Car Marie Labat est plasticienne mais aussi agricultrice à Lys (Pyrénées Atlantiques). Dans ses deux activités, Marie Labat met à l’honneur la main. D’où la thématique de cette exposition, intitulée Des gestes, qui interroge sur l’importance d’un retour aux fondamentaux et à la terre.
La dernière exposition annuelle orchestrée par Virginie Baro met en lumière, les 26, 27 et 28 novembre à Bayonne, le travail de la plasticienne Marie Labat. Virginie Baro a joué ici le rôle, en plus de son accompagnement de commissaire et galeriste, de directrice artistique.
Une ligne de foulards dessinés par l’artiste et produits en édition ultra limitée par l’entreprise française Grain de couleur sera présentée, ainsi qu’une production récente de sculptures, dessins et peintures. Virginie Baro a choisi, comme à son habitude, un cadre singulier pour recevoir cet événement : la maison d'un particulier (et son jardin), située à Bayonne.
De l’installation artistique à la pièce de design de luxe
Artiste et agricultrice travaillant dans le Béarn (64), Marie Labat a fortement ressenti, lors du premier confinement de 2020, la prise de conscience générale d’une nécessité d’un retour aux fondamentaux. Cela s’est traduit, pour nombre d’entre nous, par le besoin de se rapprocher de la terre et de pratiquer les bons gestes ; un retour de la main au travail potager par exemple.
Des gestes, qu’elle a observés quotidiennement sur sa ferme et qui lui semblaient ignorés jusqu’alors par la population, sont redevenus des gestes essentiels aux yeux de tous ; un élan commun vers un nouveau monde.
La recherche plastique de Marie Labat s’est ouverte sur un projet d’installation nommé « Des gestes et des failles », composé de volumes géométriques fendus ou brisés et de dessins numériques des gestes observés et collectés imprimés sur textile. Les images associent le geste aux paysages, aux éléments vivants et aux outils agricoles présents dans son espace de vie.
Les failles sur les volumes, quant à elles, témoignent de notre système défaillant dès lors qu’il est déstabilisé par un élément perturbateur. Enfin l’usage du numérique fait écho à notre humanité vivant à distance à l’aide des nouvelles technologies.
La prise de conscience de nos failles, de la nécessaire préservation de notre terre, et de l’omniprésence du numérique constituent l’essence de cette pièce. Au fil de l’élaboration de cette installation, la puissance des gestes représentés a suscité chez la plasticienne l’envie de les valoriser dans une production à part entière.
Parallèlement, sa volonté de travailler le foulard lui est revenue à l’esprit et il lui est apparu comme une évidence de travailler ces gestes sur cette surface à la fois accessoire de travail et de mode. Est alors née la ligne « Des gestes » et la première collection consacrée aux Prémices du jardin.
Quand un accessoire de mode se fait étendard ....
.... Porter sur soi notre lien à la terre, des gestes retrouvés
Le foulard était un accessoire des tenues de travail. L’artiste se souvient de sa grand-mère coiffée d'un tissu pour exécuter les travaux agricoles. Il la protégeait du soleil et ses cheveux de la poussière. Cet attribut est devenu accessoire de mode, un objet précieux, décliné de couleurs et de motifs divers, un incontournable des garde-robes.
Le carré de soie est une surface potentiellement intéressante à investir pour passer des messages. Plasticienne, Marie Labat s’en saisit pour en faire l’étendard d’un retour aux gestes en prises avec notre terre.
Portés à la campagne comme à la ville, autour du cou, dans les cheveux, sur l’épaule, ces carrés de soie parent le corps de l’image d’un geste, ils rendent public le message. Associé au foulard et à la démarche de l’artiste, le corps devient alors objet artistique.
Porter des gestes comme une œuvre d’art pour montrer leur préciosité, leur nécessité, les donner à voir et les faire renaître comme une forme d’engagement. Ainsi, sur un carré de soie, les gestes vivent hors de la galerie, du lieu d’exposition. Ils sont dans notre quotidien, habillent notre paysage de nos nouvelles considérations.
Le savoir-faire de nos mains, ces gestes fondamentaux perdus sont à présent retrouvés.
