Blaye : le Festival de théâtre de Blaye et de l'Estuaire entre en scène

.... chaque année le cap sur la création et font résonner la parole des poètes des plus classiques aux plus contemporains. Accessibilité, décentralisation, créativité : telle est la vocation des Chantiers Théâtre de Blaye et de l’Estuaire à Blaye, Cussac Fort Médoc, Reignac, l’île Nouvelle, Gauriac, Saint-Martin Lacaussade, Saint-Seurin de Cursac et Saint-Aubin de Blaye.

Après 25 ans, et pour des raisons économiques et politiques indépendantes de leur volonté, les Chantiers Théâtre de Blaye et de l’Estuaire doivent faire face à une mutation très importante de leur fonctionnement et repenser les modalités de leurs activités. Toutefois ces transformations sont dans le droit fil d’une évolution organisée depuis plusieurs années et elles répondent non seulement aux souhaits et aux attentes des principaux partenaires qui soutiennent ce festival mais encore du public.

Au travers de ces changements profonds l’accent n’est plus mis sur la diffusion ni sur le côté événementiel mais surtout sur la création et l’implication sociale de l’action théâtrale. Il n’y a ainsi plus seulement un festival en août mais une présence permanente, avec des interventions en février, en juillet, en novembre… Blaye restera toutefis toujours le phare culturel du secteur mais de nombreux points s’allument comme autant de manifestations d’expression culturelle.

En 2002, avec l’arrivée de Jean-François Prévand, auteur, metteur en scène et comédien, le festival dépasse les remparts de la Citadelle et s’ouvre sur les territoires de la Haute-Gironde. On parle alors de festival « décentralisé ». Cette décentralisation s’effectue également dans le temps avec la CAPE (Création Annuelle des Pays de l’Estuaire), action de développement culturel qui se déroule toute l’année sur l’ensemble du territoire de l’Estuaire (Haute-Gironde et Médoc). Ainsi depuis 2003 cette décentralisation progressive des actions a amené l'association en charge de l'organsiation à proposer plusieurs événements spécifiques :

• LES CENEs (Chantiers d’Ecritures Nomades en Estuaire) qui rassemblent toute l’activité créatrice des Chantiers (commandes d’écritures, éditions, résidences, coproductions) ainsi que leur action culturelle, notamment en milieu scolaire, qui leur est liée.
• THÉÂTRE EN CITADELLE, qui est le prolongement de ce qu’on appelait proprement dit le festival de Blaye.
• TEMPS FORT MÉDOC, un événement organisé depuis 4 ans à Cussac Fort Médoc.
• SUR LES ROUTES, qui regroupe un festival de théâtre itinérant sur les territoires de la Communauté de Communes de l’Estuaire (St Aubin de Blaye, Marcillac, ...) ainsi que dans diverses communes de Haute Gironde comme Gauriac, Plassac…

L’intitulé de l’association devient alors les Chantiers-Théâtre de Blaye et de l’Estuaire. En 2008, la décentralisation se pose comme un des axes majeurs de l’action des Chantiers, les partenaires locaux sont de plus en plus nombreux et motivés.

Elle est également déployée vers l’Estuaire avec des propositions sur l’Ile Nouvelle et en péniche, en lien avec le projet de développement porté par le Conseil Général « Histoires d’Iles ». Sous l’impulsion de son directeur, le festival reste fidèle à son idée première, la visibilité et l’émergence des artistes et des auteurs d’Aquitaine. En parallèle, l’édition 2008 met en place les Journées du Théâtre Amateur de Haute-Gironde. Les compagnies locales ont la possibilité de présenter leur création dans un temps et un lieu dédiés, et ouvrent désormais le festival.

