’utilisation du produit qu’il contient. Mon travail consiste donc à répondre à toutes ces contraintes précisées en amont dans un cahier des charges, tout en dirigeant mes choix de forme, de matière, d’épaisseur, de procédé de fabrication… de manière à éviter ou réduire l’impact que ce produit peut avoir sur l’environnement, à chacune des étapes de son cycle de vie : extraction des matières premières, fabrication, transport, utilisation et fin de vie.

Mon travail consiste donc à répondre à toutes ces contraintes précisées en amont dans un cahier des charges, tout en dirigeant mes choix de forme, de matière, d’épaisseur, de procédé de fabrication… de manière à éviter ou réduire l’impact que ce produit peut avoir sur l’environnement, à chacune des étapes de son cycle de vie : extraction des matières premières, fabrication, transport, utilisation et fin de vie.

Pour être plus concrète, voici quelques exemples d’optimisation :

  • Si je suis contrainte par l’utilisation du produit (micro-ondage, congélation…) d’utiliser une matière plastique pétrosourcée et n’ayant pas de filière de recyclage correcte, je peux jouer sur la géométrie et l’épaisseur de l’emballage afin de réduire la quantité de matière utilisée.
  • Réduire la masse d’un emballage permet également la réduction de l’énergie nécessaire au transport. Une autre « astuce » pour réduire les impacts environnementaux liés au transport du produit, est d’adapter la forme de l’emballage aux cartons de distribution afin de ne pas transporter de vide.
  • Nous connaissons tous dorénavant le conceptd’une marque d’eau qui consiste à solidariser son bouchon à la bouteille afin qu’il ne se perde pas dans la nature avant d’être jeté, puis recyclé. Pour les mêmes raisons, cette technique est régulièrement utilisée pour les pots et barquettes.
  • Choisir des matériaux peut-être pétrosourcés, mais ayant une filière de recyclage en France, permet de créer à la longue une économie dite circulaire, qui me permettra la prochaine fois, d’utiliser cette même matière lorsqu’elle sera issue du recyclage.

Le carton est-il plus vertueux ?

Le fait que la matière première du carton soit le bois, une ressource renouvelable, permet de l’identifier de prime abord comme plus vertueux, contrairement au plastique pétrosourcé et donc issu d’une ressource fossile. Mais là encore, tout est une question de cycle de vie !

Un objet en carton issu d’une forêt non gérée durablement, qui aura subi de nombreux traitements (pour blanchiment, texture, coloration, résistance, alimentarité…) sera peu vertueux… Surtout si ces traitements ont nécessité beaucoup d’eau dans une usine énergivore ! Et si ensuite on le transforme en un emballage lourd, non-optimisé, à usage unique et jeté dans la nature, il sera encore moins vertueux et polluera durablement les sols.

A contrario, un emballage en plastique recyclé qui utilise la juste quantité de matière et qui est optimisé au transport sera vertueux. Surtout s’il est recyclable en fin de vie dans les filières du pays !

Evidemment j’ai pris ici des exemples extrêmes, mais c’est pour bien illustrer le fait que la question est plus complexe que « telle matière est vertueuse, telle matière ne l’est pas ». Il faut étudier cela au cas par cas et procéder à une analyse du cycle de vie, pour que les situations soient comparables.

Et les emballages hybrides ?

Nous travaillons de plus en plus sur le mariage carton/plastique pour réaliser des emballages dits « hybrides », qui exploitent le meilleur de chacune des matières. Nous avons récemment co-développé un emballage pour produits pâtissiers avec barquette 100% carton FSC, et un couvercle dissociable transparent en PET, pour remplacer les boites carton avec fenêtre plastique. En effet, il est indéniable qu’un produit vu est mieux vendu. Une boîte tout en carton n’est donc pas envisageable. Mais une fenêtre plastique sur un emballage carton perturbe les étapes de tri sélectif. Il est donc indispensable de penser en amont des emballages hybrides carton/plastique qui « prennent le meilleur » de chacune des matières. 

MDP Design , les matières premières

Qu’est-ce qu’une matière à moindre impact environnemental ?

Tout ce qui subit un processus industriel de transformation a un impact sur l’environnement. Si on voulait éviter à tout prix d’avoir le moindre impact sur l’environnement, il faudrait redevenir chasseur cueilleur ! Ce que je veux dire par là, c’est que le meilleur moyen de ne pas avoir d’impact négatif sur l’environnement est encore de ne pas produire. Mais évidemment, cela n’est pas possible dans une société telle que la nôtre aujourd’hui. Ainsi, l’éco-conception permet de répondre à cette problématique. Produire oui, mais en étant conscients de ce que cela implique à tous les niveaux, et faire en sorte de minimiser ces impacts. 

Une matière à moindre impact environnemental est issue d’une ressource renouvelable. Aussi, son extraction et sa production ne doivent pas être énergivores, ni nécessiter ou rejeter trop de substances nocives. Elle doit être légère, et produite dans le pays dans lequel elle sera transformée, puis utilisée. En fin de vie, elle doit soit bénéficier d’une filière de recyclage ou de compost industriel par exemple, être assez résistante pour être lavée et réutilisée, ou bien être capable de se dégrader dans les mêmes conditions que nos pelures de fruits et légumes.

