Lorsque lui parvient l’écho des expériences de Gabriel Voisin et d’Henri Fabre, il est touché par la grâce aéronautique. Cet ingénieur sans fortune, ne pouvant entreprendre personnellement la construction de ses hydravions doit se résoudre à s’associer avec différents commanditaires afin de poursuivre son rêve. Dès 1907, il construit empiriquement des planeurs qu’il essaie de motoriser.
A partir de cette époque, Denhaut poursuivra ses travaux dans différentes Sociétés aéronautiques (Levasseur, Morane-Saulnier, Borel, Goupy, etc…) en tant que Directeur Technique ou Ingénieur en Chef et ce jusqu’en 1933 date à laquelle il renonce à construire des hydravions, faute de commanditaires. Jusqu’à sa mort en 1952, Denhaut se contentera d’études théoriques sur les hydravions.
[ … je me demandais comment cela allait se passer à l’amerrissage ; aussi pris-je contact avec l’eau avec de grandes précautions, et je fus étonné de la dureté de la surface de l’eau : on aurait cru que la Seine était gelée. Sans attendre de perdre de la vitesse, je fis plusieurs décollages et amerrissages dans la même direction ; toute crainte avait disparu, c’était très amusant…] L’Auto –09/01/1938
François Denhaut
Né le 4 octobre 1877 à Champagnat, près d'Aubusson et décédé à Bellegarde-en-Marche le 12 avril 1952, cet ingénieur autodidacte qui participa au début de l'aviation dans la Creuse est considéré comme l'inventeur des hydravions à coque.
Dès l'âge de 17 ans il participe à diverses courses cyclistes dans sa région, et s’initie ainsi à la mécanique indispensable pour assurer l'entretien de ses cycles. Ce maçon de la Creuse devint entrepreneur de travaux publics. Il exécute des travaux en ciment armé encore peu répandu dans la région. Il construisit un barrage sur la Tardes près de Chambon-sur-Voueize. Il réalise une maison en béton armé à Aubusson et divers autres travaux.
De 1895 à 1905, François Denhaut construit et fait voler des planeurs. En 1909, il construit un biplan avec le soutien financier de Frédéric Danton (1874-1929), fabricant de tapis et de faïence à Aubusson. Le Danton est terminé en 1910 et vole pour la première fois sur l'aérodrome de Juvisy. En 1911, il construit son premier hydro-aéroplane. Mais le premier vol d'un hydravion est réalisé par Henri Fabre qui décolle le 28 mars 1910 de l'étang de Berre, à Martigues avec son « Canard ».
François Denhaut passe son brevet de pilote le 9 décembre 1911. Un jeune ingénieur et financier suisse Jérôme Donnet en collaboration avec l’ingénieur français Henri Lévêque (constructeur de moteur d’automobile) construisent l'appareil de François Denhaut, surnommé le "Poisson-volant".
L'appareil est plus stable sur l’eau car les ailes, le moteur Gnome de 80 ch et l'hélice de l’avion sont placés bien au-dessus de la coque, hors d’atteinte de l’eau. Jérôme Donnet avec Henri Lévêque déposent ensemble un brevet pour leur hydravion mais Denhaut sera exclu de ce brevet. En septembre 1912, il travaille chez Borel, puis en 1914 chez Ambroise Goupy.
En 1915, il fonde avec Jérôme Donnet la Société Donnet-Denhaut qui fournira des hydravions à la Marine française durant la Première Guerre mondiale. En 1920, il est engagé par la Société anonyme des automobiles Bellanger Frères et réalise un bimoteur à coque, le Bellanger-Denhaut BD-22. Après quelques tentatives dans le domaine des planeurs il entre en 1925 chez France Aviation, puis en 1928, il est engagé par François Villiers. Ce dernier ferme ses ateliers en 1931.
En 1932, il étudie un nouveau projet mais n'ayant pas de fortune personnelle et sans soutien financier, il abandonne la construction aéronautique. François Denhaut est décédé à Bellegarde dans sa Creuse natale. En 1921, il est décoré de la Légion d'honneur.
Le premier hydravion à coque : le Donnet-Lévêque type A (1911)©DR