Au cœur de l’estuaire de la Gironde, l’Île Nouvelle s’étire sur 6,3 km de long. Son extrémité sud voisine avec Fort Pâté, fortification fluviale du triptyque défensif imaginé par Vauban, le « verrou de l’estuaire », entre la Citadelle de Blaye sur la rive droite et Fort Médoc à Cussac, sur la rive gauche.
Cette île est une jeunette ! Elle apparait sur les cartes pour la première fois en 1825 sous la forme de deux îles, Bouchaud et Sans-Pain, façonnées quelques décennies auparavant par la rencontre des sédiments de la Garonne et de la Dordogne et des sables marins transportés par les marées de l’estuaire. Les hommes l’ont ensuite modelée par endiguements successifs pour profiter de la fertilité de ses terres alluviales, s’y installer pour cultiver la vigne, puis le maïs et un jour la quitter. Jusqu’aux années 50, la viticulture domine sur cette île comme sur les autres, et ses deux villages abritent jusqu’à 150 habitants... les « îlouts ». Ensuite, l’histoire de l’île bascule : vigne arrachée, village abandonné… L’île tombe à l’abandon.
Quand en 1991 le Conservatoire achète l’Île Nouvelle aux héritiers du dernier exploitant agricole puis en confie la gestion au Département de la Gironde, c’est le début d’une nouvelle aventure. La nature va reprendre sa place et offrir aux visiteurs toutes les promesses de son insularité !

Du ponton de débarquement, on accède au village Sans-Pain, constitué d’une rue unique. On y imagine la vie des « Iloûts » ses anciens habitants, ouvriers agricoles et leurs enfants, régisseur, maître d’école… Le boisement qui fait face au village est un lieu de nidification élu par les spatules, aigrettes et autres hérons ; personne n’y va !
Vers le sud, par un sentier en boucle de 3 km sur les digues, le visiteur découvre les différentes ambiances de l’île, son histoire et celle de ses habitants. La digue délimite un marais (casier) isolé de l’estuaire et alimenté par une écluse. Des roselières et toutes sortes de plantes hydrophiles, communes ou rares, s’y épanouissent. Les berges sont soumises aux marées et le sud de l’île est couvert d’un boisement alluvial qui la rend impénétrable. Cette promenade, ponctuée par 11 stations d’interprétation est une invitation à la découverte, à la connaissance mais aussi à la rêverie, à l’évasion, à l’émerveillement des sens.
Une Île pour les oiseaux
Ouvrir des digues pour permettre à l’eau de circuler librement et recréer ainsi, progressivement, un milieu propice au développement de certains végétaux et à l’accueil d’oiseaux... Telle est la finalité du programme de gestion écologique mené sur l’île et baptisé « renaturation ». Située sur un axe migratoire majeur, l’Île Nouvelle devient, ainsi, un site ornithologique de premier plan. Depuis 2007, démarrage du processus de renaturation, cet Espace Naturel Sensible offre aux oiseaux d’eau et plus particulièrement aux ardéidés (famille des hérons), des milieux propices à leur reproduction. Un accroissement considérable des espèces et des effectifs de hérons nicheurs a d’ailleurs été constaté.
L'Île Nouvelle est un espace naturel de près de 300 hectares, en cours de renaturation pour retrouver une forte biodiversité (faune, flore, milieux naturels). L'Île est un site majeur pour les oiseaux. Près de 190 espèces ont été recensées en 2018.
L’île Nouvelle et son archipel. Comment naît une île ?
Juste après le bec d’Ambès, un archipel de sept îles se déroule au fi l de l’eau : la Grande île, ou île Verte, la petite île de Margaux, l’îlot du Fort Paté avec son fort constitutant avec la Citadelle de Blaye et le Fort Médoc sur la rive gauche le verrou de l'estuaire inscrit au patrimoine mondial par l'UNESCO, l’île Nouvelle, le vasard* de Beychevelle, l’île de Patiras et, tel un point fi nal, l’îlot de Trompeloup. Mais d’où viennent-elles ?
Les îles, des espaces en mouvement
Nées du fleuve il y a quelques centaines d’années, les îles de l’archipel sont en perpétuel mouvement et se transforment au gré des courants : l’amont est rogné par l’érosion pendant que l’aval se sédimente et s’effile. Juste après le bec d’Ambès, un archipel de sept îles se déroule au fil de l’eau : la Grande île, ou île Verte, la petite île de Margaux, l’îlot du Fort Paté, l’île Nouvelle, le vasard* de Beychevelle, l’île de Patiras et, tel un point fi nal, l’îlot de Trompeloup. Mais d’où viennent-elles ?
