Biscarrosse et l’hydraviation tout une histoire

Biscarrosse et l’hydraviation : un destin commun avec deux bases : Latécoère (base de montage et d’essais) et Les Hourtiquets (base commerciale Air France). En 1930, Biscarrosse, village de résiniers que rien ne destinait à un destin aéronautique, fut choisi par Pierre-Georges Latécoère pour ...

Biscarrosse, terre d'envol des premiers aéroplanes, est rapidement devenue la capitale française de l'hydraviation
Biscarrosse, terre d'envol des premiers aéroplanes, est rapidement devenue la capitale française de l'hydraviation

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... devenir le lieu de montage et d'essais des plus grands hydravions Français. Le lac de Biscarrosse vit ainsi partir plus de 120 hydravions gigantesques. On les appelait les "paquebots des airs".

Pierre-Georges Latécoère, qui construisait ses avions et hydravions à Toulouse, avait besoin d'un plan d'eau pour faire ses essais. Son directeur venu en vacances à Mimizan avait entendu parler des lacs landais. Il en fait le repérage, contribuant ainsi au choix du site pour établir leur base de montage, idéalement située, entre Toulouse et Bordeaux. Véritable épopée pour l’époque, les appareils arrivaient par la route depuis Toulouse par convoi, à 6 km/h. Une équipe de montage précédait les convois, démontait tout ce qui pouvait gêner leur progression (chemin de fer, balcon…). Tout était ensuite remonté à l’identique.Latecoere-631-Musée-Hydraviation-BiscarrosseLatécoère 631 © Musée de l’Hydraviation de Biscarrosse

Une configuration idéale

Son lac, protégé par le cordon dunaire, mesure 20 km de long sur 20 de large, permettant de s'y poser quelle que soit l'orientation du vent. Une configuration qui se révèle idéale pour les lignes régulière. La commune s'est par ailleurs montrée très réceptive dès le début du projet, voyant tout l'intérêt de l'installation de cette hydrobase, dont la construction s'est achevée en 1938-1939.

Pendant l'âge d'or de l'hydraviation, Biscarrosse est la seule hydrobase en France. Elle sert à la fois à tester tous les appareils qui sortent des usines de montage de Latécoère, mais est également la plaque tournante de l’Europe vers l’Amérique du Nord et du Sud. Les compagnies étrangères, notamment américaines, comme la Panam, ou anglaises et allemandes, y font escale. En 1947 est inaugurée la ligne Biscarrosse-Fort de France.

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Photo © Marc Chaillou - Reproduction Interdite

Le luxe est alors de mise à bord… la minceur aussi. Hôtesses et steward ne devaient pas peser plus de 60 kg. Si un passager un peu trop corpulent était embarqué lors d’une escale, bien souvent, c’était le steward qui était sacrifié… obligé d’attendre le vol suivant pour rentrer. Ces vols effectués sur des hydravions transportant entre 40 et 60 passagers, comportaient une part de risque, malgré la présence à bord de 3 techniciens parfois amenés à réparer les appareils en plein vol. Air France a perdu corps et bien quelques hydravions.Latécoère 521 © Musée de l’Hydraviation de BiscarrosseLatécoère 521 © Musée de l’Hydraviation de Biscarrosse

La fin de l'aventure

Après la Seconde Guerre mondiale, très vite, l'avion va supplanter l'hydravion. « La partie militaire n'a pas été développée et ces appareils très lourds, qui ne permettent pas de faire de la voltige, sont cantonnés à un rôle de reconnaissance » précise Sylvie Bergès, directrice du Musée de l’Hydraviation de Biscarrosse.

La multiplication des pistes bétonnées et les progrès réalisés dans l'aviation, rendent vite les hydravions obsolètes. Après environ un an et demi de service, la liaison Biscarrosse-Fort de France est arrêtée.

Aujourd'hui, quelques hydravions restent en service en France. Outre ceux qui sont pilotés par des passionnés, les Canadairs sont utilisés par la sécurité civile. D'autres pays n'ont toutefois pas abandonné ce mode de transport : le Canada, où il constitue un véritable mode de vie… en Chine et au Japon, où l’on trouve des appareils de volume conséquent effectuant la surveillance maritime et portant secours aux bateaux de pêche dans le Pacifique… la Russie développe également des projets.


Histoire de l’hydraviation .... née il y a plus de 110 ans

28 mars 1910 : premier vol d’un hydravion

Ce jour-là, à 10H10 le premier hydro-aeroplane décollait sur l’étang de Berre : le Marseillais Henri Fabre était aux commandes d'un appareil de sa conception, baptisé par dérision "le canard". Cet étrange engin vola sur 800 mètres avant de se reposer sur l’eau. Henri-Fabre-Canard-Musee-Air-et-EspaceCe jeune ingénieur de génie travaillait sur un projet d'hydravion depuis 1907.

Nourries de tous les projets et tentatives antérieurs, ses recherches vont aboutir à la définition d'une machine reposant sur trois flotteurs convexes à fond plat, dotée de deux ailes à fort dièdre positif, d'une envergure de 15 mètres pour une surface portante de 24m² et une masse de 475 kg. Les gouvernes étaient placées à l'avant et le moteur propulsif (un Gnôme de 50 CV), à l'arrière. Le poste de conduite était situé sur le longeron central sur lequel le pilote s'installait à cheval.

