Festival Trente Trente : les Rencontres de la Forme courte dans les Arts vivants

Avec une programmation aux croisements des disciplines : danse, performance, musique, théâtre, cirque et ses créations aussi éclectiques qu'exigeantes, le festival Trente Trente défend depuis sa création une programmation de formes courtes hybrides et pluridisciplinaires.

TRENTE TRENTE propose un regard sur les formes courtes actuelles et convie le public à la découverte d’artistes émergents qui bousculent et réinventent le paysage des arts vivants.
TRENTE TRENTE propose un regard sur les formes courtes actuelles et convie le public à la découverte d’artistes émergents qui bousculent et réinventent le paysage des arts vivants.

À vos agendas ! La prochaine édition de TRENTE TRENTE, portée par la Cie Les Marches de l’Été́, se tiendra du 12 janvier au 02 février 2023 dans la métropole bordelaise ainsi qu’à Boulazac et La Rochelle, et présentera une trentaine d’artistes et compagnies dont Alexandre Paulikevitch, Volmir Cordeiro, Joachim Maudet, Eve Magot, Betty Tchomanga ou encore Mathieu Ma Fille Foundation. Un rendez-vous incontournable pour les amoureux des formes courtes hybrides et pluridisciplinaires, et de propositions artistiques sans concession.

https://vimeo.com/779195381

Danse, théâtre, cirque, performances… surprenant par son format - trente secondes, trente minutes… - et sa programmation, TRENTE TRENTE offre une vision plurielle et pointue de la création contemporaine et réunit chaque année depuis 20 ans des propositions artistiques de haute volée aux croisements des disciplines. Dédié aux formes courtes engagées et expérimentales, TRENTE TRENTE convie à découvrir sous forme de parcours (enchainement de 2 à 5 formes courtes durant la même soirée) une trentaine de propositions audacieuses, valorisant la richesse et la créativité débridée de la scène locale, nationale comme internationale. Dans tout Bordeaux, et particulièrement dans des lieux où prime la proximité entre artistes et spectateurs. 

TRENTE TRENTE 2023b
TRENTE TRENTE 2023b
TRENTE TRENTE 2023b

Un festival dédié aux formes courtes  engagées  et expérimentales

Pour cette 20ème édition, une attention particulière sera portée aux propositions très intimistes (parfois pour un seul spectateur !), en confrontation direct avec l’artiste. Une soirée-focus sera également consacrée à la thématique de la censure, avec un débat organisé le 27 janvier à la MECA autour de la thématique « Liberté d’expression et censure nouvelle », et des propositions visant à interpeler chacun dans ses propres barrières. Un fil rouge à retrouver tout au long du festival, avec la programmation d'artistes ne pouvant se produire dans leur pays, ou encore des performances pour adultes autour de profondes questions de société.

Affiche credit Vincent Menu Le jardin graphique

Parmi les autres temps forts de Trente Trente 2023 : Défilé performances et curiosités, le 24/01 aux Vivres de l’Art (BORDEAUX),par Maison De La / Antoine Linsale et Guillaume Collard, avec De La Saboté.e, De la Beuhchaire, Soa de Muse, Elips, Otpsie, Gioffré, Nathan Selighini... et la participation de 16 danseurs amateurs. Conçue comme un espace de bienveillance et de militantisme, Maison de La est la première Maison pluridisciplinaire Drag Créature, Queer, et Club Kid de Bordeaux, qui vise à promouvoir la différence et à éveiller la curiosité dans un état d’esprit ouvert, respectueux et joyeux. Ou encore une soirée 100% danse à La Rochelle le 17 janvier avec Étude 4 – Fandango et autres cadences (Aina Alegre / Studio Fictif) et Argentique (Olivia Grandville).

Et comme chaque édition, le festival tient aussi à soutenir le processus de création par l'accueil en résidence d'une partie des artistes invités.

TRENTE TRENTE 2023b
TRENTE TRENTE 2023b
TRENTE TRENTE 2023b

Programmation 2023

12 lieux en Nouvelle-Aquitaine dont 4 nouveaux cette année

  • BORDEAUX
    • LA MANUFACTURE CDCN HALLE DES CHARTRONS MARCHÉ DE LERME MECA
    • BAG GALLERY
    • LES VIVRES DE L’ART Nouveau
    • GARAGE MODERNE
    • WASHBAR Nouveau
  • LE BOUSCAT
    • ATELIER DES MARCHES
  • LA ROCHELLE
    • LA MANUFACTURE CDCN LA ROCHELLE Nouveau
    • MILLE PLATEAUX CCN LA ROCHELLE Nouveau
  • BOULAZAC
    • AGORA PNC
pdf-eb697.pngUNE TRENTAINE D’ARTISTES ET COMPAGNIES : DÉCOUVREZ LA PROGRAMMATION

Jean Luc Terrade

Entretien avec Jean-Luc Terrade
Directeur artistique de Trente Trente/ Directeur de la compagnie les marches de l’été

« Un bon spectacle doit déranger. S’il ne dérange pas, c’est que l’on reste dans des schémas déjà connus ou attendus. Pour le spectateur comme pour l’artiste. À Trente Trente, nous prônons un dérangement non- violent »

Trente trente pitché en trente secondes, ça donne quoi ?