Jean François Prévand, Directeur Directeur des Chantiers Théâtre de Blaye et de l’Estuaire, nous présente les évolutions du festival :"Il y a beaucoup à célébrer, beaucoup à préserver, il y a beaucoup à conquérir. En cette année de célébration du centenaire de la Grande Guerre, nous avons Jaurès, humaniste, philosophe, visionnaire. À travers le parcours d'un homme d'état, journaliste visionnaire, nous pouvons mieux comprendre l'effroyable mécanisme qui mène à la catastrophe.
Par Je m’appelle Jean Gilles de Michel Suffran, nous apprenons à connaître André Lafon, le poète blayais, qui voyait, dans les yeux bleus des prisonniers allemands du fort, cette flamme d'humanité que tant d'esprits aveuglés leur contestaient.
Les auteurs des CÈNES (Chantiers d’Ecritures Nomades en Estuaire), Noëlle Renaude, Dominique Paquet, Jean Paul Alègre, marient l'humain et le territoire, le patrimoine et le vécu dans des oeuvres originales qui seront étudiées, commentées par la jeunesse, dans les collèges et les lycées...
Voltaire écrivait : " c'est bien la mémoire de l'humanité qui est le préservatif le plus salutaire contre la rage des âmes, la rage du préjugé, la rage du fanatisme". Voltaire et Rousseau poursuivent leur lutte éternelle dans les bastions du Fort Médoc. Ils se battent, non sur l'utilité de la culture, ils en sont bien persuadés tous les deux, mais sur sa nature: est-elle juste une transmission ou doit- elle être l'occasion de la remise en question?
Hugo et Goethe ne disent pas autre chose: Vivre, c'est se survivre. Non en regrettant le passé. Mais en ajoutant chaque jour une brique dans le mur de sa construction personnelle, afin de devenir meilleur pour soi-même et pour les autres.
Parler aux oiseaux, dirait Gianni Fornet, ce n'est pas seulement se parler à soi- même, c'est ouvrir son âme au monde entier.
Ce monde entier, c'est justement le contraire de l'exclusion. C'est accepter et aimer Le regard de l’homme sombre, le regard de la différence, comme nous le transmettent nos amis du Petit Théâtre de Pain.
Notre cher Vauban ne pouvait se douter qu'un jour ses fortifications seraient le lieu de la main tendue.
Et Sur les routes de l'Estuaire, Robin Renucci et ses Tréteaux de France n'ont pas choisi Ionesco par culte de l'absurde mais bien certainement parce que ce grand dramaturge savait mieux que quiconque mettre en lumière les absurdités des mécanismes d'oppression et de manipulation par le langage.
Le théâtre, c'est cela, c'est cette générosité. C'est cette Citadelle qui sert de rempart contre les ignorances. C'est surtout le lieu de l'échange vivant, où le spectateur interpellé se doit de donner une réponse à lui-même, et aux autres. Exercice de liberté, il est irremplaçable.

Les Chantiers d’Écritures Nomades en Estuaire (CENEs)
.... Une véritable « culture » locale

Avec le dispositif des CENEs, les Chantiers souhaitent maîtriser tout le processus de création, depuis la commande d'écriture en passant par la production et le processus d’édition en coréalisation avec SCRIPT. 2014 marque à ce titre une nouvelle étape : celles-ci ne sont plus uniquement revendiquées mais « privilégiées ». Les Chantiers s’affichent comme n’étant plus une simple vitrine du théâtre contemporain mais un vrai foyer de création, capable de susciter des écritures d’auteurs comme Noëlle Renaude, Jean Paul Alègre, Dominique Paquet, Michel Suffran, d’éditer leurs textes, leur matière et de coproduire directement.

L’originalité du système se situe en amont et en aval de toute l’opération. En amont les auteurs ont un cahier des charges simple mais bien précis : livrer un texte en relation avec l’estuaire, l’eau, les divers patrimoines de l’estuaire de la Gironde (historique, naturel, socioéconomique, humain…). Et en aval, ces textes édités et joués servent de point de départ à la création des partenaires locaux, associations ou des établissements scolaires.

Lors du prochain festival de Blaye (fin août), une journée spéciale sera consacrée aux CENEs. Outre la présentation de Je m’appelle Jean Gilles à la Salle de la Poudrière, la représentation des Comédies de l’Estuaire à Gauriac – Roque de Thau et la présentation du Marathon spectacle Vues d’ici, l’intégrale de Noëlle Renaude,n une rencontre sera oragnisée dans le cloître des Minimes en Citadelle de Blaye consacrée à la sortie du volume 5 de l'édition des CENES, regroupant les derniers textes.