Marie Labat, un écoféminisme incarné dans une production artistique engagée
« Artiste et agricultrice, la terre me transmet un certain nombre de savoirs, forme d’éducation à la nature. Le contrôle et la maîtrise des espaces naturels, toujours plus importants, sont de véritables asservissements. L’espace rural est le lieu d'une relation fondamentale entre nous et la nature, la terre et le vivant. Notre nature révèle notre culture. Nous modifions notre milieu, nous en prenons le contrôle, mais ce pouvoir exprime notre propre condition humaine. Témoin des changements imposés au paysage et aux Hommes par l’industrialisation agricole et le manque de considération des fondamentaux par nos politiques et le grand public, je suis dans le désir incessant de comprendre comment notre culture, notre humanité existent et s’expriment dans notre usage du milieu naturel.
Je détourne les objets de leur quotidien, des images de leur espace de vie, des éléments de leur territoire de campagne, des pratiques vernaculaires. J’associe cette matière à des formes empruntées à notre société contemporaine, des références aux contextes sociaux, politiques ou économiques actuels, et révèle ainsi, notre propre rapport au monde, à notre culture, notre humanité. Dans chacun des médiums que j’emploie, (dessin numérique, installation, vidéo, sculpture), les éléments se rencontrent, comme un jardin en pousse fait de différentes parties formant un tout ; une mise en scène du quotidien et des images qui nous entourent pour une nouvelle narration, une confrontation d’idées, de matériaux, de contextes et de propos intellectuels. Mes œuvres intègrent parfois le lieu, le paysage ou le corps du spectateur comme objet artistique. J’aime imaginer des espaces où les œuvres agissent et interagissent avec le territoire d’exposition et les lieux du quotidien. Dans les rencontres que je convoque, je fais dialoguer mon expérience, mon regard sur le vivant avec notre société, notre culture. »
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L’écoféminismeL’écoféminisme est un courant de pensée philosophique, éthique et politique qui considère qu’il y a des corrélations entre la société patriarcale et le système de surexploitation des ressources de la nature entraînant le dérèglement du climat et des écosystèmes. L’artiste pointe ces faits dans sa production plastique et agit pour le changement au sein de son exploitation agricole. |
Une plasticienne et agricultrice associée à une galeriste et directrice artistique
« Virginie Baro a toujours posé un regard objectif, sincère et bienveillant sur mon travail. Elle m’a régulièrement accompagnée dans ma carrière de plasticienne ou dans mes projets culturels, notamment au développement et à la réussite de l’événement Rapprochement avec l’association La prairie des possibles. C’est un véritable atout pour une artiste de pouvoir travailler avec une personne d’expérience et de confiance.
Lorsque j’ai débuté mes recherches sur les gestes et ma réflexion sur un projet de carré de soie, c’est tout naturellement que j’ai sollicité Virginie pour bénéficier de son regard. Son enthousiasme a confirmé la qualité de la démarche artistique. Fidèle à la singularité de mon travail, son accompagnement, pertinent et professionnel a permis de construire et d’aboutir à la création de la première collection de foulards et de sa mise en lumière. » - Marie Labat, plasticienne - Virginie Baro © David Duchon-Doris
« Marie Labat est une artiste dont je suis et soutiens le travail depuis plusieurs années. Elle porte un regard attentif sur le monde et parvient, en donnant forme à des œuvres allant de l’installation au dessin numérique en passant par la vidéo, à séduire le spectateur grâce à la fabrication d’images attrayantes (motifs de fleurs des champs, photos de paysages de montagnes) et ainsi faire passer des messages profonds et engagés qui mettent en branle la réflexion du regardeur. La plasticienne a compris, il y a bien longtemps, que notre nature et les transformations que nous lui apportons révèlent notre culture. Nos paysages sont à notre image.
C’est avec un grand intérêt intellectuel que j’accompagne ses projets de recherche pour pousser au maximum sa réflexion et ses choix artistiques. C’est avec un réel enthousiasme que je représente son travail au sein de ma galerie d’art et que j’ai suivi Marie dans la direction artistique de l’élaboration de sa collection de foulards.
L’événement, qui lance cette première ligne d’accessoires, se veut éthique et transversal, entre art, design, mode et luxe. Associé à la présentation d’œuvres de l’artiste (sculpture, dessin, installation), il permet une immersion totale dans son monde, toujours avec cette volonté de mise en situation des œuvres au sein d’un univers familier : l’intérieur de la maison de particuliers. » - Virginie Baro, galeriste -
Exposition, vente d’oeuvres, design textile et installation
Du 26 au 28 octobre 2021 | 14h-19h
Rencontre avec l’artiste vendredi 26 novembre à 18h
Quartier Polo Beyris1 rue Adrien Barthe • Bayonne
Entrée libre - 06 84 17 89 57 -
/ Commissariat d’exposition Virginie Baro
Promotion d’artistes Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.