Jean-Luc Terrade : Trente Trente, qui fêtera sa 20ème édition en janvier 23, ce sont les Rencontres de la forme courte dans le spectacle vivant. Pluri et transdisciplinaire, Trente Trente présente une trentaine de propositions mais aussi - et c’est dans l’essence même du festival - des étapes de travail, sous forme de parcours, allant de la danse au cirque en passant par le texte, les performances, ou encore des installations, qui vont de trente secondes à trente minutes. Parfois ça déborde. Dans tous les sens du terme...

Quel(le)s artistes seront présents à cet opus 2023 ?

JLT : Comme chaque année, nous accueillons des artistes fidèles à Trente Trente, comme Volmir Cordeiro, et des nouveaux comme Matthieu Hocquemiller dont la performance est très attendue. Il y a aussi, j’y tiens particulièrement, un juste mélange entre des présentations de travaux et performances d’artistes régionaux que nous souhaitons mettre en lumière (Afshin Ghaffarian, Abdulrahman Khallouf, etc.), et la programmation d’artistes internationaux (Liban, Italie, Syrie...). C’est un apport mutuel à la fois pour les artistes mais aussi les spectateurs. Toutefois, la programmation de Trente Trente est avant tout une histoire de rencontres et de coups de cœur : je ne m’impose aucun « chiffre ».

Quels seront les temps forts de cette édition anniversaire ?

JLT : La programmation est conçue pour être un enchainement de temps forts et percutants, mais je dirais qu’il y aura deux moments « spéciaux » cette année :

  • Un programme Queer organisé par La maison de La le 24 Ce sera une incroyable soirée de défilés « acrobatiquement haute-couture » et de performances. Le phénomène queer est enfin visible depuis quelques années et je m’en réjouis. Je trouve cela essentiel de présenter ces artistes en dehors de festivals 100% dédiés. Il y aura 7 performeur.se.s (De La Saboté.e, De la Beuhchaire, Soa de Muse, Elips, Otopsie, Gioffré et Nathan Selighini) qui présenteront leurs costumes, suivis d’une performance. Cette soirée, conçue par Antoine Linsale et Guillame Colalrd, se finira par une grande fête collective avec le public.
  • Une journée autour du thème de la censure le 27 janvier, en collaboration avec la MECA et l’OARA. Pour la première fois, nous organiserons un débat avec Agnès Tricoire une avocate spécialiste en ce domaine, et des artistes invités à s’exprimer sur le sujet. Autour du débat, une programmation dédiée amènera le public à interroger ses propres frontières, avec notamment les deux performances (pour adultes) de Matthieu Hocquemiller - qui abordera la question de l’âge dans les rapports de couple et le métier de travailleur du sexe - et Paola Daniele, qui proposera une installation collective où les menstruations seront ressource, quand trop souvent encore elles sont plutôt « malédiction ».

La censure est un peu le fil rouge global de cette édition ?

JLT : J’ai effectivement tenu à étendre ce thème en fil rouge, en invitant par exemple des artistes qui ont des difficultés à pratiquer leur art dans leur propre pays. Je pense par exemple à Alexandre Paulikevitch, qui danse le baladi, une danse traditionnellement pratiquée par les femmes et qui peut lui valoir un certain rejet. Trente Trente 2023 souhaite aussi aborder une censure plus insidieuse qui ne dit pas toujours son nom. Je pense notamment aux textes de Jean-Luc Lagarce qui indirectement ont traité ce sujet. Il existe une censure d‘état, évidente dans les pays arbitraires, mais aussi une censure plus institutionnelle dans nos propres démocraties qui tend à invisibiliser les spectacles allant au-delà du simple divertissement. Cela reste difficile de programmer des performances qui interrogent, questionnent, dérangent.

Mais n’est-ce pas finalement le fil rouge de Trente Trente depuis toujours ? Les Rencontres cherchent toujours les « limites », à la fois des artistes et spectateurs. J’aimerais vraiment interroger durant le débat à la MECA ce ressenti de la censure en France, nous qui avons trop tendance au jugement « facile » des pays où le manichéisme culturel semble plus évident. J’aimerais savoir si les artistes par exemple se brident, en ces temps de polémiques où les réseaux sociaux amènent à la fois de bonnes et de mauvaises choses en matière de liberté d’expression.

