Force est de constater que le Béarn est, la plupart du temps, inconnu au bataillon.
Paraula !
« Je m’étais fixée très tôt comme objectif de réparer cette injustice dit-elle en riant, mais dit-elle tout de même ! ».
En 2011, la maladie mettant un frein à sa routine, lui laisse du temps pour écrire. Ce temps qu’elle n’avait pas avant, qu’elle ne prenait pas non plus, aujourd’hui, elle le saisit et écrit pour sa vallée.
- J’écrivis d’abord un recueil de poèmes, mélange de nostalgie, de mélancolie et de tristesse, de peur aussi, avec en toile de fond ma si chère vallée d’Ossau et, sur son éperon volcanique, le Pic du Midi d’Ossau.
S’en suivit Edelweiss, la fille de l’Ossau, recueil de nouvelles.
Ces deux livres firent leur petit chemin…Je rencontrai une éditrice qui me proposa d’écrire des contes. Des contes ? Il fallut réfléchir. Souvent, les contes renvoient à l’enfance. Ceux dont je suis imprégnée sont intergénérationnels. Raconter ma vallée, son art de vivre, les traditions qui nous animent, l’essence de nos coutumes, de notre langue et la montagne au travers d’histoires merveilleuses me séduisit. Et ce fut le départ de ce projet.
- Je me suis souvenue de mon grand-père, de ses paroles, de ses histoires à la veillée de Noël lorsque le froid si vif de l’hiver nous faisait nous rassembler au coin du feu, quand mijotait la garbure sur le poêle, quand nous faisions les « iròles » qui nous noircissaient les doigts et très souvent le bout du nez pour les plus petits…
Je l’ai senti souvent en écrivant. Ce livre est ma madeleine… Je souhaite qu’il puisse être la vôtre.
Le livre est en français mais, à la maison mes parents parlaient béarnais.
Plus tard, à l’école, j’appris l’Occitan. Ne maitrisant parfaitement ni l’un ni l’autre, j’ai fait un subtil mélange des deux, une mesclagne qui m’appartient et qui rend encore plus savoureux, je l’espère, les contes. Ils sont situés pour la plupart en vallée d’Ossau afin de faire découvrir la beauté de sites remarquables mais ils peuvent être lus et transportés dans toutes les vallées de montagne parce que nous sommes tous admiratifs de sa beauté millénaire.
Tous les contes sont illustrés pas Dominique Bezard, peintre vivant en Entre- deux-Mers et qui m’a séduite par ces illustrations pleines de magie.
Aujourd’hui, nous assistons à un renouveau des langues dites régionales. Ce livre est très pédagogique car il allie les deux, le français et ma mesclagne, de telle sorte que tous comprennent.
Il s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes par les animaux que l’on rencontre, par l’histoire du pays avec le garfou d’Henri IV, par les lieux historiques magnifiques, comme Peyreget ou les cromlechs du Benou…
Mon souhait principal est de promouvoir sans prétention, notre magnifique vallée d’une part et d’autre part, nous inciter à nous rassembler tous, autour d’histoires.
Il faut garder sans cesse à l’esprit que les contes sont imaginaires mais, les miens… le sont-ils vraiment ?
C’est avec beaucoup de tendresse que je rends hommage par ce livre, à mon grand-père maternel, Pierre Camy qui me fit tant rêver quand j’étais enfant. Camy signifie Chemin en béarnais
- «Sans le savoir pépé, tu m’as montré un très beau chemin et à mon tour je laisse une trace de ce quotidien qui m’émerveille chaque jour.
Lo conte qu'ei com ua vieilha cançon
Cantada per los vielhs autes còps au canton
Més qu'avem desbrombat las paraulas.
Lo conte que s'escota com lo vriulon
Los uelhs barràts
Quan à tot doç aparèishan au printemps las flors
Quan càden en abòr ua à ua las huelhas.
Lo conte qu'ei ua baylina, un saunelh, un plaser de's soviéner quin èram uros etàn petits, tots amàssas, los yoens e los vielhs.
Lo conte qu’ei tanben l’aulor de la garbura qui còs en la sumenéya, las iròles qui hen vàder négres los dits, lo sèr de Nadau quan nevaba avans d’anar entà la missa de mieya-nuèit.
Lo conte qu’ei espiar l’auseron qui vien trucar à la hrièstra entà aver un gormantè.
Los mens contes que son Aussalès, que parlan de la méa terra qui aymi tan e qui un dia e m'ayudè à estar més hòrta.
En la méa vath d'Aussau qu'ei troverat tostemps histoèras de vacas , d’ors, d'aulhas, d'auséths, d’esquéras, d’estélas, de hàdas, laquets, gàbe, e sustot, sustot lo men tan aymat Pic deu Mieydia d'Aussau
e cric e crac lo men conte qu’ei acabat
e crac e cric lo men conte qu’ ei fenit
Le conte c’est comme une vieille chanson
Chantée par les anciens autre fois au coin du feu
Mais nous avons oublié les paroles.
Le conte s’écoute comme le violon
Les yeux fermés
Quand doucement apparaissent au printemps les premières fleurs
Quand tombent en automne une à une les feuilles.
Le conte c’est une caresse, un rêve, un plaisir de se souvenir combien nous étions heureux quand nous étions réunis tous ensemble, les plus jeunes et les plus anciens.
Le conte, c’est aussi l’odeur de la garbure qui mijote dans la cheminée, les châtaignes grillées qui vous noircissent les doigt, ce sont les veillées de Noël quand il neigeait avant de partir à la messe de minuit..
Le conte c’est regarder ce petit oiseau qui vient quémander quelques graines sur le rebord de la fenêtre.
Mes contes sont Ossalois, ils parlent de ma terre que j’aime tant et qui m’aida un jour à devenir plus forte.
Dans ma vallée d’Ossau, vous trouverez toujours des histoires de vaches, d’ours, de brebis, de sonnailles, d’étoiles, de fées, de lacs, de gave et surtout surtout mon tant aimé Pic du Midi d’Ossau
ainsi se terminent les contes béarnais .
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