Pour ne pas jardiner idiot !

Le jardinage est souvent considéré comme une occupation dominicale et subalterne que les plus limités intellectuellement peuvent pratiquer. En fait, même la visite de n’importe quel jardin, n’est pas une activité dépourvue d’esprit.

Qui se contente de se promener dans un jardin perd une grande partie de l’intérêt de  sa visite, car chaque jardin dispose de plusieurs langages, celui de son dessin, celui de son style, celui des plantes qui le composent, celui de son histoire et celui du dialogue que les fleurs entretiennent entre elles et avec les éléments. L’ignorer ou y rester sourd, c’est perdre une grande partie de ce qui compose l’art du jardin et refuser de comprendre que, dans un jardin, culture rime toujours avec agriculture.

C’est le cas des jardins du château de Mongenan qui, ayant été conçus au XVIII° siècle par Jean-Jacques Rousseau selon les toutes nouvelles théories de Linné, ont mérité d’être classés Monument Historique comme la demeure qui conserve et présente au public les précieux herbiers du musicien-jardinier-philosophe.

Plus de mille espèces et variétés croissent dans le jardin d’utilité où fleurs, légumes et fruits se rencontrent selon le bon vouloir de Jean-Jacques. Mais l’affaire se complique encore du fait que le propriétaire des lieux, le baron Antoine de Gascq, lui aussi passionné de jardins, était également initié et entendait ranger les plantes selon les règles de la kabbale .Naîtront donc plusieurs itinéraires initiatiques, celui des couleurs, celui des saveurs, celui des parfums qui attireront le visiteur par différentes séductions jusqu’au fond du jardin selon les heures de la journée.

mongenan ornement 22a

Mais les plantes, là dedans, ne restent pas spectatrices. Elles participent à cette ample symphonie en refusant, parfois, d’obéir à la volonté du jardinier.

Qui s’est avisé, en effet, que, de tous les arts de création, le jardinage est le seul à devoir intégrer une importante part de hasard ? Si la prédestination du jardin provient de sa situation géographique et des qualités de sa terre , sa création ne peut se départir de la liberté qui anime la vie des plantes permettant ou non leur acclimatation, autorisant leur voisinage et favorisant le nécessaire dialogue entre végétaux. Même la musique et le théâtre, arts  qui font la part belle à l’interprétation , n’atteignent jamais ce niveau de hasard délégué à  la matière dont le créateur sait d’avance qu’il ne sortira pas vainqueur.

A partie du 17 avril et jusqu’au 17 juillet, tous les dimanches à 17 h, Florence Mothe expliquera « La métaphysique du hasard » qui régit les rapports de l’homme et des plantes. Botanique, mythologie, légendes, histoire, pharmacopée, écologie, tous les aspects des jardins seront présentés tels qu’ils ont été perçus à travers les âges. Et naturellement, comme chaque année, à l’occasion des Rendez-vous aux jardins, les graines de plantes introuvables en jardineries et les boutures des rosiers de la roseraie classée SNHF seront offertes aux visiteurs.

1° conférence dimanche 17 avril à 17 h : «  Le jardin, une domestication de la nature ? » suivie de la dégustation gourmande des vins du domaine.
Visite comme tous les jours de 14 h à 18 h, entrée 10 €, renseignements : 05 56 67 18 11.

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