.... un chantier d’envergure à la fois terrestre et maritime.
Au XIème siècle, la commune de Saint-Jean-de-Luz se développe à l’abri des rochers de Socoa et Sainte-Barbe. L’érosion fait qu’en 1610, les premières maisons de la cité sont détruites. Vauban lors d’une visite en 1686 avait proposé de fermer la rade par deux digues afin d’en faire un port apte à recevoir la marine en cas de tempête. Cette idée sera mise en œuvre à partir de 1783.
Les travaux se poursuivront jusqu’à la Révolution française, qui les arrêtera. Faute d’entretien, inachevées, les digues construites disparaîtront. Napoléon III relance l’idée de Vauban et des études sont réalisées sur les courants, la houle et les marées à l’intérieur de celle-ci. Le projet avait pour but la défense contre la mer de Saint-Jean-de-Luz, de la route et du chemin de fer vers l’Espagne, ainsi que la création dans le Golfe de Gascogne, d’une rade servant de refuge aux navires, et pouvant accueillir au besoin des navires de guerre.
- En 1864, commencent les travaux de la digue de Socoa (390 m de long terminés en 1876)
- En 1872, commencent ceux de l’Artha (255 m de long terminés en 1895)
- En 1878, commencent les travaux de la digue de Sainte-Barbe (180 m de long terminés en 1887)
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En s’appuyant sur les hauts fonds rocheux usés par la houle, les hommes entassent des blocs naturels d’ophite de 20 à 30 m3 jusqu’à créer un soubassement suffisamment stable et élevé pour pouvoir édifier les digues en maçonnerie. Les blocs sont transportés par wagon jusqu’à Socoa où ils sont amarrés à des pontons porte-blocs en bois remorqués par bateau jusqu’aux digues.
Dès la fin du XIXème siècle, il faut protéger les ouvrages et des blocs sont régulièrement mis à l’eau depuis. De l’ordre d’une trentaine par an depuis 1984. Il y a aujourd’hui plus de 20000 blocs immergés autour des digues d’Artha et de Socoa.
Ce sont des blocs de béton à base d’ophite d’un poids de 50 T pour un volume de 20m3 (4 m de long x 2,5 m de profondeur x 2 m de haut) qui sont immergés chaque année. Le système de mise à l’eau est resté le même puisque l’actuel ponton porte-blocs est construit selon les mêmes plans que ceux de l’époque.
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Le process s’articule autour des séquences suivantes :
- Travail des accroches des blocs à la forge pendant l’hiver (les anneaux et cigales)
- Coulage des blocs avec leurs accroches entre octobre et décembre pour l’année suivante
- Numérotation des blocs pour assurer un suivi de leurs mouvements
- Mise à l’eau des blocs
Ce chantier archaïque est aujourd’hui complété par des recherches universitaires qui visent à mieux appréhender les pressions exercées sur les parements des digues par les vagues et donc à améliorer l’entretien de celles-ci.
A côté de cela, les ouvrages maçonnés sont réparés chaque année en régie par les services du Département, parfois avec l’appui d’un hélicoptère pour transporter du béton ou du matériel sur des ouvrages inaccessibles par voie terrestre (digue d’Artha et de Sainte-Barbe).