Selon le produit emballé, le concepteur devra parfois utiliser une matière moins renouvelable, mais qui sera plus adaptée à la sécurité alimentaire. C’est donc au bureau d’études et à la R&D de mettre tout en œuvre pour réduire l’impact global de ce type de produit. 

Prenons l’exemple d’un pot de yaourt : pour protéger cette denrée fragile mais très consommée, les plastiques pétrosourcés sont très adaptés de par leur légèreté et leurs propriétés spécifiques, qui font barrière à la lumière et aux micro-organismes. Ainsi, lorsque le nom de la marque est imprimé en thermoformage dans le corps en plastique du yaourt, il n’y a pas besoin d’ajouter une étiquette. Donc pas de papier, pas de colle, pas d’impression de couleurs qui pollueraient le sol. L’opercule sur le dessus du pot donne les informations nécessaires au consommateur. Et comme le processus de fabrication permet d’attacher directement les pots par 4, plus besoin de carton de regroupement ! On a ainsi limité l’impact environnemental en se débarrassant du superflu. 

Est-ce que le plastique est recyclable ?

Si vous voulez une image, prenez le chocolat. Sous l’action de la chaleur, il fond. Il peut être malléable à température intermédiaire, et durci à froid. Tant qu’il n’a pas brûlé ou n’a pas été mélangé avec de la pâte à gâteau par exemple, il peut être refondu. Pour poursuivre l’analogie, la plupart des plastiques utilisés pour l’emballage ont ces mêmes propriétés intrinsèques : plus besoin donc d’extraire autant de pétrole !

Après avoir été triés correctement, les plastiques sont nettoyés, broyés en paillettes puis fondus pour créer de nouveaux produits similaires. C’est le recyclage mécanique en boucle fermée. Mais selon la qualité de la matière jetée, ou l’utilisation qu’on en a faite (contact avec des produits toxiques par exemple), on peut l’insérer dans une boucle  de recyclage mécanique ouverte. Ceci permet d’utiliser la matière sous une autre forme : comme lorsqu’on transforme les briques de lait en isolant. On peut aussi faire du recyclage chimique, qui est une régénération à l’échelle de la molécule, ou bien de la valorisation énergétique,  quand la destruction du produit permet de générer de l’énergie, pour le chauffage domestique par exemple. 

Dans tous les cas, pour qu’un produit subisse un recyclage adapté, il faut commencer par bien le trier ! De plus en plus d’emballages plastiques sont triés en France. Aussi, je conseille à tout le monde d’utiliser l’outil www.consignedetri.fr, ou l’appli Le Guide du Tri de CITEO, pour savoir quel type de tri est pratiqué autour de chez soi et ne plus commettre d’erreurs.

Des sandwichs de matière !

Les industries du plastique et de l’emballage sont des secteurs qui innovent en permanence, afin de répondre au mieux aux problématiques du marché et du recyclage. 

Une innovation qui a été très utilisée ces dernières années est le matériau complexe : une sorte de « sandwich » de matières qui permet de profiter des meilleures propriétés de chacune d’entre elles. Une couche pour la protection aux UV, une couche qui fait barrière à l’oxygène, une couche imperméable, une couche permettant le scellage… Des concentrés de technologie qui permettent de protéger au mieux le produit emballé, afin d’éviter le gaspillage alimentaire, mais qui complexifient grandement le recyclage mécanique. En effet, les acteurs du tri et du recyclage se sont rendus compte que ce mélange de matières perturbait les étapes de tri et compliquait le recyclage, les couches très fines étant soudées entre elles et presque impossibles à séparer. 

Pour se figurer le phénomène, souvenons-nous des quantités de pâte à modeler gâchées à cause des mélanges de couleur successifs qui ne mènent qu’à une infâme couleur marron verdâtre…

Les innovations vont dorénavant dans le sens des mono-matériaux, qui permettent une bonne conservation et un recyclage optimisé.

Y a-t-il des plastiques biodégradables ? 

Oui bien sûr ! Les plastiques sont des polymères qui peuvent être biosourcés ou pétrosourcés. Il existe même des polymères naturels c’est le cas de notre ADN par exemple. La transformation du pétrole permet de fabriquer des chaînes de molécules, mais il est également possible de fabriquer des chaines de molécules à partir d’autres matières premières renouvelables cette fois-ci, comme des protéines animales ou végétales. C’est ce qu’on appelle des polymères biosourcés. Mais ceci ne signifie pas pour autant qu’il s’agit forcément d’une matière biodégradable. Car selon la façon dont les molécules s’organisent entre elles, elles sont parfois trop bien organisées pour qu’un micro-organisme parvienne à les dégrader. Quand on formule des plastiques biosourcés, il faut donc penser à la fin de vie du produit à venir, pour que la matière soit correctement dégradée par l’environnement. 

Il y a des normes précises et qui imposent d’effectuer en amont des tests de dégradation dans différentes conditions. 