Le rapport à l’intime est aussi beaucoup mis en avant par des formats dédiés ?

JLT : Effectivement, un certain nombre de propositions confronteront un nombre très restreint de spectateurs aux artistes. Par exemple, la performance d’Eve Magot, pour un seul spectateur, où la proximité directe des corps interrogera celui-ci dans ses rapports à la sensualité. Également, Du luxe et de l’Impuissance où quatre spectateurs prendront place en voiture et se laisseront emporter par les mots de Jean-Luc Lagarce, les ambiances de tournées, les répétitions, la route de nuit et Macha Béranger à la radio. Stylus Dust de Marc Parazon, installation sonore pour une dizaine de personnes à l’Atelier des Marches. Ou encore l’exposition singulière de Laurent Goldring autour du corps nu. Ces vidéos ont eu un impact important dans l’émergence d’un nouveau corps dans le champ de la danse de la fin des années 90.

L’ADN de TRENTE TRENTE, ce sont aussi ses parcours de lieux en lieux

JLT : Dans tout Bordeaux, nous organisons l’enchainement de 2 à 5 spectacles répartis dans divers lieux accessibles facilement à pied ou en tram pour faciliter les mobilités douces. Et aussi, proposer une expérience complète aux spectateurs qui partagent ensemble de vraies soirées. Parmi nos partenaires historiques : la Halle des Chartrons, la Manufacture CDCN, le Marché de Lerme... Nous avons de nouveaux lieux cette année : nous irons à Bacalan au garage Moderne et la soirée Queer se tiendra aux Vivres de l’Art.

Les Rencontres se passent essentiellement, à Bordeaux mais aussi dans toute la région Nouvelle-Aquitaine. Nous avons un nouveau partenaire cette année, le CCN de la Rochelle, et nous organiserons une soirée 100% danse le 17 janvier avec Aina Alegre et Olivia Grandville. Une soirée cirque vient également conclure chaque année Trente Trente à Boulazac en Dordogne. Nous tenons à faire sortir la culture « alternative » de la Métropole Bordelaise, pour que l’interrogation de nos rapports à l’art ne soit pas une « tendance urbaine ».

TRENTE TRENTE passe cette année la vingtaine : quels souvenirs gardez-vous de ces 20 éditions ?

JLT : On a commencé en 2004, avec la volonté de présenter aux Bordelais des artistes qui avaient peu de visibilité en Nouvelle-Aquitaine, et je me réjouis de deux choses : nous avons gardé cet engagement, et nous avons vu éclore des artistes qui ont fait un sacré chemin depuis. Je pense spontanément à Leila Ka, Volmir Cordeiro (qui a fait son premier solo chez nous), Meytal Blanaru... Je pene aussi à des artistes locaux comme Nicolas Meusnier ou Arnaud Poujol.

La fidélité des artistes, qui reviennent régulièrement à Trente Trente même une fois « connus », m’émeut car elle prouve que le format et l’accueil du festival leur plait. Nous sommes restés attentifs au bien-être de chacun, et nous veillons à être un terrain de liberté d’expression débridé. La proximité que nous instaurons également entre artistes et spectateurs est quelque chose qu’ils apprécient : nous leur apportons ce rapport frontal qui devient très rare, Trente Trente tient à installer l’art dans des petites salles - parfois pas du tout dédiées au spectacle ! - où la frontière entre public et performeur.se est abolie. Cela a donné lieu à de vrais moments de grâce.

Être dérangé, ça n’est pas une baseline évidente pour attirer de nouveaux publics. que diriez-vous pour conclure aux plus timides pour les inviter à « oser » TRENTE TRENTE ?

JLT : Pour moi, un bon spectacle doit déranger. S’il ne dérange pas, c’est que l’on reste dans des schémas déjà connus ou attendus. Pour le spectateur comme pour l’artiste. Chacun doit dépasser ses propres codes, sans quoi le public n’est pas disponible à recevoir et l’artiste à accueillir. Face à quelque chose qui ne lui serait pas étranger, un spectateur reste dans le confort, le divertissement. Cela peut plaire, mais à Trente Trente nous proposons autre chose, à tester au moins une fois. Sans appréhension : je prône un dérangement non- violent. Jamais nous n’interpellons verbalement ou physiquement le spectateur pour le mettre mal à l’aise. Trente Trente amène en douceur à interroger nos limites, sans jamais prendre le public en otage.

En savoir plus http://www.marchesdelete.com

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