A cette époque, la ville est en pleine période de prospérité, et tire toute sa richesse de la mer grâce à la pêche, au commerce et à la Course (les corsaires). Plus tard cette Maison prendra également le nom de Maison Louis XIV, après que le Roi y eut résidé 40 jours en mai et juin 1660. Il venait signer le traité des Pyrénées qui mettait fin à de longues années de guerre avec l’Espagne. Une des clauses de ce traité était le mariage du jeune souverain avec l’Infante Marie-Thérèse.
Cette demeure est construite sur le principe des grandes maisons familiales du Labourd et de Navarre (4 murs porteurs, poutres en châtaigner, galeries ouvertes au sud). L’escalier principal, certainement réalisé par des charpentiers de marine, est également en bois de châtaignier.
Dans la même famille depuis sa construction, la Maison, toujours habitée, a gardé au fil des siècles, tableaux, mobiliers et objets précieux laissés là par les générations successives qui l’ont occupée. On visite le 2ème étage ou étage de Maître, où résida Louis XIV. Cette demeure a fait l'objet d'une restauration en 2010 au niveau dees tourelles et de la façade Louis XIII en pierre (côté place Louis XIV) et des très belles peintures de la 2è poutre du grand salon.
Sous le règne de Louis XIV, avec le retour de la paix avec l’Espagne, la ville de SaintJean-de-Luz va connaître l’apogée de sa prospérité. Celle-ci ne survivra malheureusement pas au changement de siècle.
La fin du règne de Louis XIV est marquée, en effet, par de nombreuses guerres, désastreuses pour le royaume et la ville. De plus, la mer qui avait tout donné, se révèle tout au long du XVIIIe particulièrement cruelle : une série de tempêtes terribles emporte les 2/3 des habitations.
Saint-Jean-de-Luz qui comptait 12 000 habitants à la fin du XVII e siècle, n’en compte plus que 3000 avant la Révolution, et 3 000 encore à la fin du XIXème siècle ; il a fallu la construction des digues (1864-1895) sous Napoléon III, l’essor d’une nouvelle pêche au thon et à la sardine et le développement du tourisme, pour que la ville renoue avec la prospérité.
Henry et Dominique LEREMBOURE propose en 2012, pour les Journées du Patrimoine dont le thème est le "Patrimoine caché", de sortir des vieilles malles de la Maison et d'exposer au public une collection d'habits et notamment de gilets du XVIIème et XVIIIème, trop fragiles pour pouvoir être montrés le reste de l'année.
LE GRAND SALON
Quelques années seulement après son édifi cation, la ville de Saint-Jean-de-Luz choisit, en effet, le terrain situé entre la Maison et le port pour y édifier l’Hôtel de Ville, bouchant ainsi toute la vue aux Lohobiague !
Remarquez cette chaise à porteur du XVIIIe siècle et, le long du mur, deux magnifiques malles en cuir clouté qui servaient aux armateurs à ranger leurs vêtements quand ils embarquaient sur leurs navires.
Aux murs des portraits de famille. Au plafond deux poutres peintes restaurées en 2008 et 2010, sur lesquelles sont représentées des scènes bibliques (Panneau explicatif à gauche avant la porte de la chambre).
LA CUISINE
CHAMBRE
Après le salon de l’armateur nous voici maintenant dans LA GRANDE CHAMBRE, dite chambre du Roi, car c’est ici qu’il dormit, du 8 mai au 10 juin 1660. Le Roi et la Reine nous attendent, encore vêtus des habits de la cérémonie.
Le lit est un lit d’évêque basco-navarrais qui aurait été donné à la famille à cette occasion. De chaque côté du lit, les portraits de Joannis de Lohobiague et de sa femme, Marie-Sol, qui était veuve quand elle reçut le Roi.
Sur la cheminée, vous pouvez voir le portrait de Louis XIV à 22 ans, âge qu’avait le Roi au moment de son mariage. Remarquez près du lit, ce bargueño, secrétaire de voyage espagnol du XVIIe siècle et au centre de la chambre, une amusante table de jeu flamande (XVIIIe ?), dont les pieds, qui ne sont certainement pas d’origine, sont des jambes avec des chaussures à curieux talons rouges.
GALERIE
Passons maintenant dans LA GALERIE qui, orientée au midi, nous offre une vue merveilleuse sur le port, Ciboure, la Rhune et les Trois Couronnes en Espagne. Cette maison comporte deux étages de galeries, autrefois ouvertes au grand air.
Vers 1890, l’arrière grand-père du propriétaire actuel les ferma par des verrières à petits carreaux et un parquet vint recouvrir le sol dallé de pierre : la galerie devint ainsi la pièce la plus agréable de la maison.
En 2008, à l’occasion d’une très importante opération de restauration de la façade sud, ces verrières ont été déposées et de grandes baies d’un seul tenant ont été installées en retrait des colonnes afin d’essayer de rendre aux galeries leur aspect d’origine, de terrasses ouvertes sur l’extérieur.
Au premier plan, s’étendaient autrefois de vastes marécages qui donnèrent son nom à la Ville : Donibane Lohitzun (Saint Jean le marécageux). La maison dut, pour cette raison, être construite sur des pilotis de châtaignier. La mer arrivait à marée haute au niveau du rez-de-chaussée qui formait un quai.
Remarquez le magnifique brasero espagnol du XVIIe où l’on pouvait disposer des braises sur deux étages pour se réchauffer.
LA SALLE A MANGER
La visite se termine par LA SALLE A MANGER : il s’agissait très probablement, à l’origine, du cabinet de travail de l’armateur. Les « salles à manger » n’existaient pas. L’accès direct à l’escalier, permettait de recevoir capitaines et marchands sans avoir à traverser le reste de la Maison. Les boiseries ont été peintes plus tard, au XIXème siècle.Leur décoration évoque des scènes de vie locale et notamment de chasse à la baleine pour laquelle les bateaux remontaient à cette époque jusqu’au Spitzberg et Terre-Neuve.
Admirez dans la vitrine, un service en vermeil, que la tradition familiale rapporte comme étant le cadeau du Roi à Marie Sol de Lohobiague ; il pourrait s’agir d’un service à chocolat.