L’âme d’une vie d’Îloûts parvient par-delà les âges. Saisir pleinement la dimension de l’île, ses 300 hectares et laisser l’alchimie opérer. Fermée depuis quatre ans au public pour cause de mue écologique, scientifique et patrimoniale, l’île Nouvelle est désormais ouverte au public parée de ses plus beaux atours.
Ile Nouvelle - Estuaire de la Gironde : vue panoramique du marais et du village - Cliquer sur l'image pour apprécier le point de vue
L’île Nouvelle constitue un formidable outil pédagogique pour sensibiliser le public à un enjeu d’importance cruciale aujourd’hui : l’enjeu environnemental. La relation entre l’homme et la nature, son environnement, évolue en permanence : en fonction du contexte économique de l’époque, des connaissances ou des enjeux.
L’histoire de ce site exceptionnel – depuis son apparition jusqu’à aujourd’hui - raconte cette relation variant en fonction des époques.
Une île pour la reconquête d’une identité paysagère et patrimoniale
Située face à Blaye, au cœur du plus grand et plus « sauvage » estuaire d’Europe, l’île Nouvelle, née de la réunion de l’île Bouchaud et de l’île Sans Pain, s’étend sur près de 300 hectares (6 km de long pour 700 m de large maximum) anciennement dédiés à la viticulture puis à la maïsiculture.
Le Conservatoire du littoral, établissement public de l’Etat chargé de la politique foncière de sauvegarde de l’espace littoral achète l’île Nouvelle en 1991, en raison de son potentiel écologique comme en attestent des niveaux de protection élevés: Natura 2000, ZNIEFF, ZICO.
La gestion et la valorisation de ce site sont confiées, dès 1993, au département de la Gironde au titre de sa politique en faveur des espaces naturels sensibles, le Conseil départemental étant compétent pour «élaborer et mettre en œuvre une politique de protection, de gestion et d’ouverture au public de ces espaces » (article L 101- Code de l’urbanisme) .
Un peu d’histoire
Pendant plus de 150 ans, les digues ont protégé l’île, permettant l’installation et le développement d’ activités humaines. Cependant vivre et travailler sur ces terres gagnées sur l’eau, certes fertiles pour la viticulture et l’agriculture, a un coût. L’entretien des digues a nécessité de la main d’œuvre puis des investissements importants afin de limiter les effets parfois dévastateurs des marées ou des tempêtes .
Après le départ des derniers « îlouts » en 1973 et l’arrêt des activités agricoles 20 ans plus tard, la question du devenir des digues se pose.
La grande tempête de 1999 et ses conséquences sur l’île Nouvelle, confortent le Conservatoire du littoral et le département de la Gironde dans un projet reconnectant cet espace à son environnement estuarien, à savoir «renaturer» les friches agricoles de l’île en laissant le fleuve revenir l’inonder afin de restaurer cette zone humide et accueillir la faune et la flore les plus variées possibles.


L’aventure de la renaturation ....
... ou comment repenser la relation à la Nature
Renaturation : permettre à un milieu modifié et aménagé par l’action de l’homme de retrouver un état proche de son état naturel initial…
La renaturation de l’île Nouvelle est mise en œuvre par une dépoldérisation naturelle sur la partie Bouchaud et par la gestion, via des écluses, d’un marais endigué sur la partie Sans Pain.
Ce projet a bénéficié du transfert d’expériences d’un mode de gestion identique mené sur une île hollandaise (île de Tiengemten) dans le cadre d’un jumelage (une fresque symbolisant cet échange est visible sur l’ancienne place du village).
Ce mode expérimental est en voie de développement pour des espaces en Europe de plus en plus nombreux, l’importance des zones humides dans l’équilibre biologique étant plus largement reconnue.
Sur l’île Nouvelle, les écosystèmes en présence aujourd’hui sont indéniablement favorables à la biodiversité.
Ils jouent un rôle essentiel dans l’amélioration de la qualité de l’eau, la régulation des crues, la protection du littoral et inscrivent l’île dans les cycles de régulation et de protection du littoral.
Enfin, ils participent à augmenter la richesse écologique de l’estuaire.
Lieu d’expérimentation et d’observation, l’île Nouvelle permet d’étudier les dynamiques à l’œuvre (sédimentaire et écologique) ou encore de déterminer son influence vis-à-vis de certains risques naturels comme les submersions marines.
Au-delà de la reconquête d’une biodiversité remarquable et au lendemain de la Cop 21, dans un contexte de bouleversement climatique où l’adaptation est nécessaire, les enseignements de ce projet guideront non seulement le propriétaire et le gestionnaire dans leurs choix de gestion de cet espace naturel sensible, mais plus largement contribueront à éclairer les décideurs en matière d’aménagement du territoire, par la promotion de pratiques alternatives de gestion
Les effets remarquables du mode de gestion
Des habitats restaurés typiques d’une zone humide : Forêt alluviale, mégaphorbiaie, roselières, marais intertidal, vasière..
Une flore patrimoniale variée, avec de nombreuses espèces rares et protégées: Nivéole d’été, Oenanthe de Foucaud, Angélique des estuaires, Fritillaire pintade
Un site majeur pour la faune: Grâce à ses vasières, l’île Nouvelle est devenue une nourricerie pour les poissons, et notamment pour l’anguille menacée d’extension. Elle est d’ailleurs inscrite en Zone d’Action Prioritaire dans le cadre du plan de gestion anguille
La renaturation par la remise en eau de l’intérieur de l’île et la quiétude du site ont permis leur retour progressif des oiseaux.
Source : Conseil Départemental de la Gironde