.... dans l’ambiance coloniale du Soudan français de 1895, cette zone du Sahel où l’armée française paye, aujourd’hui encore, de la vie de ses soldats sa lutte contre le terrorisme.
On y découvre une colonne légère de militaires français et indigènes piégée par l’ennemi – Modi Touré, fils de Samory et ses sofas, musulmans esclavagistes qui sèment la ter-reur parmi les paysans, les tribus nomades et les tirailleurs – dans le village ravagé de Diamé. Les villageois ont trouvé refuge dans la montagne, conduits par la femme du chef.
Celle-ci tremble pour ses fils : Serpent gris envoyé deman-der de l’aide aux Français, Serpent Noir, engagé comme tirailleur, Serpent Blanc sacrifié et Serpent Jaune traître par amour. Chacun jouera sa partition en attendant les secours.
Nulle idéalisation de l’armée dans ce roman d’aventures paru sous forme de feuilleton en 1941. Les officiers souffrent : manque de reconnaissance, d’expérience pour certains, privations, fièvre... Isolés, ils combattent autant l’ennemi invisible que leurs propres fantômes. Les soldats indigènes, à leurs côtés, sont un soutien véritable.
En éclaireur, Bataillons noirs fait écho à Frère d’âme de David Diop. Joseph Peyré y devance le devoir de reconnais-sance revendiqué ces dernières années et insiste, bien avant l’heure, sur le travail de mémoire et de gratitude réciproque, entre la France et l’ancien Soudan.
Joseph Peyré
L’œuvre littéraire et journalistique de Joseph Peyré constitue assurément de nos jours un patrimoine digne d’être inventorié et remis en lumière. Et ceci, non seulement en tant que documents historiques, en tant que mémoire de la présence française en Afrique, et bien évidemment, en tant qu’objet littéraire et culturel.
Joseph Peyré naît en 1892 en pays de Vic-Bilh, à Aydie, village béarnais où son père et sa mère sont instituteurs. Il fait ses études au lycée de Pau (aujourd'hui lycée Louis-Barthou) puis à Paris, où il est l'élève du philosophe Alain en khâgne au lycée Henri-IV, et à Bordeaux : licence de philosophie et doctorat en droit (mention Sciences politiques et économiques). Après une brève carrière d'avocat au Barreau de Pau et de chef de cabinet à la préfecture de Limoges, il se dirige ensuite vers le journalisme avec Georges et Joseph Kessel. C’est alors, à la fin des années vingt, que ce dernier, soutenu par le poète, journaliste et écrivain Francis Carco, pousse Peyré à écrire. Alain avait vu juste, qui avait prédit à son élève une carrière littéraire ! Celle-ci durera près de quarante ans et donnera naissance à plus de quarante quatre ouvrages romans, nouvelle, essais et livres pour enfants.
Visuel extrait de l'affiche du colloque international qui s’est déroulé du 6 décembre 2018 au 7 décembre 2018 à l’occasion du 50e anniversaire de la mort de l’écrivain dans le cadre des commémorations nationales 2018.
Prix Goncourt, 1935, auteur essentiel de la littérature française, son oeuvre souvent récompensée se mesure à celles d'un Hemingway ou d'un Kessel. Elle est l'exemple même de l'imagination au pouvoir. Sa passion pour la haute montagne ou le Sahara assurera sa célébrité et inspirera nombre de vocations. Bataillons noirs vient compléter sa série africaine, aux côtés de L'escadron blanc (1930), couronné par le prix de la Renaissance, et Le chef à l'étoile d'argent (1932)
Source : atlantica.fr/ - wikipedia.org - calenda.org