C’est pour cela que le monde des plastiques biosourcés est encore un peu flou pour le grand public : tous ne sont pas biodégradables « home compost » c’est-à-dire aussi rapidement et dans les mêmes conditions que des pelures de carottes dans votre jardin, et il n’existe pas encore de filière nationale de compostage dans des conditions industrielles. Jeté dans le sac des ordures ménagères, ledit emballage pourra donc se retrouver enfoui dans des conditions qui ne lui permettent pas de se dégrader correctement, ou incinéré et moins calorifique que d’autres déchets. Jeté dans le bac de tri il perturbera le bon fonctionnement des centres de tri.

Il faut donc que les consommateurs soient très attentifs à leur manière jeter ces produits.

De l’autre côté, je ne désespère pas qu’après quelques années supplémentaires d’innovations, de recherche et développement toutes ces filières s’entendent vers une réponse commune et plus claire pour tous !

cycle de vie du produit2

La responsabilité est-elle partagée entre l’industriel et le consommateur ?

Il faut bien que le recyclage des plastiques passe par les industriels. Ils ont leur responsabilité dans l’importante charge de matière qu’on retrouve sur le marché. Mais le consommateur aussi a sa part de responsabilité : car bien que le marketing l’amène à toujours désirer plus de choses, c’est lui qui choisit d’acheter et de trier. Il suffit de se demander si l’emballage que j’ai entre les mains m’est nécessaire. Si j’achète un gâteau pour le consommer tout de suite, il vaut peut être mieux aller l’acheter à la boulangerie et l’emporter dans un peu de papier. Par contre si je consomme une barre de céréales emballée individuellement lors de ma randonnée du weekend, je prends soin de garder l’emballage dans mon sac pour le jeter dans la bonne poubelle.

Si en quelques mots vous deviez convaincre un irréductible du carton que lui diriez-vous ?

Que la seule vraie méthode à laquelle je crois pour comparer deux produits dans leur globalité est l’Analyse comparative de Cycle de Vie. C’est à voir au cas par cas !

L’éco-conception est-elle une tendance ?

L’éco-conception est l’une des pratiques qui s’insère dans un cycle d’économie circulaire, pour tendre vers le développement durable. Ce n’est certainement pas une simple tendance. C’est une nouvelle manière de voir la vie, de consommer, de créer de façon à véritablement réduire notre impact sur l’environnement et cesser d’être toujours dans la surproduction et la surconsommation. Car retenons-le bien, le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas !

Qu’est-ce que le cycle de vie d’un emballage alimentaire en matière plastique pétrosourcée ?

  1. Extraction de la matière première : Les plastiques dits « conventionnels » sont issus d’une ressource non-renouvelable : le pétrole. Après son extraction, le pétrole est raffiné pour obtenir du carburant (pétrole, essence, kérosène…) et 4 % des matières issues de ce raffinement est destiné à la production de différentes matières plastiques. On peut donc dire que le plastique est un déchet de l’industrie du carburant.
  2. Fabrication : La matière est tout d’abord mélangée à différents colorants et additifs qui lui confèrent des propriétés de souplesse, résistance, transparence, dégradation… Ce mélange est ensuite transformé en granulés, qui subiront eux-mêmes différents processus de transformation, selon le produit que l’on veut obtenir. Ce sera par exemple l’injection pour les coques de téléphone, l’extrusion-soufflage pour les sacs plastiques, l’extrusion-gonflage pour les bouteilles, le rotomoulage pour les kayak…Pour une barquette de steak haché les granulés subissent deux procédés : tout d’abord l’extrusion qui consiste à faire fondre les granulés pour les mettre en forme, afin d’obtenir des bobines de matière ; Puis le thermoformage : ces bobines sont déroulées et chauffées pour être malléables, avant d’être emprisonnées dans un moule pour former les barquettes qui seront ensuite découpées et empilées. 
  3. Transport et distribution : Après sa transformation, la barquette est envoyée à un industriel qui produit des steaks hachés. Elle sera remplie, operculée et étiquetée, puis mise en lots dans des cartons qui seront expédiés par camion jusqu’aux supermarchés.
  4. Étape d’usage : une fois choisie par le consommateur, la barquette subit une courte étape de transport , du magasin à son domicile. Le produit est ensuite stocké dans le réfrigérateur jusqu’à la consommation du fameux steak. Imaginons qu’il s’agisse d’une barquette sécable dans laquelle il y a deux steaks : la barquette est découpée. Une partie est utilisée puis jetée et l’autre retourne au frigo jusqu’à ce qu’elle connaisse le même sort. De plus la possibilité de conserver la nourriture dans la seconde partie de la barquette, permet de la garder fraiche et évite de ce fait, le gaspillage alimentaire.
  5. Étape de fin de vie : Selon l’action du consommateur, soit l’emballage sera jeté dans une poubelle de tri, soit dans celle destinée aux emballages ménagers, ou bien encore (hélas !) dans l’environnement. Chacun de ces scénarios aura des conséquences différentes sur l’impact environnemental final dudit emballage.

L’agence MDP Design sera présente au Parc des expos de Rennes - Aéroport du 8 au 10 juin 2021 lors du CFIA, le Carrefour des fournisseurs de l'industrie agroalimentaire.

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