Comment naît une île ?
Les fleuves Garonne et Dordogne apportent des tonnes d’alluvions (2 à 3 millions par an). Cette masse est la proie des marées qui y mêlent des sables marins (c’est le phénomène du bouchon vaseux). Parfois, sur les hauts-fonds, ces sédiments se déposent et créent un vasard*. Puis, ce banc devient marécage, la végétation se développe, des alluvions et des branchages s’accrochent. C’est ainsi que naît une île.
Trois siècles d’histoire
En 1707, une carte signale des bancs en face de Blaye. Puis deux îles, bientôt appelées Bouchaud et Nouvelle, fi gurent pour la première fois sur un plan en 1825. C’est en 1830 que l’île Nouvelle prend le nom d’île San-Pain : l’hiver est si rude qu’il empêche tout ravitaillement. Aujourd’hui réunies, ces deux îles sont désignées sous le nom d’île Nouvelle.
L’île Nouvelle, une île façonnée par l’homme
Les premières digues furent construites à partir de 1820 pour rendre les terres cultivables. Puis, vers 1850, de grands travaux sont entrepris pour agrandir le chenal de navigation car l’estuaire joue un rôle économique majeur. Une digue est installée entre les îles Sans-Pain et Bouchaud pour chasser le courant dans le chenal qui s’en trouve raviné. Cette digue va accélérer la fusion des îles, et donner naissance à l’île Nouvelle, consolidée par un nouvel endiguement dans les années 1950.
L’âge d’or de l’île Nouvelle
Vers 1850, la vigne s’installe pour un siècle sur les îles Bouchaud et Sans-Pain. L’importance de la main-d’oeuvre nécessite la construction de deux villages. Le climat protège du gel et de la grêle, et les sols sont inondés chaque hiver pour les nourrir des sédiments du fl euve. Cette coutume est à l’origine de l’âge d’or des îles : alors que le phylloxéra* ravage le vignoble français, l’inondation hivernale des vignes permet de les protéger de cette maladie.
Les “ îlouts ”
La culture de la vigne attire la main-d’oeuvre. Dans les années 1920, sur les îles Bouchaud et Sans-Pain, il y a jusqu’à 150 personnes. Chaque île a son village organisé autour des maisons, des chais et de l’école. Il y a les ouvriers, le régisseur, le ferronnier, le marin, l’instituteur… Quatre générations d’« îlouts » ont fait vivre cette langue de terre jusqu’à ce que le recul du vignoble au profi t des céréales la dépeuple.
Une île abandonnée
La surproduction de vin, dans les années 1950, bouleverse l’histoire de l’île Nouvelle. Les vignes sont arrachées, et l’île est vendue au début des années 1960. Les villages se vident. C’est la fi n d’un monde à part. Une plantation de peupliers laissera fi nalement la place au maïs à partir de 1972. Les constructions devenues inutiles sont laissées à l’abandon et détruites en partie.
Une nouvelle aventure
Le Conservatoire du Littoral et le Conseil Départemental de la Gironde se sont associés pour lui redonner vie autour d’un projet à la fois écologique et patrimonial. Après un siècle d’activités agricoles, il s’agit maintenant de la “ renaturer ”, de la redonner à la nature.
Mais il s’agit aussi de valoriser l’histoire de l’archipel, et notamment des hommes qui ont vécu sur ces îles.
L'île est ouverte toute l'année à l'exception du mardi et du mercredi matin, et sous condition de disponibilité du ponton.
L'Île Nouvelle est un espace de promenade, avec deux boucles possibles de 3 km et d'1 km.
L’Île Nouvelle se découvre de multiples manières au fil des saisons.
Au printemps pour apprécier ses nombreuses espèces d’oiseaux.
En été et à l’automne, pour écouter les secrets de sa nature réenchantés par l’imaginaire d’artistes ou lors de sorties nature crépusculaires ou en journée.
De nombreuses animations nature sont proposées par les guides naturalistes du Département et des associations naturalistes locales d'avril à octobre.
Les animations sont gratuites, seul le transport assuré par des bateliers privés est payant (tarifs variables selon les compagnies et ports de départ).
En savoir plus
https://www.conservatoire-du-littoral.fr/siteLittoral/222/28-ile-nouvelle-33_gironde.htm