Les Liaisons Dangereuses réécritent par Heiner Mülle au Glob Théatre

Quartett de Heiner Müller - Cie Le Glob / Jean-Luc OllivierRentrée 2013 sulfureuse au Glob avec la réécriture par Heiner Müller des Liaisons Dangereuses, dans la mise en scène de Jean-Luc Ollivier. Une invitation au confinement d'une chambre obscure pour assister aux incisives retrouvailles de la Marquise de Merteuil et Le Valmont. Un engagement dans l'intimité des ...

... deux personnages, certes plus matures, mais qui ne perdent rien de leur cruauté dans leur ultime et impitoyable duel. La mise en scène et la scénographie de Jean-Luc Ollivier vous plongeront dans un univers calfeutré, pour être au plus près de la tension qui lie les deux amants. A la seule lumière de projections vidéos, la pièce interroge son propre medium pour offrir une autre forme possible au théâtre.

Quartett de Heiner Müller - CIE LE GLOB / JEAN-LUC OLLIVIER -  Du 9 au 12 et du 15 au 18 Janvier 2013 - 20h

Quartett est un exercice de variations sur Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. De nouveau face à face, longtemps après leurs premiers exploits libertins, la marquise de Merteuil et le Valmont des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos renouvellent les règles de leurs affrontements érotiques et humains. Lutte amoureuse, érotique et verbale, vers la jouissance des mots qui simule celle des corps. Les deux anciens amants se retrouvent pour interpréter un jeu de masques troublant et venimeux, pour mieux démonter les rouages de la raison, de la morale, et de l’identité. Heiner Müller écrit un texte saisi par la fièvre, un chef-d’oeuvre pareil à un diamant noir : tranchant, obscur, éblouissant, inusable.

Jean Luc Ollivier a entrepris un travail mettant en jeu la proximité entre acteurs et spectateurs. Quartett s’organise autour du texte comme noyau dur, un travail sur la densité et la concentration des enjeux dans un espace réduit. Installé dans une chambre obscure, dont la seule lumière est produite par des images de cinéma, le spectateur est invité, au coeur de ce dispositif intime, à assister à l’ultime combat que se livrent deux fauves vieillissants : Merteuil et Valmont. Une expérience sensible et une approche véritablement singulière de la matière même de ce qui constitue le théâtre.Quartett de Heiner Müller - Cie Le Glob / Jean-Luc Ollivier

Jean-Luc Ollivier - Mise en scène - Scénographie  - Vidéo

Après une période d’exploration de textes presque exclusivement contemporains (Pinter, Müller, Havel...), Jean-Luc Ollivier s’oriente à partir du spectacle La Couleur de l’Homme qui file (1995) vers des créations plus inclassables entremêlant théâtre, danse et arts plastiques. Des scénographies imposantes (le mur de frigos de Blouses – 2000), minimalistes (les cadres de Vers une Géométrie Sentimentale... - 2002) ou « englobantes » (le musée-labyrinthe de Portraits d’avant la nuit – 2000) deviennent fondatrices de l’oeuvre qui se crée.

La démarche du metteur en scène rejoint celle d’un auteur-concepteur travaillant la matière-même du plateau, à la manière d’un peintre dont la scène serait la toile et les artistes, la lumière, le son et tous apports techniques la palette de composition : importance des interprètes, de l’espace, de l’environnement sonore, de la mise en lumière, mais aussi participation des auteurs au processus global de création (comme le firent Eugène Durif pour Blouses ou le bosniaque Safet Plakalo pour La Chambre des Visions – 2003).

Les spectacles ne sont pas pensés comme des schémas narratifs mais comme des structures poétiques, au croisement des champs artistiques et donc des imaginaires. Depuis 2004, les créations de Jean-Luc Ollivier s’orientent vers des registres plus intimistes, alternant les expériences sensitives.

Lorsqu’il propose de monter Quartett, Jean- Luc Ollivier réfléchit simultanément à un dispositif. Une mise en relation intime du texte original et des spectateurs au moyen d’une installation qui favorise cette proximité physique et sensible – le spectateur se retrouvera littéralement au plus près, sans le rapport de séparation frontal inhérent au théâtre traditionnel. Une expérience donc. Un spectacle = un dispositif La particularité de ce projet tient dans sa scénographie. A mi-chemin entre art plastique et théâtre, elle se présente sous la forme d’une installation, un espace de jeu dans lequel acteurs et spectateurs seront amenés à cohabiter. Le dispositif est un espace carré de 8 mètres sur 8, constitué de châssis de 3 mètres de haut.

C’est une proposition très pure et simple dans sa parfaite géométrie. Les châssis sont tendus de tulle noir, la structure peut donc à loisir devenir transparente ou rester opaque. Cette installation, à l’arrivée des spectateurs, ressemble à un décor qui se serait refermé sur lui-même. On est, visiblement, à l’extérieur. On distingue, à l’intérieur des images en noir et blanc, peut-être une silhouette. Après un prologue à l’extérieur de ce cube noir, les spectateurs sont invités à pénétrer à l’intérieur du système. Pour le spectateur, c’est physiquement entrer dans le jeu.

Jean-Luc OllivierNote du Metteur en scène Jean-Luc Ollivier

"Je monte aujourd’hui Quartett. Parce que c’est du théâtre. Parce que l’oeuvre échappe à l’analyse. Elle est irréductible au commentaire. Elle exerce sur ses lecteurs, acteurs ou spectateurs une réelle fascination. Au sens aigu du terme. Un diamant noir. Je monte Quartett pour sa poésie. Son esprit. Non des lumières mais des ténèbres Je monte Quartett pour entrer dans la cage aux monstres. Approcher l’innommable. Parce que ce n’est ni joli, ni plaisant. Ni aimable. Comme tout grand texte, la part d’ombre est immense. J’aimerais explorer ces profondeurs. Pour le trouble. Pour l’humour corrosif. Parce que l’écriture y est magnifique, âpre et luxuriante. Pour le plaisir de travailler cette langue, d’entendre résonner la parole incisive et sombre dans le corps des acteurs. Pour le plaisir des acteurs. Pour le sport. Pour le trouble du spectateur, pour m’aventurer, avec lui, dans cette mise en intimité que propose le dispositif. Au plus près de la flamme. Parce que c’est le moment."

Mise en scène, scénographie, création vidéo : Jean-luc Ollivier
Costumes : Hervé Poeydomenge
Régie générale : Elisa Bernos
Production, diffusion : Jean-Yves Deman
Avec Beatriz Gallio, Daniel Strugeon
Photographie : Guy Labadens
Plus d’infos sur :  http://www.cie-le-glob.fr