Exposition Construire en série - Cité Frugès Pessac

... matière de logement social. Dans les années 1920, sous l’impulsion de l’industriel Henry Frugès, Le Corbusier eut la possibilité de mettre en pratique ses idées novatrices réunies dans son ouvrage Vers une architecture (1923). Il expérimente à la Cité Frugès ses cinq points de l’architecture moderne (usage des pilotis, toit-terrasse, plan libre, ouvertures horizontales, façade libre) en concevant une cinquantaine de bâtiments.

En plus d’offrir un confort innovant pour l’époque, les logements surprennent par leurs lignes claires qui se découpent dans le paysage, à l’image de l’immeuble de la peinture de Damien Mazières qui se distingue de son fond comme un objet isolé aux formes pures. L’édifice figuré ici n’est d’ailleurs pas sans rappeler certaines réalisations plus tardives de l’architecte. Sans aucune forme de fantaisie, les découpes architecturales sont nettes. Pourtant bien ancrée dans la figuration, la peinture de Damien Mazières tend à se rapprocher sensiblement de l’abstraction.

Ce jeu graphique, dans lesquel les façades colorées accentuent lignes fortes et perspectives, est également très présent dans les quartiers modernes Frugès. Celles-ci y côtoient des maisons en cours de rénovation révélant leur ossature. Fondu enchaîné de Hervé Coqueret résonne avec cet état de fait. Un bâtiment, dans une boucle continuelle, se dissout peu à peu devant nos yeux. L’oeuvre, vidéo catastrophe empreinte de poésie, est aussi une interrogation sur la nature de l’image, son apparition et sa précarité. Le second étage est dévolu au travail de Bertille Bak, en écho avec le contexte de la Cité Frugès qui fut l’un des premiers ensembles de logements sociaux réalisé par Le Corbusier. Faire le mur est un film sur la vie quotidienne des habitants de Barlin, petit village situé au nord de la France promis à la rénovation.

Ce film, réalisé en étroite collaboration avec les locataires, prend la forme d’un «documentaire scénarisé » avec l’ambition d’enregistrer ce réseau social « avant la fin » annoncée. Le cahier présenté dans la pièce adjacente contient les 97 façades de Barlin que l’artiste a reproduites au stylo à bille, tel un inventaire. Alors que les maisons étaient initialement identiques, on note qu’au cours des années, les locataires, comme à la Cité Frugès, ont procédé à des aménagements extérieurs qui les ont rendues chacune unique.

Cité Frugès, 4 rue Le Corbusier, 33600 Pessac
Ouvert du mercredi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 18h, et le dimanche de 14h à 18h