Le-_canard-Credit-photo-Musee-Hydraviation-Biscarrosse"Henri Fabre à bord de son Canard" ©Musée de l’Air et de l’Espace

Le baptême de l’air d’un inventeur génial

Henri Fabre n'avait jamais volé. Pas même comme passager ! Mais il parvient à faire décoller son "canard" après une accélération de 300 mètres sur la surface de l'eau. Il va le maintenir à 5 mètres au-dessus de l'étang, sur une distance d'environ 500 m, puis se pose sans dommage.

Il réussira cinq autres vols le même jour dont deux seront homologués officiellement. Réalisé sept ans seulement après le premier vol historique d’un avion par les frères Wright, ce premier décollage/amerrissage constitue pour l’époque un véritable exploit.

Henri Fabre fait alors appel à un pilote professionnel Louis Paulhan pour développer son appareil mais sa colla-boration est de courte durée d'autant que l'hydro-aéroplane est détruit par son concepteur le 18 mai 1910 après une démonstration un peu trop audacieuse. Néanmoins l'ingénieur reconstruit sans tarder son appareil auquel il apporte quelques améliorations.

 Henri-Fabre-en-1910-Photo-DRHenri-Fabre-en-1910-Photo-DRDès l'année suivante, Jean Becu présentera un autre modèle à Monaco, tandis que l'Américain Curtiss exploite les travaux de Fabre pour en confectionner un. En 1912, un autre ingénieur Français, François Denhaut réalise un hydravion à fond plat.

Henri Fabre est un ingénieur français, né à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 29 novembre 1882 et décédé le 29 juin 1984, à l'âge de 102 ans.

Cent ans après cet exploit fondateur de l’histoire de l’hydraviation, une commémoration d'une ampleur exceptionnelle a été organisée en mars dernier sur les rives de l'Etang de Berre en présence notamment des deux enfants d'Henri Fabre, son fils Louis et sa fille Madeleine.

Le 13ème Rassemblement International d’Hydravions de Biscarrosse s’associe à l’hommage rendu à ce pionnier en accueillant la reconstitution du «canard » historique.

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Photo © Marc Chaillou - Reproduction Interdite


Le Latécoère 631 hydravion conçu à Biscarrosse 

Le Laté 631 était le plus grand hydravion du monde, mis en service par la Compagnie Air France en 1947 sur la ligne des Antilles pour permettre à la France d’être présente sur le réseau aérien international et raccourcir les distances entre la Métropole et les Antilles.Latecoere 631 Biscarosse

Cet hydravion a été conçu par Pierre Georges Latécoère (1883-1943), fils d'un petit industriel de Bagnères-de-Bigorre qui, après la Première Guerre mondiale, se lance dans l'aventure des lignes aéropostales. Une base de montage et d’essais en vol est créée par l'entreprise Latécoère en 1930 sur l'étang de Biscarrosse dans les Landes, le site apparaît idéal car protégé du vent par un cordon de dunes.

Après quelques prototypes, en 1942, il crée son paquebot des mers : le 631.

Ce monstre de 75 tonnes, totalement en métal, nécessite six moteurs pour arracher sa masse des flots et l'emmener sur plus de 6000 kilomètres, c'est-à-dire au-delà de l'Atlantique (avec une escale à Port-Etienne), avec à son bord cinquante passagers et six mille kilos de fret.

Ce Laté-631 est un monoplan à aile haute de plus de 57 mètres d’envergure sur laquelle sont montés 6 moteurs Wright de 1600 CV.

Entièrement métallique, il peut voler à pleine charge avec 2 moteurs, ce qui était exceptionnel à l’époque.

Pour comparer avec la taille des très grands appareils de transport de passagers, le Laté-631 est 3 fois moins haut, 2 fois moins large ou pesant que le « Spruce Goose » de Howard Hughes qui vola brièvement en novembre 1947.

Latecoere-631

Entre mai 1947 et février 1948, Air France reçoit trois Laté-631 : F-BANU "Guillaumet" (no.3), F-BDRA (no.4) et F-BDRC (No.6). Aménagés pour 46 passagers et une charge marchande de 4700 kg, ils sont mis en oeuvre par un équipage de 14 hommes.

À partir du 5 juillet 1947, ils assurent les liaisons Biscarrosse-Port Etienne-Fort de France (Antilles) avec régularité et sécurité. Hélas, en mars 1948 le F-BDRD parti du Havre se perd dans la Manche au cours de son transfert à Biscarrosse et le 1er août le F-BDRC disparaît corps et bien dans l’Atlantique.

Latecoere 631Air France décide alors de suspendre de vol ses Laté-631 malgré 2 ans de service régulier sans le moindre incident.

« Biscarrosse / Fort-de-France, 60 ans après » Stewart sur le dernier vol et seul témoin des équipages embarqués sur les Laté 631, Albert Leblanc a volé pendant 4 mois à son bord et effectué 16 rotations. Il donnera une conférence le jeudi 17 mai après-midi, dans le cadre du 14ème Rassemblement International d’Hydravions de Biscarrosse. Les visiteurs du Rassemblement International pourront également tester le confort de cet hydravion que l’on disait très luxueux, en allant visiter le Musée de l’Hydraviation de Biscarrossse, trésor historique, mémoire de ces appareils quasiment disparus.

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