..... Bilbao et Bayonne où la famille s’est installée à la fin de l’année 1833. Organisée conjointement par le Musée Basque de Bayonne et le Musée Zumalakarregi d’Ormaiztegi, cette exposition bénéficie de prêts publics (médiathèque de Bayonne et plusieurs institutions d’Euskadi, comme le musée San Telmo, le Musée naval et le centre culturel Koldo Mitxelena) et de prêts auprès de collections particulières.
La dernière exposition rétrospective des oeuvres des soeurs Feillet à Bayonne date de 1964. Une présentation par Henri Jeanpierre mettait en exergue « Un peintre romantique bayonnais Hélène Feillet » dans le Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne, n° 105, 4ème trimestre 1964. Le catalogue succinct listait 182 oeuvres exposées dont l’immense majorité était des dessins et des estampes. Seulement douze peintures étaient alors exposées et attribuées à Hélène et aucune à Blanche ; et une seule appartenait aux collections du Musée Basque et de l’histoire de Bayonne.
A l’époque, une erreur d’attribution donnait le portrait de Martin Bastres, curé de Saint-Pierre-d’Irube, à Hélène alors qu’il est signé H. de Mahy. Aujourd’hui, plusieurs des huiles sur toile de l’exposition de 1964, provenant de collections particulières, n’ont pas pu être présentées à nouveau en raison de leur mauvais état ou de leur localisation inconnue. La grande peinture d’Hélène, le Saint Barthélémy de l’église de Jasses que décrit Jeanpierre, n’est pas exposée.
En revanche dix nouvelles huiles sur toile, redécouvertes récemment sont montrées. Ce sont essentiellement des portraits signés par Hélène Feillet, un seul l’étant par Blanche. L’étude stylistique et critique des oeuvres peintes et dessinées non signées oblige souvent à des réattributions entre les deux soeurs.
Les sœurs Hélène Feillet et Blanche Feillet-Hennebutte reçoivent leur formation artistique de leur père Pierre, directeur de l’École de dessin et de peinture de la ville jusqu’à sa mort en 1855. En 1857, Blanche lui succède jusqu’en 1871.
Le milieu du XIXe l’épanouissement artistique des deux jeunes femmes. C’est l’époque où la vieille cité de Bayonne peine à se moderniser et cède la palme de l’innovation et du développement à Biarritz, petit port de pêcheurs devenue ville impériale. Au gré de leurs excursions, les sœurs Feillet, qui dessinent sur le motif, inventent les premières images touristiques du Pays Basque.
L’imprimeur Charles Henry Hennebutte, époux de Blanche, édite des recueils de dessins et des guides de voyage largement illustrés de lithographies des deux sœurs. Ces ouvrages connaissent un réel succès auprès d’une clientèle aisée en villégiature et plaisent aux bourgeois des villes, friands d’histoire locale.
Hélène et Blanche Feillet, pionnières de la peinture dans le Pays Basque du XIXe s.
Exposition temporaire du 6 novembre 2015 au 31 janvier 2016 - Musée Basque et de l’histoire de Bayonne
Si les estampes d’Hélène et Blanche privilégient une image traditionnelle et passéiste du pays et du peuple basques, la modernité n’est cependant pas absente de leur peinture : elle se retrouve dans les portraits qu’elles réalisent pour la société bourgeoise de l’époque. Les recherches menées pour préparer cette exposition ont ainsi démontré que les travaux des sœurs Feillet étaient beaucoup plus étendus et ambitieux que la simple thématique touristique.
Les œuvres exposées et le catalogue mettent en valeur leur travail artistique et enrichit l’analyse des pratiques artistiques féminines dans l’histoire de la peinture.
Biographie
Hélène FEILLET (Paris, 1812 – Biarritz, 1889)
Son premier professeur est son propre père Pierre Feillet qui avait abandonné la carrière militaire pour l’art de la gravure. Mais son vrai maître, à Paris, est le Néerlandais Ary Scheffer qui la forme à la technique du portrait. Avec sa sœur Blanche, Hélène Feillet accompagne son père à Madrid en 1829. Lorsque la famille s’installe à Bayonne en 1834, Hélène continue à travailler pour des revues espagnoles.
Elle fournit cinq planches à la revue la plus emblématique du romantisme espagnol à Madrid, El Artista. Certaines de ses gravures comptent parmi les plus belles et les plus représentatives de l’imagerie romantique ibérique.
Dans les mêmes années 1835 - 1840, à Bayonne, Hélène illustre de six lithographies l’ouvrage de Félix Morel, Bayonne, vues historiques et descriptives.
Ensuite, elle participe activement à l’entreprise de son beau-frère Charles-Henri Hennebutte qui édite les premières images touristiques des deux sœurs. Malgré cette grande activité d’illustrations, Hélène reste peintre avant tout. Elle expose régulièrement au Salon de Paris, dès 1836, et reçoit des commandes pour orner des édifices religieux.
Le succès de ses tableaux lui donne une aisance financière qui lui permet d’acheter en 1851 à son père un terrain jouxtant la Grande Plage à Biarritz et d’y faire construire deux grandes maisons, dont la villa « Feillet ».
Elle acquiert le domaine Daguerre à Brindos sur le territoire d’Anglet où elle réside avec son père.
Elle meurt à Biarritz, le 9 décembre 1889, à son domicile de la villa Léonard, rue de l’Industrie.
Blanche FEILLET (Paris, 1815 – Biarritz, 1886)
Blanche se forme à la peinture et aux arts graphiques auprès de son père Pierre Feillet et de son grand - père Pernotin. Elle suit sa famille à Madrid en 1829 puis à Bayonne en 1834. À la différence de sa sœur, elle peint peu et se consacre plutôt au dessin et à la gravure. Elle expose cependant au Salon de Paris en 1841.
En 1857, elle est nommée directrice de l’École de dessin et de peinture de Bayonne. De plus, elle enseigne le dessin d’ornement à l’Association philomatique de Bayonne. Blanche a épousé Charles-Henry Hennebutte en 1844. Ils habitent à Bayonne, puis à Biarritz.
Charles Hennebutte est l’éditeur des premier s guides touristiques du Pays Basque : Le Guide du voyageur de Bayonne à Saint - Sébastien (1851) et Album des deux frontières (1852). Les textes sont rédigés par Charles et les illustrations lithographiées à partir des dessins de Blanche, parfois complétés par ceux d’Hélène.
Ces publications rencontrent un grand succès et sont plusieurs fois rééditées avec des variantes. C’est une véritable entreprise familiale qui avait commencé avec la Description des environs de Bayonne à la fin des années 1840 à une époque où le tourisme était en train de naître.
L’offre touristique basque de Hennebutte ne comprend pas uniquement les villes de Biarritz et de Saint - Sébastien, lieux de villégiature de la clientèle aristocratique, mais aussi des villes d’industries comme Tolosa, des lieux historiques ou religieux. Côté français, les deux sœurs ne s’aventurent pas beaucoup plus loin que les provin ces du Labourd et de la Basse - Navarre. Cambo-les-Bains est une destination privilégiée.
En plus des représentations de paysages et villages, elles créèrent des illustrations mettant en scène les coutumes et les vêtements des Bayonnais et des Basques de l’é poque.
Blanche Feillet décède le 15 septembre 1886 dans sa villa Berthe, rue du Nord à Biarritz.